Face aux attentats, la responsabilité politique nous impose de nous donner les moyens d’apporter une réponse adaptée et efficiente. Pourtant, en prolongeant cette surenchère sécuritaire qu’est l’état d’urgence, ce n’est pas ce que vient de voter l’Assemblée nationale.
Au delà de 15 jours, le recours à l’état d’urgence est inutile, c’est la conclusion des commissions des lois du Sénat et de l’Assemblée nationale : « Au regard de l’inutilité des mesures de perquisition, de limitation de la liberté d’aller et venir et d’assignation à résidence que prévoit l’état d’urgence et au regard des mesures de police administrative permises par le droit en vigueur en matière de lutte antiterroriste, l’état d’urgence ne se justifierait plus après le 26 juillet prochain ». Cette analyse est partagée par la commission d’enquête relative aux moyens mis en œuvre par l’État pour lutter contre le terrorisme, présidée par le député Georges Fenech.
Pourtant, c’est une prorogation de 6 mois qui a été votée par l’Assemblée nationale dans la nuit de mardi à mercredi. La France restera donc sous état d’urgence jusqu’en 2017, soit 14 mois consécutifs.
Pour les écologistes, le terrorisme ne se combat ni en restreignant les droits et libertés individuelles, ni en désignant des boucs émissaires. « La meilleure réponse au terrorisme, c’est plus de démocratie, plus d’ouverture » disait Jens Stoltenberg, le premier ministre norvégien après le drame d’Utoya en 2011. C’est bien l’opposé de ce que l’Assemblée vient de voter.
Les écologistes déplorent qu’à un travail de fond sur la sécurité ait été préférée l’agitation médiatique et la facilité d’un état d’urgence que tout le monde s’accorde à qualifier d’inutile, sans avoir le courage de le remettre en question. Ceux qui instrumentalisent nos peines mentent, il n’y a pas à choisir entre guerre civile ou aventure extrémiste : la riposte démocratique est possible, si nous avons le courage d’œuvrer à développer la cohésion sociale.
Engageons une lutte de long terme en stoppant tout soutien aux monarchies pétrolières, en coordonnant l’action des renseignements au niveau européen. La fusion des services de renseignement et la dissolution de leurs budgets par le gouvernement Sarkozy a été un échec et un danger : lançons un audit des services pour en tirer les conclusions. Enfin, remettons de l’humain au cœur du système en donnant des moyens humains aux renseignements, en redéveloppant la police de proximité, en donnant les moyens à la justice de faire son travail et aussi, donnons à l’éducation les moyens de doter tous les citoyens d’outils critiques pour comprendre et décrypter le monde.