EELV dénonce la violente répression qui a suivi les manifestations d’opposants, paysans, communautés indigènes, associatifs, écologistes, contre le lancement des travaux du canal inter-océanique visant à doubler et concurrencer le canal de Panama. Ces répressions ont fait des blessé-es et on déplore des séquestrations et des emprisonnements sur fond d’accusations de tortures.
Ce projet pharaonique, d’un coût certainement sous-évalué de 50 milliards de dollars (soit déjà 5 fois le PIB nicaraguayen), menace gravement les populations, l’éco-système et les institutions mêmes du pays.
30 000 ruraux doivent être expulsés sans ménagement ni compensation dans les semaines qui viennent. Certains de ces habitants se disent prêts à prendre les armes pour se défendre.
En matière d’environnement, aucune étude n’a encore été diligentée mais l’impact destructeur est évident avec une longueur de 278 Kms prévus dans une nature tropical fragile (400 000hectares de terre humide) traversant 2 réserves naturelles protégées et entrainant la disparition de 22 espèces migratoires. Ce canal met en danger le lac Cocibolca, 2ème plus grand lac d’Amérique Latine (8000 Km2) avec des conséquences irréparables : assèchement du fleuve qui y conduit, salinisation de l’eau, pollutions importantes dues aux travaux. C’est la plus grosse réserve d’eau potable de la région qui va disparaitre, une réserve hydrique indispensable à la survie des populations.
EELV dénonce un véritable crime écologique à venir pour un canal dont on n’est même pas sûr qu’il fonctionne un jour. D’après les spécialistes, la spécificité du lac, doté d’un courant en spirales qui le remplit régulièrement de sédiments, rend titanesque son entretien. Et le rend peu concurrentiel face à l’élargissement annoncé du Canal de Panama.
Enfin ce canal n’est en rien un moyen de sortir de la pauvreté : l’entreprise chinoise (HKND) en charge des travaux, établie aux îles Caïman et qui ne dit toujours pas d’où proviennent ses capitaux, a obtenu une concession de 50 ans renouvelable qui revient à remettre en cause la souveraineté du pays sur un vaste territoire, l’exonérant d’impôts et de toute législation nationale ou internationale.
EELV s’associe à l’opposition au projet qui demande :
· la libération des manifestants prisonniers ;
· la fin de la répression,
· l’abrogation de la loi autorisant le percement du canal,
· l’annulation des contrats l’accompagnant.
EELV rappelle l’absolue nécessité d’une transition énergétique et écologique qui rendra obsolète ce canal avant même qu’il ne soit achevé.
EELV s’inquiète de la disparition d’une réserve importante d’eau potable, alors que cette ressource vitale tend à s’amenuiser.
A l’heure où tout doit être fait pour lutter contre le réchauffement climatique, EELV condamne la destruction de l’éco-système d’un si vaste territoire, qui ne peut que l’amplifier.
Pour EELV, la suspension de grands travaux de ce type doit être posée lors de la Cop 21 de Paris. Il est nécessaire de remettre en cause un modèle de développement international inégalitaire et prédateur. Au contraire, des projets de substitution ou compensations qui répondent aux préoccupations des populations doivent être envisagés et soutenus par des mesures de redistribution internationale, grâce notamment à la notion de dette écologique.
Julien Bayou et Sandrine Rousseau, porte-parole nationaux