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Discours de Cécile Duflot au Conseil fédéral du 7 mai 2012

I – La victoire de François Hollande est une chance pour la France et pour l’écologie

1 – Une certaine émotion à s’être réveillée dans une France nouvelle. Une certaine émotion en pensant à toutes les générations pour qui ce changement à un sens.

A la génération qui n’a jamais connue la gauche aux responsabilités et qui a commencé à s’engager au soir d’un triste 21 Avril.

A la génération qui, comme moi, a grandi avec une gauche qui avaient conquis tous les pouvoirs, mais n’en laissait plus que son cortège de petites trahisons, de faciles déceptions et de trop grandes désillusions.

A la génération qui depuis des décennies a mené les combats pour réussir de belles victoires, celle d’il y a 25 ans comme celle d’aujourd’hui.

Au fond deux voies étaient possibles :

Soit :

La poursuite de la division, de l »opposition des citoyens entre eux, du  repli du pays sur lui-même, la fuite en avant dans la xénophobie. Le délitement du lien social , l’explosion de la grande pauvreté, le démantèlement du salariat et de la protection sociale, l’explosion de la précarité ..La fuite en avant productiviste, nucléariste, un boulevard ouvert devant les lobbies de l’eau , de l’agriculture intensive , des autoroutes Un mode de gouvernement autoritaire ..Bref une société clivée, morcelée, poussée à la violence et aux pires extrémismes  Il n’y a qu’a voir à quel désespoir poussent les politiques d’austérité dans les pays comme la Grèce, la montée des populismes en Europe..

Soit : un coup d’arrêt à cela , la tentative d’une autre voie, moins facile , moins démagogique, plus réconciliatrice, plus pacificatrice, plus ouverte..  

2 – La fierté des écologistes à avoir apporté leur pierre à la victoire hier.

La campagne des présidentielles fut ardue pour les écologistes et il nous faudra en tirer pleinement le bilan. Mais dès maintenant, il me semble essentiel de dire deux choses. Certes, le résultat nous a déçu, mais je reste convaincue que cette campagne a été utile.

Chère Eva, je voudrais te remercier ici solenellement au nom de tous les écologistes, tu as su porter avec un courage admirable la parole de l’écologie, dans une campagne qui ne voulait pas l’être. Rien ne t’a été laissé, rien ne t’a été aidé, mais sache qu’aujourd’hui les écologistes sont fiers d’avoir fait ta campagne à l’élection présidentielle.

Tu as su imprimer un style qui marquera : la simplicité, l’honnêteté,la volonté..

Mais, avec toi, les écologistes sont aussi fiers d’avoir su prendre leurs responsabilités, en appellant sans hésiter à voter pour François Hollande et à avoir contribué à sa campagne de second tour, avec toi Eva. Il n’y a pas de victoire des écologistes sans victoire de la gauche hier soir. Il n’y a pas de victoire de la gauche, sans la voix des écologistes.

3 – Nous abordons les cinq années qui viennent munis d’une espérance lucide.

L’accession de François Hollande à la Présidence de la République est une chance pour la France et une chance pour les écologistes. C’est une chance pour la cohésion sociale, pour la démocratie et pour l’écologie.

C’est une opportunité, des possibles qui s’ouvrent,.

 Pour la cohésion sociale réduire les inégalités fiscales et mobiliser le pays  autour d’un grand effort pour l’emploi, le logement, l’éducation, la santé, l’égalité des territoires. 

 Pour la démocratie: favoriser un fonctionnement plus équilibré de nos institutions, une plus grande indépendance  de  la justice, de la presse et de l’administration, ouvrir la voie à l’établissement d’une part de proportionnelle à toutes les élections et au droit de votre des résidents étrangers aux élections locales.

 Pour l’écologie: relancer la mobilisation pour la transition écologique, la lutte contre le changement climatique, la réduction de la part du nucléaire la préservation de la biodiversité et de nos espaces naturels, l’action contre les pollutions de l’air du sol et des eaux, une agriculture paysanne et une alimentation de qualité.

