Suite aux déclarations de M. Proglio concernant les emplois menacés en cas de sortie ou de réduction du parc électronucléaire français, l’Union des Industries utilisatrices de l’Energie (UNIDEN) s’invite également à la surenchère. Selon un communiqué publié le 23 novembre 2011, le nombre d’emplois menacés en cas de réduction de la part du nucléaire dans la production d’électricité ne serait plus de 500.000 mais bien deux millions dans l’industrie française.
« Deux millions d’emplois détruits » : manipulation de chiffres et surenchère.
L’UNIDEN insiste sur l’importance du prix de l’électricité pour l’activité de ses membres, précisant que « le prix de l’électricité peut représenter jusqu’à 70% du coût de revient ». Nous notons d’abord l’inconsistance des propos de l’UNIDEN qui précisait dans son communiqué précédent du 9 novembre 2011 que l’électricité pouvait « représenter jusqu’à 40% du coût de revient ». Ceci est la preuve directe d’une surenchère de plus en plus osée pour préserver les intérêts du lobby nucléaire.
Le chiffre de deux millions d’emplois menacés par la sortie du nucléaire relève d’une manipulation des chiffres, sans aucun lien avec la réalité. L’UNIDEN compte ainsi 600.000 emplois directs dans les secteurs électro-intensifs (métallurgie, chimie, verre, papier) et y ajoute 1,4 millions d’emplois indirects et induits. Afin de gonfler ses chiffres sur les emplois menacés, l’UNIDEN confond les emplois indirects et induits : ceux des sous-traitants et ceux liés aux dépenses des employés. Le raisonnement fausse le débat. En effet, aucune étude sérieuse ne montre que l’augmentation du prix de l’énergie aboutira à la destruction des emplois induits.
D’autres sources plus rigoureuses situent le nombre d’emplois menacés par la transition énergétique d’ici à 2020 à 240.000. A l’opposé, le nombre d’emplois créés par cette même transition énergétique serait de l’ordre de 680 000, soit un gain net considérable.
L’UNIDEN brandit de manière alarmante la menace de la délocalisation des secteurs électro-intensifs, tout en oubliant que ceux-ci ne sont en grande partie pas, ou difficilement, délocalisables. Ceci pour des raisons de sécurité (chlore et autres secteurs chimiques), de production intégrée et de coût du transport (ciment, entre autres).
Le prix de l’électricité augmentera de 40% avec ou sans sortie du nucléaire.
Enfin, l’UNIDEN fait preuve d’une vision très partielle en limitant la compétitivité industrielle au prix de l’électricité, qui augmentera de toute manière d’au moins 40% pour les professionnels selon les dires de l’UFE4. Or, d’autres pays, à l’instar de l’Allemagne démontrent que la compétitivité industrielle n’est pas une question exclusivement liée au prix de l’électricité, mais d’innovation et d’organisation du tissu industriel. Il convient de rappeler que, d’après l’OCDE5, malgré un prix de l’électricité plus élevé, les emplois électro intensifs sont bien plus nombreux en Allemagne qu’en France : 2,1 fois plus d’emplois dans le papier, 3,7 dans la chimie hors pharmacie, 2,5 dans l’acier, 3,9 dans les métaux non ferreux…
Les gains d’efficacité énergétique comme outil de compétitivité.
Ainsi, pour EELV, ce ne pourrait être une électricité moins chère qui sauverait la compétitivité de l’industrie française dans un environnement hautement concurrentiel. Il faut au contraire miser sur l’innovation dans les process, l’efficacité énergétique de la production et la création d’opportunités dans de nouveaux secteurs émergents. EELV dispose d’une étude selon laquelle, à l’horizon en 2020, l’industrie française pourrait réduire sa consommation d’électricité de 12% et sa consommation de chaleur de 20%, avec des solutions parfaitement rentables. A long terme, le potentiel est de 30% pour l’électricité et 46% pour la chaleur, en recourant à des solutions techniques déjà existantes avec un temps de retour limité ou encore le recyclage des matières premières.
Au lieu de tirer le tissu industriel vers le moins disant, EELV appelle l’UNIDEN à se concentrer sur les vraies solutions d’avenir : efficacité et process du futur.
8 réflexions au sujet de “Déclarations de l’UNIDEN sur les emplois liés au nucléaire”
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Le commentaire d’EELV sur le communiqué de l’UNIDEN appelle un certain nombre de précisions factuelles dont nous espérons que vous les publierez.
L’UNIDEN n’a pas parlé de « Deux millions d’emplois détruits », mais de « 150 000 emplois clairement menacés à court-terme » et de « près de 2 millions d’emplois fragilisés à terme. » La nuance est importante.
La méthode des emplois indirects et induits est éprouvée, pratiquée notamment par l’INSEE quand il est sollicité, en cas de restructuration industrielle, pour des études d’impact territorial sur un bassin d’emploi. L’ordre de grandeur de nos chiffres est le bon : d’ailleurs, ils s’inscrivent dans la tendance observée depuis le début des années 2000 : 700 000 emplois industriels directs ont été détruits. Un dérapage des prix de l’électricité ne ferait qu’aggraver la fragilité du secteur beaucoup plus rapidement.
