Djibouti : stopper l’escalade meurtrière, impliquer la communauté internationale
Europe Ecologie les Verts alerte vivement les autorités françaises et européennes sur les graves violences politiques en cours à Djibouti.
Depuis le début du mois de décembre, une escalade répressive vise notamment les militants et responsables de la coalition d’opposition dite Union de Salut National (USN). Cette escalade a connu un épisode particulièrement sanglant lundi 21 décembre : la répression meurtrière d’une cérémonie traditionnelle à Balbala dans la périphérie immédiate de Djiboutiville, a fait selon la Ligue Djiboutienne des Droits Humains (L.D.D.H), au moins 37 morts et plus de 150 blessées par balles. En réaction, une réunion des principaux responsables de l’USN a été interrompue par les forces de l’ordre qui ont tiré à balles réelles et frappé plusieurs participants.
EELV s’inquiète notamment du sort du député Saïd Housein Robleh, très grièvement atteint, du président de l’USN Ahmed Youssouf Houmed, également blessé, et du porte-parole de l’USN Daher Ahmed Farah, victime d’un harcèlement policier particulièrement dur, d’autres étant en détention ou assignés à résidence.
Après avoir revendiqué, preuves à l’appui, la victoire aux élections législatives de février 2013, l’USN avait accepté de signer en décembre 2014 un accordcadre portant notamment sur des « réformes démocratiques » qui prévoyaient, entre autres, l’établissement d’une Commission électorale nationale indépendante (Ceni). A quatre mois des élections présidentielles prévues en avril 2016, ces réformes sont au point mort. Le président djiboutien, Ismaïl Omar Guelleh (au pouvoir depuis 1999) a, au contraire, profité des attentats de Paris pour décréter un état d’urgence, dont le but était de museler encore plus l’opposition. Fort des appuis internationaux que lui confèrent de nombreuses bases militaires internationales (EtatsUnis, France, Allemagne, Italie, Japon, et désormais Chine), il brigue un quatrième mandat en muselant l’opposition de façon meurtrière.
Dans ce contexte, EELV :
• demande au gouvernement français de déposer une résolution au Conseil de sécurité de l’ONU pour dénoncer la répression politique à Djibouti et missionner une enquête internationale visant à en déterminer les responsabilités ;
• demande aux gouvernements européens qui disposent d’un accès militaire à Djibouti d’agir conjointement pour conditionner le paiement du loyer de leurs bases militaires à l’effectivité des réformes démocratiques ;
• demande à la communauté internationale de s’impliquer pour renouer le fil d’un dialogue politique non violent à Djibouti, en vue de réformes démocratiques effectives et d’élections présidentielles sincères.
Djibouti, petit pays de la corne d’Afrique, souffre de sa relative faiblesse au regard d’une situation géopolitique stratégique.
EELV rappelle qu’il est de l’intérêt et de la responsabilité des pays présents et de la communauté internationale en général, d’éviter qu’aux maux économiques (mauvaise gestion, corruption massive,…) et sociaux (taux de pauvreté relative de près de 80%, taux de chômage dépassant les 50%,…) s’ajoute une crise politique meurtrière. Et qu’il faut, au contraire, accompagner Djibouti vers un développement durable, tant économique que social et politique, gage de mieux être pour la population et de stabilité pour une région déjà menacée.
Julien Bayou, Sandrine Rousseau, porte-parole nationaux