L’édito de la secrétaire nationale d’EELV Emmanuelle Cosse.
C’est la petite histoire qui se cache derrière le grand récit. A l’ombre de la grande messe présidentielle, jeudi 05 février, s’est déroulé sur les bancs quasi-déserts de l’hémicycle du Palais Bourbon un vote bien moins médiatisé mais dont la caisse de résonance fait immédiatement écho à l’actualité de ces dernières semaines.
De quoi s’agit-il ? D’une proposition de loi UMP adoptée hier, malgré l’opposition des députés écologistes, bien seuls pour dénoncer ses réelles intentions. Cette proposition prévoit en effet d’alourdir les sanctions pour intrusion sur un site nucléaire, avec notamment la création – pour l’occasion- d’un délit pénal sur le sujet.
Sans complexe, elle vise directement les citoyens, militants, lanceurs d’alerte anti-nucléaires qui par leurs actions coup de poings démontrent avec courage la très grande vulnérabilité de nos centrales nucléaires. Absolument pacifiques, ces opérations sont destinées à alerter les responsables politiques d’une situation particulièrement dangereuse pour la sécurité et la santé de nos concitoyens.
Si la sécurité des centrales est pour les écologistes un sujet fondamental, cette proposition de loi ne règle en rien celle-ci ; elle ne fait même que l’aggraver, tant les militants de Greenpeace, pour ne citer qu’eux, concourent à l’expression démocratique et représentent un thermomètre très utile pour révéler nos failles actuelles.
Ce n’est pas la première fois ces dernières semaines que les lanceurs d’alerte subissent une attaque en règle. Récemment, le projet de loi d’Emmanuel Macron envisageait l’introduction d’une notion -désormais caduque face à la levée de boucliers- de «secret des affaires» dans laquelle toute information susceptible de nuire aux intérêts d’une entreprise serait pénalement répréhensible. Une pression terrible afin de dissuader la révélation d’informations compromettantes pour un grand groupe, alors même que leurs activités présenteraient des risques sanitaires et environnementaux. Exposition aux ondes électromagnétiques, amiante, Médiator : les exemples de scandales ne manquent pas.
Ces deux épisodes illustrent l’importance de la mobilisation citoyenne et écologiste afin d’éviter une dérive dangereuse vers laquelle nous nous engageons. Le statut des lanceurs d’alerte doit être protégé, la législation doit évoluer ; mieux, leur rôle doit être reconnu et sanctuarisé pour que puisse s’exprimer une démocratie saine, apaisée, et vivante.
Les lanceurs d’alerte représentent un symbole de la République : celui de la liberté d’expression si chèrement défendue le 11 janvier dernier.
Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’EELV