Les secteurs électro-intensifs ne seraient pas ou difficilement délocalisables ? L’aluminium, l’acier, et le chlore, etc. le sont bien. L’exemple du chlore est éclairant : certes, il ne se transporte pas. Donc sa production sera délocalisée, l’électricité représentant 70% de son coût de revient (c’est bien le chiffre), et on ne le transportera pas : on le transformera sur place ! Les produits transformés, intermédiaires ou non, se transportent facilement. La France aura donc perdu et les usines de production de chlore, et les usines de transformation.
L’UNIDEN ne limite pas la compétitivité industrielle au prix de l’énergie, mais relève que c’est l’un des tout derniers facteurs de compétitivité de la France à l’échelle européenne. Manions-le avec précaution !
L’industrie allemande évolue dans un contexte énergétique différent, notamment parce que les industriels ont historiquement développé leur propre production électrique et parce que des mesures publiques ont permis d’atténuer le coût élevé de l’électricité pour les industries. En revanche, le contenu carbone de cette production électrique est bien plus élevé. En France, l’industrie a participé à l’effort de construction du parc nucléaire et du système électrique, justement pour bénéficier à long terme de prix maîtrisés et prévisibles.
Enfin, l’efficacité énergétique est intégrée depuis longtemps par les industries électro-intensives françaises, bien plus avancées que les autres secteurs. A tel point que les usines électro-intensives françaises font figure de modèle en matière de baisse des émissions de CO2, en Europe et dans le monde : quand l’électricité représente 40 ou 70% de votre coût de revient, c’est une puissante incitation à développer des process efficaces !
En revanche, si les productions électro-intensives disparaissent, la France ne pourra pas développer de nouvelles technologies encore plus économes en énergie et donc développer les industries du futur, et les mêmes productions faites ailleurs émettront plus de CO2…
le psychique est électrique ! La majorité au pouvoir tente une refondation de sa pertinence en avançant une corrélation à l’énergie nucléaire, son coût ; c’est comme se poser la question du prix de la politique du gouvernement depuis cinq ans malgré le fait que rien n’ai été fait ?! Elle pose l’emblème, invite à une réflexion sans soutenir la totale vérité concernant le coût de l’énergie nucléaire sans conjugaison avec d’autres initiatives. L’argumentation UMP est juste un point de vu qui caractérise la rupture d’un modèle avec l’univers social et son lien avec l’univers individuel ; bref le fiasco du particularisme Français !! Quelle austérité le conservatisme. Ne sommes nous pas proche de confirmer que l’univers est en fait multivers et que ce nouveau mis à jour doit alimenter un renouveau technologique qui fait défaut au pays. La croissance de la recherche passe donc par une inflation de l’énergie. C’est comme stresser un petit animal non pas pour qu’il s’ajuste seulement au réel mais pour qu’il invente une solution : c’est toute l’importance de la fiction et du lien entre imaginaire et symbolique. C’est juste appliquer les théorèmes de l’économie ou lever une résistance à l’économie psychique pour que la vie retrouve un intérêt à la construction du collectif. Sarkozy, c’est un peu comme Bush et sa croyance en la fin du monde.
non non et non au nucleaire;jamais plus!
et combien d emplois créés avec l eolien,tous les enciens moulins a eau abandonnés depuis 50 ans?et il y en a chez nous! a suivre,je vous dis qu ils sont fous!
le commentaire d’alexandre qui se veut raisonnable semble oublier un point essentiel du débat : lorsque l’on compare entre sortie et maintien dans le nucléaire, il faut regarder d’un côté les emplois détruits et de l’autre les emplois créés par la reconversion dans les énergies renouvelables. Et sur ce point, toutes les études sérieuses indiquent une création nette d’emplois en cas de sortie du nucléaire.
D’autre part, le coût de l’électricité nucléaire en France est artificiellement sous-évalué, car il ne comptabilise pas le coût du démantèlement des centrales et celui du traitement des déchets radioactifs !
alors, entre gens raisonnables, si on commençait par mettre tous les aspects du dossier sur la table, on se rendrait vite compte que les arguments du lobbie nucléaire ne sont que de la poudre aux yeux destinée à sauvegarder les intérêts d’ EDF, d’AREVA et du CEA, tous très bien introduits auprès des décideurs politiques !
Les emplois que créerait les énergies vertes, ils ne vous en parleront jamais, c’est leur but continuez d’égarer les gens pour maintenir ce système en place le plus longtemps possible car cela pèse grandement en leur faveur, notamment financièrement, car les gens sont obligés de payer ces énergies produites loin et qui demande un entretien et un coût de plus en plus important.
