Si nous saluons le lancement d’une campagne contre le harcèlement sexuel, dont l’urgente nécessité n’est plus à démontrer, la commission Féminisme et la commission Condition animale d’Europe Écologie – Les Verts expriment leurs regrets quant aux choix de communication retenus pour la campagne de lutte contre le harcèlement dans les transports par la région Île-de-France, la RATP, la SNCF et Île-de-France Mobilités.
Cette campagne met en scène des situations où des femmes dans les transports, subissent le harcèlement de « prédateurs » représentés sous les traits d’ours, requins ou loups visiblement agressifs et dans leur milieu naturel.
Nous rappelons que les harceleurs/agresseurs ne sont ni des monstres, ni de dangereux prédateurs : ce sont des hommes que rien ne différencie visuellement des autres.
Cette campagne pose donc un double problème. Elle véhicule l’idée selon laquelle l’agresseur ne serait pas un homme mais une bête féroce. Les chiffres alarmants démontrent pourtant qu’il n’existe pas de profil type de harceleurs, qu’on ne peut le repérer au faciès au premier regard. Cette campagne propage également l’idée que ces individus au comportement menaçant, par leur « bestialité » ne font pas partie de la société humaine, régie par des lois dictées par les principes fondamentaux du droit, mais d’une autre société. Or, les agresseurs sexuels doivent être punis par la loi humaine. La campagne actuelle déresponsabilise ces individus et stigmatise les animaux, dont l’acte de prédation est une réaction de survie.
Nous rappelons que ours, loups et requins sont des prédateurs uniquement lorsqu’ils y sont contraints par la faim, ou par un autre prédateur, au premier rang duquel figure les humains. Trop souvent pointés du doigt à tort, les animaux mis en scène par cette campagne subissent déjà les effets d’une réputation négative, attisée dans la culture populaire par la littérature et le cinéma. Dans un contexte de lutte pour préserver la biodiversité et l’avenir de nos enfants, il est important de ne pas continuer de propager les clichés mensongers. Les animaux n’ont pas à subir les dérives de notre société.
Nous, écologistes féministes et animalistes, appelons à une société égalitaire respectant les droits humains sans porter atteinte à ceux des animaux.
Nous demandons donc à la région Île-de-France, la RATP, la SNCF et Île-de-France Mobilités de revoir leur campagne contre le harcèlement.
Charlotte Soulary, responsable de la commission Féminisme
Pauline Couvent et Romain Zavallone, responsables de la commission Condition animale