Après plusieurs mois d’attente et de promesses d’annonce, le ministre de l’Agriculture, Monsieur Didier Guillaume, a enfin présenté ce mardi 28 janvier 2020 ses propositions pour le “bien-être” animal.
Ces 15 mesures, proposées par un gouvernement pourtant peu sensible à la condition animale, prouvent que la condition animale est devenue un sujet politique majeur. 89% des français.e.s considèrent que la cause animale est importante (IFOP, 2019). L’action du gouvernement est-elle pourtant à la hauteur ? 75% des français.e.s pensent le contraire (IFOP, 2019).
Ces annonces ne seraient-elles pas qu’une vitrine du gouvernement pour masquer son inaction et son manque d’ambitions ?
Pour la Commission Condition animale d’Europe Écologie- Les Verts, si on ne peut que se réjouir d’avoir enfin droit à quelques mesures, le compte n’y est pas tant elles sont imprécises. Surtout, nous ne pouvons que douter de la mise en application réelle de ces propositions qui ne font pour l’instant pas l’objet de lois ou de règlements.
Ainsi, en 2018, la loi agriculture et alimentation devait mettre fin aux nouvelles constructions et réaménagements de cages pour les poules pondeuses (58% des poules pondeuses françaises sont élevées en cages). Rien n’est fait. « La Commission Européenne interpelle la France depuis plusieurs années sur la castration des porcelets à vif. Toujours aucune action concrète. Nous attendions donc un plan de mise en œuvre d’actions précises, plutôt qu’une énième déclaration de bonne intention » regrette Alain Coulombel, porte-parole EELV.
Les propositions du ministre sont insuffisantes puisqu’elles contournent le problème de fond que représente le modèle d’un élevage industriel incompatible avec des conditions dignes pour les animaux. Parler de “bien-être animal” quand il s’agit uniquement de réduire certaines des formes de maltraitance les plus violentes est donc très nettement exagéré. “Nous regrettons qu’aucune mesure d’ampleur sur la question du transport des animaux pourtant fortement générateur de souffrance animale ou encore sur la question des abattoirs dont les dysfonctionnements sont évidents” déplore Eva Sas, porte-parole d’EELV. Comme toujours, les intérêts économiques priment très largement sur la souffrance animale. Pourtant, il faudrait s’engager très rapidement dans une transition du modèle d’élevage pour accompagner les éleveurs et éleveuses vers un modèle plus respectueux.
Les “grandes mesures” annoncées par le gouvernement sont incohérentes avec leurs décisions précédentes. Ainsi, si Mr Guillaume appelle à un étiquetage sur les produits animaux, le gouvernement auquel il appartient a pourtant émis un avis défavorable sur la question en décembre.
“Ces propositions ne mentionnent pas les nombreux autres sujets de cruauté envers les animaux qui étaient en discussion et nous attendons toujours le fameux Plan d’actions pour le bien-être de la faune sauvage captive prévu par le Ministère de la Transition écologique et solidaire à l’automne 2019” rappelle Fiona MILLE, co-responsable de la Commission Condition Animale d’EELV.
La condition animale a trop longtemps été délaissée pour pouvoir se satisfaire de voeux pieux. Aux effets d’annonce les écologistes préfèrent les actes. Ainsi, la proposition de loi “Pour un élevage éthique socialement juste et soucieux du bien-être animal”, déposée le 21 janvier 2020 par la sénatrice EELV Esther Benbassa engage à l’action contre l’élevage intensif et les souffrances animales qui en découlent.
Fiona Mille – fiona.mille.20@gmail.com – 06 45 82 79 47 – Paris
Manuel Leick-Jonard – manuel.leickjonard@gmail.com – 06 95 89 79 53 – Toulouse