Le Livre Blanc de la Défense pouvait être l’occasion, dans un contexte de réduction des déficits publics, d’une remise à plat de la politique de défense de la France, sans faire l’économie d’un véritable débat sur la stratégie de défense de notre pays et le choix des moyens mis en œuvre pour soutenir cette stratégie.
Cela n’a pas été le cas. Les grandes questions posées à notre pays – stratégie européenne de défense, maintien ou non de la dissuasion nucléaire, Opérations Extérieures… – n’ont, de fait, guère été posées.
Sur le fond, le Livre blanc se borne à une définition datée des risques stratégiques, négligeant les risques liés aux conflits pour le contrôle des ressources ou ceux nés des dérèglements écologiques et climatiques à l’échelle du globe.
Il néglige par ailleurs l’indissolubilité du lien entre les intérêts nationaux de la France et ceux de nos partenaires européens. Ses orientations ne s’inscrivent pas dans la perspective d’une défense européenne, fondée sur une communauté d’intérêts et une vision commune, la complémentarité des forces et la mutualisation des moyens notamment dans les domaines industriels, de la formation, du renseignement et du traitement des nouvelles menaces liées à l’espace et au cyberespace.
Le Livre blanc maintient le dogme de la dissuasion nucléaire, pourtant de plus en plus ouvertement remis en cause, très au-delà des seuls écologistes. On ne peut, dès lors, que regretter vivement que la commission du Livre blanc n’ait pas jugé utile d’auditionner une délégation de parlementaires et de responsables écologistes. S’agissant d’économies budgétaires, Europe Écologie Les Verts rappelle par exemple que l’abandon des seuls objectifs annuels de modernisation de la force de frappe permettrait au contribuable français d’économiser chaque année, sur le budget de la Défense nationale, plus d’1 milliard d’euros (Md €).
EELV rappelle son engagement en faveur de l’abandon des armes nucléaires dans le monde, et dans un premier temps d’une réduction des arsenaux existants dans le cadre d’une relance du processus de négociation internationale en faveur d’un monde sans armes nucléaires.
Le débat autour de la loi de programmation militaire 2014/2019 devra être l’occasion de revisiter les orientations stratégiques de la politique de Défense. En l’état, les orientations proposées ne sauraient constituer, pour les écologistes, autre chose que la poursuite – coûteuse malgré tout – d’une doctrine inadaptée aux enjeux stratégiques d’aujourd’hui.
Jean-Philippe Magnen, Elise Lowy, porte-parole