Ils gardent le contrôle et préservent leurs emplois parce que reformez une personne dans un autre secteur ou dans le démantèlement ça coûte trop cher, c’est gênant pour les Grands patrons, les salariés ainsi que pour la note énergétique des français qui serait alors encore de plus en plus salée; la vérité est là, il faut quitter tous ces systèmes et ces gens au plus vite en devenant autonome en énergie renouvelable, c’est la seule alternative qui pourra marcher.
C’est le cercle vicieux emplois, financement, prix, argent, coût, entretien, réorganisation, qui bloque toutes les avancées.
Vous avez été enfermé dans un système odieux depuis l’arrivée de ces énergies. 🙁
Super la création nette d’emplois et comment on paie? Figurez-vous que des emplois ça ce sort pas de terre comme les plantes. Ca doit se financer. Comment imaginer de financer le développement de cette filière autrement que par de la dépense publique supplémentaire, donc des impôts.
Des investissements privés me direz-vous? Je vois difficilement un investisseur rationnel se lancer dans la production d’énergie vertes pas du tout rentables, cycliques et chères et qui engendreraient indirectement de la pollution. En effet, il faudrait compenser l’absence de nucléaire par la construction de centrales thermiques au pétrole et au charbon (énergies du futur !), comme l’on fait nos exemplaires amis Allemands.
Pour résumer le message principal qui devrait le plus embêter un Vert à mon sens, c’est: « Sortie du nucléaire = plus de pollution » . Il semble paradoxal de défendre une telle opinion quand on est amoureux de la nature.
A choisir, je préfère garder une énergie peu polluante, peu chère, constante et peu dangereuse (cf. rapport récent de l’IRSN qui stipule que même Fessenheim, est viable). Il semblent que les Vert aient fait leurs une maxime bien française: « Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ».
« A choisir, je préfère garder une énergie peu polluante, peu chère, constante et peu dangereuse (cf. rapport récent de l’IRSN qui stipule que même Fessenheim, est viable). Il semblent que les Vert aient fait leurs une maxime bien française: « Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué »
Le prix des énergies va augmenter de plus en plus (nucléaire, pétrole, gaz), vous êtes toujours dépendant de ces systèmes, vous êtes esclavagisés, alors qu’une fois autonome en énergie, il n’y aurait plus de problème, chaque propriétaire ou copropriétés, oph.., gérant l’entretien de son matériel énergétique renouvelables convenablement au cas par cas pour chaque bâtiment.
Construire des éoliennes ou des panneaux solaires à plus de 300km des villes et acheminer l’electricité par lignes à hautes, moyennes ou basses tension ne changera rien au problème de base,aux coûts,au défigurement des paysages,aux risques, à l’entretien (sans parler des tempêtes, du gel ou de la neige qui pèsera de plus en plus lourd sur l’entretien de ces lignes avec les désordres climatiques qui vont augmenter la fréquence de ces catastrophes), cela ne changera presque rien au réchauffement climatique, cela ne vous coutera encore que plus chère, l’energie doit ètre produite sur place!
Tout le reste n’est que faux débat, lobbyisme, errances et mensonges sur les réalités. 🙂
Vous êtes mal barré.
Devenez autonome en énergie ça va être important au cours du 21ème siècle pour ne pas se retrouver dans une mouise terrible …
PS: Pour que les énergies renouvelables deviennent enfin rentable il faut abaisser leur coûts, pour cela il faut qu’il y ait de plus en plus de personne qui en achète et en installe sinon ça ne changera pas.
Mais les gens sont gagnants sur leur factures énergétiques chaque année puisqu’en devenant autonome ou presque, ils n’ont plus rien à demander à personne et ne subissent plus les lois du marché énergétique global et les décisions prisent dans les hautes sphères énergétiques.
Panneaux solaires, photovoltaïques, biogaz, bois, moulins à eau, éolienne, chez sois ça marche très bien, doublés d’une excellente isolation naturelle et avec une faible consommation électrique pour les appareils ménagers il n’y a plus de problème sauf le coût à l’achat de ces énergies et leur entretien au bout de 30 ans qu’il faut faire (changement des panneaux, du matériel ect..)
Le tout est que cela doit être sur place.
Même les entreprises, les commerces,es fermes, les coopératives, les garages ect.. doivent devenir autonome en énergie dés que possible, cela allégera leur coût financier sur le moyen et le long terme tout en préservant la planète. (quand ceci est possible).
Pour tous les chauffages ce serait déjà réalisable partout, même dans les grandes entreprises ou usines, après concernant la force électrique nécessaire pour faire fonctionner certaines machine je ne saurais pas vous renseigner plus, ne connaissant pas trop les puissances énergétiques et les besoins nécessaires de production et ce que peuvent produire les énergies renouvelables sur place. (voir avec des experts)
Regardez vos factures et n’oubliez pas que ce sera de pire en pire, ce qui aura pour conséquences de faire augmenter encore plus le prix des matières achetés ou produites dans les usines ou les entreprises qui ne seront toujours pas autonome en energie.
Tout est en interaction dans le monde actuel.
J’espère avoir été assez clair. 🙂