Turquie : la très inquiétante dérive autoritaire du président Erdogan

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La situation en Turquie inquiète les écologistes. Depuis le coup d’état manqué, le président, Recep Tayyip Erdoğan, a accéléré la mise en place d’un régime autoritaire. Cette dérive n’est pas totalement nouvelle et le mouvement général de la politique du pays depuis plusieurs années portait les germes de cette brusque évolution que le coup d’État a rendu possible.

Les Verts de Turquie (Yeşiller ve Sol Gelecek Partisi) alertent depuis longtemps sur les dérives du parti au pouvoir, l’AKP, mais la purge actuelle est une accélération dramatique. “As we stood against the coup we will not accept the construction of an authoritarian regime by the ruling party. The solution is to defend peace and democracy”. Les écologistes français soutiennent les Verts de Turquie ainsi que toutes les forces démocratiques en Turquie. Leur combat pour la démocratie, qui est d’abord celui pour les droits de l’homme et les libertés fondamentales, est un combat essentiel. Plus que jamais, un soutien international massif est nécessaire.

Le président Erdoğan sort renforcé de cette séquence. Son appel au peuple a fait mouche et son image de président omnipotent semble s’installer durablement dans le paysage, entre dérive autocratique et répression dans la violence.

Longtemps engagée dans une dynamique censée pouvoir lui assurer d’entrer dans l’Union européenne, la Turquie a vu ses espoirs déçus. Alors que l’UE a tourné le dos à la Turquie, celle-ci tourne aujourd’hui le dos aux valeurs que les européens prétendent porter. Les difficultés économiques, la déstabilisation de la région, qui affecte directement la Turquie, et les relatifs reculs électoraux de l’AKP ont encouragé cette dérive. Mise en place de l’état d’urgence, refus de l’application du droit commun, éventuel retour de la peine de mort, purge dans tous les milieux (politique, armée, éducation, justice, …) sont autant de signes clairs de la volonté du gouvernement turc de consolider son pouvoir par la force. On compterait plus de 30 000 arrestations, de gradés, fonctionnaires, juges et opposants divers ou jugés comme tels. Parmi eux et elles, l’intégralité des chercheur-es du pays qui n’ont plus le droit de quitter le territoire, des dizaines de milliers de fonctionnaires limogé-es, des gens qui se font arrêter pour avoir posté des messages sur les réseaux sociaux…

Après avoir condamné le coup d’État, l’UE semble aussi s’émouvoir d’une répression injustifiée. L’Europe pouvait pourtant peut-être, en intégrant la Turquie, apporter un modèle préventif de paix. La communauté internationale en général, l’Europe et la France, doivent condamner sans réserve tous les manquements à la démocratie du gouvernement en place. Les moyens de pression existent pour faire cesser les violences étatiques, les emprisonnements arbitraires, les tortures. Malheureusement, en refusant de s’occuper dignement de la crise des réfugiés, l’UE se retrouve totalement dépourvue de moyens de pression face à Erdoğan. Nous payons encore une fois le prix de notre hypocrisie.

La situation géopolitique de la Turquie, dernière base de l’OTAN aux frontières d’un proche-orient déchiré et convoité depuis plus d’un siècle pour ses ressources, en fait une puissance régionale incontournable avec ses 75 millions d’habitants et la richesse de sa réserve d’eau, futur enjeu mondial. Sans démagogie et sans mépris, il faut soutenir sa démocratie et condamner fermement toutes ces dérives, diligenter une enquête internationale pour faire toute la lumière sur l’ensemble des événements de cette année en Turquie.

La Turquie doit retrouver le chemin de la démocratie. Celui-ci passe par le respect du droit, des libertés fondamentales, mais aussi par la résolution du conflit avec les Kurdes et les autres minorités du pays.

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