EÉLV a entendu les annonces de M. Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, concernant l’obtention des diplômes du second degré : la prise en compte exceptionnelle du contrôle continu en lieu et place des épreuves ponctuelles s’avère être un geste bienvenu à l’égard des personnes concernées, élèves, professeur.e.s et parents, à condition de prévoir des modalités de repêchage équitable pour les élèves ayant connu un début d’année difficile. Le changement de modalités d’évaluation en cours d’année implique nécessairement des modalités de rattrapage.
La « continuité pédagogique » assénée par M. Blanquer est une illusion qui masque mal un accroissement inacceptable des inégalités, faisant fi de la diversité des situations (enfants en foyer, parents dépassés, difficultés à entrer en contact avec l’établissement scolaire…) et pesant lourdement sur le coeur de mission des enseignant.e.s, c’est-à-dire l’accompagnement serein de tous les élèves vers la réussite. La crise sanitaire liée au Covid 19 met en évidence les écarts qui se creusent au sein de notre société, accentués depuis des années par de multiples réformes néfastes pour l’école et ce, malgré les alertes des parents et du corps enseignant. Cette impression est renforcée par le fossé numérique : absence d’ordinateur, de connexion et de maîtrise de l’outil, mais aussi surexposition aux écrans qui laissent certains élèves sur le bord de la route.
EÉLV salue la décision de maintenir les grandes vacances sur toute leur période. Il ne faut pas confondre confinement et repos, que ce soit pour les équipes pédagogiques, les parents ou les élèves. Pour ces derniers, la situation est même beaucoup plus stressante qu’en période ordinaire d’école. Les vacances sont l’occasion bienvenue pour toutes et tous de se ressourcer dans la nature, de voir la famille ou encore de créer ou bricoler, activités rendues parfois impossibles par le confinement et pourtant facteur d’épanouissement.
Si ces décisions du gouvernement sont en partie positives, EÉLV se montrera cependant particulièrement attentif à ce que les élèves puissent être rapidement rassurés concernant leur orientation. Les écologistes avaient déjà pris position contre le dispositif Parcours Sup qui n’est qu’un élément de stress et un facteur d’inégalités supplémentaires pour les familles. Cela sera encore davantage le cas dans la confusion de l’orientation de fin d’année. Cette période doit s’ouvrir sur une réflexion plus approfondie sur les temps de travail, les inégalités sociales et les conditions d’enseignement. C’est aussi l’occasion de réfléchir au sens du brevet et du nouveau baccalauréat mort-né de la réforme Blanquer, avec notamment les E3C, facteur de stress et remettant en cause la valeur nationale du diplôme quel que soit l’établissement de formation.
Cependant, certaines déclarations laissent dubitatif : quel est ce contrôle d’assiduité concernant les élèves de 3ème dans le cadre du brevet ? Celui-ci ne prend pas en compte les parcours hachés des élèves. Le brevet ne serait donc pas une question de connaissances et de compétences, mais simplement une présence en classe ? De même, le ministre parle de la préparation à l’oral du bac de français, insistant sur l’importance de lire et de continuer les cours pendant cette période de confinement. Là encore, les inégalités sociales vont jouer un grand rôle à l’heure où les bibliothèques sont fermées, notamment pour les familles ne disposant pas d’ouvrages à domicile.
Dans l’immédiat, nous demandons un droit opposable à l’équipement et à un accès internet pour tous les élèves et étudiant.es. De plus, il est indispensable qu’un suivi individuel renforcé des élèves en difficulté et décrochés soit mis en place.
EÉLV s’engage depuis longtemps pour une école bienveillante, accueillante, émancipatrice et surtout résiliente, à l’opposé de ce qui est pratiqué aujourd’hui et qui favorise la reproduction sociale, le tout-numérique et les émotions négatives (pression, compétition, décrochage,…) pour les enseignant.e.s autant que pour les élèves.
La sortie de crise sera, nous l’espérons, une chance pour revoir en profondeur les impératifs de l’école avec un ministre enfin à l’écoute de celles et ceux qui vivent l’école au quotidien.C