La ratification du CETA – qui était entré en partie en vigueur il y a 2 ans, sans vote des États-membres et dans la plus grande opacité – vient d’être votée par l’Assemblée nationale à une courte majorité. Ce traité de libre-échange entre l’Europe et le Canada valide des pratiques climaticides et, en cette période de canicule, ce vote est particulièrement cynique.
Le texte de ratification est, à ce jour, le texte le moins bien voté par la majorité présidentielle de la mandature. 52 députés de la majorité ont voté contre et 9 autres se sont abstenus. Cela vient rappeler le président à ses paradoxes. En effet, si Emmanuel Macron tient un discours apparemment verdi dans les prises de parole et les rencontres internationales qu’il enchaîne, les actions de son gouvernement et de sa majorité vont à rebours des solutions urgentes à mettre en œuvre pour lutter contre le réchauffement climatique.
Alors que l’État français est sous le coup d’une action en justice pour inaction face au réchauffement climatique avec l’Affaire du siècle, soutenue par plus de 2 millions de personnes, alors que la France est épinglée par le Haut conseil pour le climat pour son incapacité à fixer des objectifs à la hauteur des enjeux climatiques, le soutien au CETA est la cerise sur le gâteau climaticide du gouvernement.
Malgré les promesses faites, le CETA va permettre la mise sur le marché français de viandes bovines nourries à partir de farines animales. Après les scandales alimentaires qui ont secoué l’Europe et alors que les paysans français sont vent debout contre cet accord, cette révélation sonne comme une déclaration de guerre du gouvernement au climat et aux agriculteurs.
Depuis plus de 30 ans, les écologistes alertent sur les dangers d’un système productiviste et libéral qui ne pense que le gain à court terme au détriment de la vie sur terre. Les canicules à répétition, les pics de pollution, les zones sacrifiées où respirer tue comme la vallée de l’Arve, sont autant de raisons de constater que, malheureusement, ils avaient raison.
EELV dénonce la couardise d’une majorité qui se dit du côté de la nature et des agriculteurs, mais n’a même pas le courage de refuser la ratification de cet accord. Le Sénat, aujourd’hui, est face à un devoir historique : celui de refuser de continuer à sacrifier le climat et l’avenir sur l’autel du gain de quelques-uns. Car le CETA, après deux années de déploiement partiel, démontre son inaptitude économique : aucun dynamisme n’a suivi son entrée en vigueur. Tout au plus a-t-il permis à ceux qui gagnaient déjà beaucoup sur certains marchés de gagner encore plus grâce à des défiscalisations. Encore une fois, l’argent public des Européens sert à la capitalisation des fortunes de quelques-uns, au détriment du climat et de notre avenir commun.
EELV dénonce la duplicité des discours d’Emmanuel Macron et de sa majorité. Il est urgent d’agir, tant qu’il est encore temps. Encore faut-il que la majorité présidentielle en ait réellement l’intention.
Julien Bayou et Sandra Regol, porte-parole