L’annonce d’une année blanche accordée aux intermittent.es du spectacle vivant et enregistré, était nécessaire et attendue par la profession. Le confinement a affecté l’ensemble des acteurs culturels de notre pays, pas seulement parce les lieux culturels ont dû fermer, mais aussi parce que les équipes n’ont pas pu créer et diffuser leurs productions ce printemps.
Cependant, les annonces du Président de la République restent très partielles, alors que des milliers d’emplois et de nombreuses entreprises culturelles sont en péril.
Pendant cette crise sanitaire, nos concitoyen·nes ont tou·tes plus que jamais ressenti l’impérieux besoin d’art et de culture dans leurs vies. Et il faut saluer les pratiques solidaires et créatives des équipes qui ont mis en ligne des ressources artistiques et patrimoniales qui ont éclairé et nourri nos moments de confinement à la maison.
Pourtant, le discours du Président Macron sur le sujet manque singulièrement de vision pour un secteur, la culture, dont le rôle est aussi fondamental dans nos vies.
Bien entendu, l’éducation artistique et culturelle est un chantier important et le retard de la France dans ce domaine doit être comblé ; mais les artistes ne peuvent être considérés comme supplétifs dans une période de grande difficulté de réorganisation des écoles ! Chacun.e sait combien l’intervention artistique et culturelle dans les établissements scolaires nécessite de clarification, de précisions et d’une qualité de coopération entre enseignant.es et équipes culturelles ; cela requiert des moyens sur lesquels le gouvernement ne s’est pas prononcé hier.
Pour assurer le maintien et la survie de la diversité des acteurs culturels, il s’agit maintenant d’accompagner la reprise progressive des activités, la réouverture des lieux culturels et d’entamer une démarche de coopération et d’entraide entre institutions culturelles publiques ou parapubliques et organisations privées. Une vigilance particulière doit être exercée afin de soutenir les artistes plasticiens, les designers, les auteurs, les médiateurs et les intermittent.es du spectacle, c’est-à-dire les artistes et acteurs culturels qui n’ont pas de lieux et sont dépendants des commandes : ce sont les plus vulnérables et les plus affecté.es par la crise. Les écologistes sont particulièrement inquiét·es pour les organisations dont le modèle économique repose sur les recettes propres, le mécénat et la billetterie. Organisateurs de festivals – petits et grands, réseaux d’éducation populaire notamment MJC, libraires, salles de cinéma indépendantes, équipes artistiques indépendantes, petits lieux culturels (scènes découvertes, musées associatifs) intervenant notamment dans les quartiers populaires, sont des acteurs essentiels à la diversité du tissu culturel local.
Les écologistes sont également surpris du manque d’attention accordée hier, par le Président, au dialogue avec les collectivités territoriales, tout premiers partenaires financeurs de la culture en France. C’est au niveau local que la vie culturelle s’organise et que les écosystèmes se confortent. L’État a donc, avant tout, le devoir de soutenir notamment les communes dans leurs efforts.
Les écologistes appellent pour la culture, à un plan d’urgence doté de moyens suffisants. L’Allemagne a décidé de consacrer 50 milliards d’aides au secteur culturel, sur son plan de 1100 milliards. Roosevelt lors de la crise 1929 a inséré un énorme volet culturel à son « new deal »… Les moyens apportés par le gouvernement doivent être à la hauteur de l’enjeu. Dans cette période de confinement ou plus que jamais les grandes multinationales du numérique, les GAFAM, captent les outils du lien social et de la diffusion de la culture, il est temps de contraindre ces acteurs à participer à l’effort collectif, et particulièrement au financement de ce plan. Ce dont nous avons besoin c’est d’un « green new deal culturel ».
Les écologistes appellent également à des mesures précises pour que la vie culturelle reprenne dans de bonnes conditions de protection sanitaire, autorisant la réouverture progressive des lieux et des petites formes d’intervention culturelle dans l’espace public dès le mois de juin. Nos concitoyen·nes en ont particulièrement besoin dans cette période anxiogène.
Nos premières propositions :
Certaines activités ou types de rassemblements sont moins impactants que d’autres et la réouverture de certains lieux, dans des conditions de sécurité et de garanties sanitaires est possible. Nous proposons donc un plan de reprise progressive à partir de la mi-mai, avec le maintien des gestes barrières et les mesures de sécurité déjà prises dans le secteur commercial :
- réouverture des bibliothèques et médiathèques pour le prêt de documents ;
- programmation en extérieur dans l’espace public de spectacles de petite forme (3 ou 4 artistes) et de petite jauge (moins de 100 personnes) avec toutes les précautions nécessaires ;
- réouverture de musées, galeries et centres d’art (avec maintien des distances entre les personnes) ;
- réouverture avec mesures sanitaires adaptées des lieux de formations et de pratiques artistiques, écoles de musiques, conservatoires, MJC et autres centres socioculturels, pour certaines activités.
En fonction des résultats de cette reprise partielle de l’activité, une reprise plus générale pourrait s’engager progressivement dans le courant de l’été pour un retour à la normale à l’automne.