L’accord de Paris pour la COP21 était historique. Depuis, la ratification expresse et l’entrée en vigueur, ce jour, de l’accord continuent à être des signaux positifs. EELV s’en félicite mais alerte sur la mise en œuvre, réelle, des engagements pris sur le papier.
Les alertes scientifiques sur l’accentuation du réchauffement climatique ne cessent de se multiplier pour nous rappeler qu’il est plus que jamais urgent d’accélérer la transformation de nos sociétés et de nos économies. Sortir des énergies fossiles et assurer au plus vite une transition vers des énergies 100% renouvelables est une solution à la fois essentielle pour le climat et bénéfique pour le développement de l’économie.
Conditionnée à la ratification de l’accord par au moins 55 pays représentant 55% des émissions de gaz à effet de serre, une entrée en vigueur rapide n’allait en effet pas de soi. Europe Écologie Les Verts salue cette excellente nouvelle et note avec satisfaction que l’Accord de Paris entrera en vigueur 11 mois à peine après son adoption. Cette rapidité inhabituelle représente a priori un signal positif pour l’action climatique.
Or, depuis l’adoption de l’Accord de Paris, les signaux contradictoires se multiplient. Les belles intentions exprimées par les États se traduisent bien trop peu dans leurs actions et les engagements semblent déjà trop faibles pour tenir l’objectif de l’Accord de Paris. C’est ce que soulignait hier le Programme des Nations Unies pour l’Environnement en dénonçant des mesures très largement insuffisantes pour permettre d’atteindre l’objectif affiché de limitation du réchauffement climatique. EELV alerte les pays européens et rappelle que les accords ne se limitent pas à une signature. La France a un rôle à jouer dans la traduction, dans les faits, des termes de l’accord et l’urgence climatique ne saurait tolérer aucun manquement.
Dès mars dernier, la Commission européenne a, par exemple, refusé de revoir à la hausse les ambitions du paquet énergie-climat. L’examen à venir des propositions de directives sur l’énergie renouvelable et l’efficacité énergétique doit être l’occasion d’amorcer et accélérer la sortie des énergies fossiles et une transition énergétique sérieuse et ambitieuse. L’UE doit également rejeter les accords commerciaux qui, à l’instar du CETA avec le Canada, du TAFTA avec les États-Unis ou encore des APE (Accords de partenariats économiques) avec les pays en développement, vont à l’encontre des enjeux de l’Accord de Paris.
En France, le fossé entre les discours écologisants et les actes n’en finit pas de se creuser au fur et à mesure que le gouvernement continue une politique productiviste à l’opposé des engagements pris. Comment concevoir que le pays pilote de la COP21 continue à promouvoir des projets climaticides comme les centrales à charbon, ou encore s’entête à vouloir construire l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes sur la plus grande zone humide d’Europe, à la biodiversité d’une richesse sans égale ? Le gouvernement doit enfin donner les moyens aux énergies renouvelables de prendre de l’envergure en modifiant la PPE (programmation pluriannuelle de l’énergie), actuellement très insuffisante, et en revoyant à la hausse le montant de la contribution climat énergie, et plus généralement avec une fiscalité qui accompagne la transition énergétique.
L’entrée en vigueur de l’Accord de Paris coïncide avec le début de la COP22, à Marrakech. Celle-ci doit impérativement être l’occasion d’adopter les premières décisions concrètes. Elle doit aussi l’améliorer en prenant en compte la question des océans et des transports, sans laquelle la volonté de diminuer le réchauffement climatique est vouée à l’échec. Il faut aussi reconsidérer le marché du carbone européen, qui enrichit les sociétés les plus polluantes, comme les systèmes compensatoires qui permettent aux multinationales de planter en échange de leurs émissions de GES, ce qui favorise l’accaparement des terres pour des cultures industrielles, au détriment des cultures vivrières. La COP22 doit également affirmer la justice climatique en renforçant concrètement la solidarité climatique à l’égard des pays les plus pauvres : ils sont souvent les plus vulnérables au changement climatique alors qu’ils y contribuent de manière marginale.
Julien Bayou et Sandra Regol, porte-parole nationaux