Une politique écologiste, au moment où elle entend devenir familière au plus grand nombre, doit afficher des vertus simples : annoncer ses objectifs, décrire une méthode, indiquer par où on se propose de commencer, fixer les priorités et les étapes.
De même pour sortir de la position protestataire, il faut dire dans quelle coalition majoritaire on veut s’inscrire, et comme le changement par en haut ne suffit jamais, esquisser au sein de la société et de l’opinion les alliances qui sont la condition de toute transformation.
Les corollaires de cette simplicité sont tout aussi faciles à énoncer : Bien distinguer entre ses alliés et ses adversaires. trouver avec ses partenaires le bon dosage et le ton juste entre convergences revendiquées et différences assumées, suggérer les voies, procédures et moments démocratiques par lesquels avanceront les consensus et seront tranchés au fur et à mesure les points de dissensus.
C’est exactement ce que nous faisons depuis un an et demi et que nous entendons bien poursuivre.
Nous avons commencé par ouvrir le chantier de notre propre projet : Le document qui viendra devant notre prochain Conseil fédéral, sous titré « Programme d’actions pour les temps qui viennent », décrit ainsi avec précision les grands axes d’une politique écologiste pour la France, dans un cadre européen, forcément européen. . Il signale l’ampleur considérable des changements à opérer et leurs interdépendances, si l’on veut faire prendre à notre pays les tournants qu’implique une issue démocratique et pacifique aux crises que nous traversons.
Qui ne voit dans ce document qui a mobilisé les expertises et les compétences les plus variées, l’expression d’une forte identité des écologistes, évidemment irréductible à aucune des sensibilités traditionnelles de la gauche, qu’elles soient sociales-démocrates, communistes ou populistes souverainistes ?
Mais qui ne voit également que ce projet n’aurait aucun débouché possible s’il ne disait pas clairement dans quelle alliance parlementaire majoritaire il entendait s’inscrire « pour commencer » ?
L’accord conclu avec le parti socialiste est ainsi une condition nécessaire quoiqu’insuffisante pour aller vers les solutions que proposent les écologistes.
Une condition nécessaire, parce qu’il rend possible la défaite du sarkozysme, parce qu’il ouvre aux écologistes, en cas de victoire, la perspective d’ une représentation parlementaire digne de ce nom.. Nécessaire aussi parce qu’il rend possible du même coup l’apparition de brèches majeures dans les systèmes économique, énergétique et institutionnel qui bloquent tout particulièrement notre pays. .Les conservateurs du nucléaire ou de l’agroproductivisme ne s’y sont d’ailleurs pas trompés qui ont déclenché des tirs de barrage massifs et croisés sans précédent contre cet accord.
Mais cette condition est évidemment insuffisante, tant nos partenaires de gauche en général, et les socialistes en particulier restent fortement accoutumés au productivisme, au capitalisme et à la cinquième république.
Il nous appartient donc, tout en faisant vivre une alliance pleinement revendiquée, non seulement de marquer positivement et tranquillement notre différence, mais encore de constituer avec les habitants l’arc des forces qui fera vivre pleinement l’écologie dans l’avenir.
Ce processus, fier et ouvert, porte un nom : la campagne présidentielle d’Eva Joly. Il prendra corps à travers la diffusion du projet pour « vivre mieux » et des priorités qu’en retiendra la candidate, à travers les milliers de réunions pour les présenter dans le pays, à travers les conventions thématiques qui se tiendront pour mettre en débat les propositions des écolos, à travers les confrontations , nécessairement claires et courtoises, qui s’imposent avec nos partenaires.
On comprend donc pourquoi il n’y a plus de temps à perdre en palabres, en ratiocinations et en chicaneries.
Ensemble, en avant toute…
Jacques Archimbaud
Secrétaire national Adjoint d’Europe Ecologie Les Verts