Suite aux nouvelles conclusions du GIEC, François de Rugy interpelle le gouvernement :
Le groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat, le GIEC, vient de publier un nouveau rapport dont les conclusions sont alarmantes. La hausse des températures n’est plus à démontrer. Entre 2000 et 2010, les émissions de gaz à effet de serre ont en effet augmenté de 2,2 % contre 0,4 % en moyenne pour les trois décennies précédentes.
Les conséquences de ce dérèglement climatique sont d’ores et déjà palpables : multiplication des épisodes météorologiques extrêmes, extinction d’espèces et d’écosystèmes, intensification des risques sanitaires, insécurité alimentaire et augmentation des conflits, y compris armés, liés à la raréfaction des ressources.
C’est l’inaction, ce sont les demi-mesures qui punissent la planète et les citoyens. Pour contenir le réchauffement climatique, plusieurs scénarios sont envisageables. Si certains lobbies défendent encore l’idée que des technologies existantes pourraient régler le problème, un consensus politique et scientifique se dégage autour de l’idée que l’efficacité énergétique dans les secteurs du bâtiment, de l’agriculture et des transports constitue le premier levier de lutte contre le réchauffement climatique.
Avec la loi sur la transition énergétique, à l’été prochain, et la conférence internationale Paris Climat 2015, la France dispose de deux occasions de montrer la voie et d’impulser une coopération internationale, à commencer par un renforcement et une clarification de la position de l’Union européenne.
Aussi, monsieur le Premier ministre, pouvez-nous indiquer dans quelle mesure votre gouvernement compte intégrer les préconisations du GIEC dans la loi de transition énergétique ?
M. le président. La parole est à Mme la ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie.
Mme Ségolène Royal, ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie. Merci, monsieur le député de Rugy, de vous engager si fortement dans la cause de la lutte contre le réchauffement climatique. Pour répondre directement à votre question, monsieur le député, le Gouvernement est totalement déterminé à agir avec force pour obtenir des résultats. (Mêmes mouvements.) Comme vous l’avez très justement rappelé, le rapport du groupe intergouvernemental souligne les dégâts qui se produiront si nous ne faisons rien. Nous avons l’impérieuse obligation d’agir, une obligation morale, pour les générations futures. Mais la nouveauté de ce rapport est sa connotation positive : ces chercheurs, ces savants, parmi lesquels d’éminents savants français, les meilleurs du monde dans ce domaine, nous disent qu’il est possible d’agir et nous disent comment.
Vous venez de tracer un certain nombre de lignes : le Gouvernement va engager très rapidement les grands travaux de la performance énergétique des bâtiments. Nous allons également accélérer le chantier sur la mobilité propre, sur les économies d’énergie et sur les énergies renouvelables. Et le levier le plus important sera l’industrie verte. Car, si la situation peut donner lieu à des catastrophes qu’il faut tout faire pour éviter, elle constitue aussi une chance extraordinaire qu’il faut saisir pour créer des activités et des emplois dans cette industrie. Nous devons redonner confiance aux filières des industries vertes afin qu’elles investissent maintenant, en accompagnant nos territoires afin que ce soient tous les citoyens qui s’engagent, avec la future loi, afin d’obtenir des résultats.
La semaine dernière, je rencontrais le grand astrophysicien Hubert Reeves qui vient de publier un livre magnifiquement intitulé Là où croît le péril… croît aussi ce qui sauve, cette belle phrase du poète Hölderlin. À nous d’être à la hauteur pour relever ce défi afin que l’humanité trouve les moyens de réparer ce qu’elle détruit.