II – Je vous appelle à une mobilisation générale pour donner une énergie nouvelle au changement

1 – Une mobilisation générale pour battre la droite et l’extrême-droite, qui n’a pas dit son dernier mot

L’ivresse d’hier soir ne doit pas nous laisser nous reposer sur les lauriers d’une première victoire. Dès ce matin, les leaders de l’UMP et du Front National sont repartis en campagne. La victoire d’hier fut serré et nous avons une responsabilité particulière à réussir les élections législatives.

Le score du Front National n’est pas un accident de l’histoire ou une rupture momentannée, nous avons aujourd’hui le devoir de redonner du sens à l’action et au courage politique. Nous ne devons pas oublier qu’il avait commencé à apparaître dès les élections cantonales. Notre détermination doit être totale pour empêcher le Front National de conquérir de nouveaux bastions.

Nous ne devons pas oublier non plus que c’est sur les valeurs du mépris et de la haine que la droite a fait son résultat d’hier.

Chers amis, je vous appelle à la mobilisation générale parce que le résultat des élections législatives n’est pas acquis et n’est pas gagné d’avance.

Je vous appelle aussi à la responsabilité car pour la première fois dans notre histoire les écologistes ont la possibilité de faire élire un groupe parlementaire à l’Assemblée Nationale. Après nos amis allemands, belges ou italiens, nous pouvons faire passer un nouveau cap à l’écologie politique et à al mettre à l’épreuve des responsabilités.

2 – Les écologistes sont là pour donner une énergie nouvelle au changement

Notre pays a besoin que les écologistes soient rassemblées, soit audacieux et dynamiques pour faire entendre notre voix.

La campagne des écologistes aura un sens et une volonté : donner une énergie nouvelle au changement.

Une énergie nouvelle pour faire entendre qu’un autre style de politique est possible qui repose sur le passage de témoins, la diversité des expériences et des générations. Une nouvelle pratique politique basée sur des principes forts le non-cumul des mandats et la parité.

Une énergie nouvelle pour des politiques nouvelles, car qui d’autres que nous pourra faire raisonner à l’Assemblée, l’audace de nouvelles politiques pour la transition énergétique, pour la justice sociale, pour la République exemplaire ?

Une énergie nouvelle parce que pendant cinq ans nous serons assurés et déterminés à faire que le changement ne soit pas simplement un slogan, mais une volonté renouvelé tous les jours.

Il y a beaucoup trop à faire pour se réfugier derrière les excuses qui nous feront faire trop peu ou trop tard.

Il ne nous suffira pas d’un soir pour effacer les causes et les motifs qui ont fait le 21 Avril 2002, il y a 10 ans. Nous avons une responsabilité historique à ne pas décevoir, à ne pas piétenir l’espoir et à ne pas nous réfugier dans l’idée que tout aura déjà été fait ou que l’on ne pourrait rien faire. Le gouvernement qui vient doit être celui de l’audace et du changement.

3 – Passer à une écologie de l’action et de la responsabilité

Nous allons avoir ces jours un débat sur la participation gouvernementale. Chers amis, c’est vous le Conseil Fédéral qui en prendrez ou non la décision en conscience.

Mais d’ors et déjà, permettez moi de vous proposer un cap et un chemin. 2012 doit être aussi une année nouvelle, une année de changement pour l’écologie politique.

Je suis entrée à la direction des Verts il y a 10 ans quelques mois après le 21 Avril 2002. Nous avons connu depuis quelques échecs et de belles victoires.

Je garde en mémoire pour toujours notre victoire du 7 Juin 2009, et ses suites aux élections régionales.

Avec la même volonté de rassemblement, il nous faut désormais faire place à un nouveau style, à nouvelle marque, à une nouvelle de l’action pour les écologistes.

Je vous invite à faire le choix d’une écologie de l’action. Une écologie qui ne se réfugie pas derrière les mots d’ordres alors qu’elle doit faire face à ses responsabilités. Une écologie qui fait de l’urgence non pas juste un slogan mais un principe de conduite.

Ne jouons pas la défaite dans 5 ans car ce qui ramasserait la mise, ce serait la droite de la droite. Jouons le succès set montrons que nous sommes un élément de ce succès, que l’écologie est une réponse d’avenir aux crises et aux difficultés du quotidien.

