Libération de nombreux prisonniers politiques, ouverture des négociations avec les groupes rebelles des minorités ethniques, élection d’Aung San Suu Kyi au Parlement avec 36 autres membres de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND)… le dégel amorcé par le régime commence à porter ses fruits. Pour saluer le processus de réformes politiques engagé il y a un an par le nouveau régime birman, l’Union européenne (UE) et le Canada ont suspendu cette semaine la plupart de leurs sanctions mises en place il y a 15 ans. Pour les eurodéputés Verts, l’abolition complète des sanctions par l’UE est prématurée et risquée.
Nicole Kiil-Nielsen, eurodéputée EELV témoigne :
« Nous soutenons un bon nombre des exigences de la résolution. Nous épaulons les demandes de libération de l’ensemble des prisonniers politiques. Nous souhaitons une réforme du système judiciaire et une réforme de la Constitution dans un sens démocratique pour que la Birmanie devienne un véritable Etat de droit. Nous attendons le soulèvement de la minorité de blocage de l’armée au Parlement. Il est également essentiel que les crimes commis par les soldats, tels que les violations des droits de l’homme, ne restent pas impunis. Ils doivent être jugés. Enfin nous attendons la suspension immédiate du recrutement de jeunes enfants pour le service militaire. »
Les députés EELV ne sont pas en faveur d’une levée complète des sanctions par l’UE.
Nicole Kiil-Nielsen poursuit :
« Abandonner immédiatement toutes les sanctions à l’encontre de la Birmanie serait prématuré. Ce serait un faux pas. À ce jour, il n’existe aucune garantie à ce que les réformateurs résistent aux pressions des extrémistes dans l’armée. L’armée continue d’assurer son pouvoir au Parlement, elle possède encore une minorité de blocage. De plus, la junte militaire rejette clairement l’exigence de Justice et du jugement de leurs crimes. Sans parler du budget militaire du gouvernement : il a encore augmenté. Il est naïf et dangereux de tout balayer d’une traite. Ce qui serait plus logique c’est de réduire progressivement les barrières commerciales imposées depuis toutes ces dernières années. Nous craignons que, d’ici un an, personne ne vérifie que le processus de réforme progresse de manière efficace. »
Les eurodéputés Verts regrettent qu’aucune résolution de l’UE n’appelle les dirigeants de la Birmanie à assumer leurs responsabilités. Et si les parlementaires européens ont demandé aux autorités birmanes d’instituer un système judiciaire indépendant, les gouvernements européens n’ont pas soutenu cette requête. Au cœur du Parlement européen, les députés appellent aussi la Commission nationale des droits en Birmanie à intensifier son travail… chose difficile sans l’aide de l’UE et sans l’envoi d’expert sur place.