Que dire, brièvement, pour relater en quelques mots le ras-le-bol, la lassitude des salariés (chez nous, les « agents ») qui ont appris en guise de cadeau de rentrée le sort que leur réservait leur patron, le Gouverneur de la Banque de France, pour faire plaisir à la cour des comptes, et à « Bercy », toujours à la recherche d’argent supplémentaire pour combler les caisses de l’Etat… ?
Car la Banque de France est structurellement bénéficiaire de par sa mission de banque centrale, puisqu’elle tire ses revenus de la mise en circulation des billets et pièces ainsi que du placement des réserves de change de la Nation. Et ces revenus dégagent une coquette somme pour l’Etat, par le biais de l’impôt sur les bénéfices et du dividende reversé à l’actionnaire.
Ce n’est pas la première fois que la Banque de France est mise à contribution pour aider à combler les déficits : il y a dix ans les frais de fonctionnement de l’institution ont déjà été sérieusement rognés, que ce soit sur son site de fabrication des billets, à Chamalières, ou dans son réseau, qui a déjà été amputé de moitié, avec plus de 3000 suppressions d’emplois à la clé… Depuis des années maintenant –loin de l’image d’Epinal des 16 mois de salaire qui n’est plus qu’un vague souvenir pour les plus anciens !- les rémunérations sont bloquées, les départs à la retraite ne sont pas systématiquement remplacés et les agents sont priés de déménager au rythme des fermetures de succursales…
Après ces efforts et en pleine crise financière, nous imaginions que l’Etat serait ravi de disposer, au plus près des territoires, de la Banque de France et de son personnel, pour contribuer, avec d’autres, à limiter les effets de la crise. Funeste erreur semble-t-il !
Tant pis pour les 40 caisses qui vont fermer, tant pis pour les transporteurs de fonds qui devront se débrouiller en faisant plus de kilomètres, ou en chargeant davantage leurs camions, ou encore en ravitaillant moins régulièrement les distributeurs de billets ! Tant pis pour les 20 préfectures ou sous-préfectures qui perdront leur succursale, la quarantaine qui ne conservera qu’une « antenne d’accueil », et leurs usagers qui seront priés d’utiliser un « portail internet » !
Comment oser prétendre que le service rendu sera le même dans ces conditions ? En ces temps d’austérité, la Banque de France est priée de racler les fonds de tiroir pour augmenter encore sa contribution à l’Etat. Quitte à plier boutique et abandonner les territoires, leurs économies, leurs habitants… Et malheureusement, lorsqu’on se rendra compte des conséquences de ce mauvais choix, il risque d’être trop tard pour faire marche arrière ! Il est encore temps de réagir…
photo sous licence GNU FDL par Mbzt