Alors nous ne cherchons pas le pouvoir pour le pouvoir . Nous voulons mettre l’écologie au pouvoir, pour transformer le pouvoir.

Je ne veux pas ici nous bercer d’illusions.

L’épreuve ne sera pas aisée, elle sera même souvent incertaine. Nous aurons nos doutes et nous ferons des erreurs.

Mais quelle étrange conception de l’action politique nous aurions, si au moment, ou après avoir négocié un accord, avoir participé à un changement qui ne s’est pas produit des décennies, au moment de décider nous faisions le choix de nous détourner de nos responsabilités !

Alors devons nous y aller à reculons, voire même par obligation ? En aucun cas !

C’est une écologie de conquêtes et de victoires que nous devons batir.

Une écologie qui ne considére pas le compromis comme une compromission, mais qui ne reculera devant aucune des exigences que la planète nous impose.

Une écologie qui saura convaincre que dans les luttes que nous menons depuis des années nous avons raison contre la fracturation hydraulique, les forages en Mer Méditerrannée ou contre les autoroutes, mais qui saura aussi que la politique ne relève pas que du symbole.

Cette écologie ce n’est pas une aventure individuelle, ce n’est pas l’affaire d’une carrière. Oh je ne suis pas sourde aux critiques maintes fois renouvelées à mon égard dans la période. Elles ne me surprennent pas. En dix ans, j’ai pu observer que les femmes en politique ont toujours les mêmes défauts : soit trop inconstantes, soit trop ambitieuses. Mais rassurez vous l’enjeu qui est le notre n’est pas une affaire personnelle.

Car l’écologie d’action et de responsabilité ne sera jamais l’affaire d’un seul ou d’une seule. Elle ne se jouera pas seulement dans les arrières cours ministérielles, ni même sur les bancs du Parlement. C’est à l’ensemble de notre mouvement de se saisir de cette opportunité.

Refusons l’idée que dans notre mouvement il y aura demain d’un côté les sachants et de l’autre les ignares ; d’un côté les experts et de l’autre les myopes. Le saut d’espoir et de qualité ce n’est pas une question individuelle, c’est à chacun et chacune d’entre nous dans nos régions, ici dans cette salle et à toutes celles et ceux qui demain nous rejoindrons qui en porterons la responsabilité.

Je veux vous inviter à un nouveau pacte des écologistes, à un nouveau rassemblement des écologistes, celui qui sera capable de faire le sursaut nécessaire pour être à la hauteur de ses responsabilités. Celui d’un mouvement qui ne se taira jamais et aura toujours toutes les audaces.

Une écologie fière, une écologie autonome, une écologie qui ne renonce pas mais qui fera dès demain que l’écologie sera aussi celle des victoires et des conquêtes. Ce pari nous pouvons le faire ensemble, je veux le faire avec vous.

Depuis maintenant dix ans à la direction de notre mouvement, depuis maintenant six ans comme Secrétaire Nationale, j’ai eu la joie et l’immense bonheur de conduire les écologistes dans les belles aventures, comme dans les plus douloureuses.

J’ai peu de regrets et une immense fierté. C’est un beau mouvement qu’est le notre. Je ne connais pas de plus belle couleur que le vert de l’espoir et de plus jolie nom que celui d’écologie.

Aujourd’hui c’est à vous décider, c’est à vous de choisir notre place celle que nous occuperons et que nous semerons dans les cinq années à venir.

Je vous fais confiance.

Je vous remercie.

Une réflexion au sujet de “Discours de Cécile Duflot au Conseil fédéral du 7 mai 2012

  1. encore une fois Cécile, tu sais trouver les mots justes, entre nécessaire utopie et pragmatisme actif.
    je ne sais pas encore si tu seras ministre (je n’en doute pas) mais je forme des voeux pour que ce poste fasse avancer l’écologie politique et que tu n’y laisse pas trop de plumes (à titre politique comme à titre personnel).
    à mon tout petit niveau, je poursuis le chemin (conseiller municipal depuis deux mandats, je suis chez les Verts depuis leur création, avec qqs interruptions momentanées) et j’essaie de concilier cette utopie réaliste qui est la nôtre avec la necessité de travailler sur le long terme.

    bien amicalement

    Christophe

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