Presque une dizaine d’années d’atermoiements, de dissimulations et de non dits s’est écoulée pour aboutir au résultat que le couvercle et le fond de cuve de la centrale nucléaire EPR en construction à Flamanville, pièces dont la qualité de fabrication est essentielle pour la sûreté du réacteur, ne sont pas conformes. Le respect de la réglementation devrait conduire à la non-utilisation de ces pièces et à leur remplacement avant exploitation.
Cette non-conformité est alarmante : rappelons que les cuves des réacteurs jouent un rôle crucial dans le confinement des centrales électronucléaires. Elles abritent la fission contrôlée de l’uranium dans une eau sous haute pression. Une fissure ou une rupture brutale de la calotte du fond pourrait conduire à un accident majeur difficilement maîtrisable. L’explosion de la calotte entraînerait des rejets de radioactivité dans l’atmosphère, avec pour conséquence des dommages incalculables. Les événements tragiques de Three Miles Islands, Tchernobyl, Fukushima, sont des preuves terribles des conséquences de court et long terme de tels rejets de radioactivité.
En 2015 déjà, les résultats communiqués quant à la sûreté de la cuve s’étaient révélés désastreux. Ainsi, la résilience de la cuve se limite par endroits à 36 joules et en moyenne à 52 joules. La réglementation en impose un minimum de 60. Le fait qu’il y ait une concentration en carbone un peu trop importante dans certaines pièces des centrales nucléaires, et notamment dans la cuve, les rend à la fois plus dures et plus fragiles. Or, alors que la teneur en carbone n’aurait pas dû dépasser 0,22 %, celle mesurée par Areva était par endroits de 0,30 %.
Cela est la preuve que l’acier n’est pas conforme à la norme et ne pourrait résister à de fortes pressions.
Dans ces conditions, la mise en service de la cuve de l’EPR de Flamanville, souffrant de carences techniques et organisationnelles, ne peut et ne doit pas être autorisée. Les intérêts économiques de l’industrie nucléaire ne peuvent prendre le pas sur la sécurité et le bien être de la population.
Les échecs rencontrés par les différents projets EPR, et en particulier ceux conduits par Areva NP, démontrent l’absence de fiabilité de cette technologie. Or, avec le nucléaire, même lorsque les risques sont minimes, les dégâts peuvent être considérables : c’est la raison de l’existence même de l’Autorité de sûreté nucléaire. Nous somme sommes dans une situation où les risques ne sont pas minimisés.
L’état de la cuve et les circonstances qui ont mené à le connaître démontrent l’absence de maîtrise de la filière industrielle. La cuve défaillante n’aurait jamais dû être livrée à Flamanville. Le non-respect des processus ne peut pas être permis dans le cadre d’un chantier comportant tant de risque.
Les contrôles réguliers proposés par l’Autorité de sûreté nucléaire ainsi que le remplacement du couvercle à terme ne permettraient pas de faire face à une défaillance supplémentaire de l’opérateur de la centrale. En ce qui concerne les contrôles, nous savons déjà dès aujourd’hui que la cuve ne correspond pas au cahier des charges initial. Quant au remplacement du couvercle, il implique une longue période d’exploitation avec un couvercle de cuve défaillant sans même avoir la certitude qu’un fournisseur puisse fournir, dans des délais raisonnables, un couvercle répondant aux normes de sécurité.
Pour toutes ces raisons, je m’oppose à la délivrance d’une autorisation d’exploitation de la centrale avec la cuve en l’état.
David Cormand,
Secrétaire national d’EELV
12 septembre 2017