Trois question à Marie-Hélène Parizeau, professeure de philosophie à l’Université de Laval (Québec) et présidente de la commission mondiale de l’éthique et connaissance scientifique et des technologies de l’Unesco
Quelles seraient pour vous les conditions d’un succès de cette Cop21 ?
Je suis frappée du peu d’enthousiasme de l’engagement américain et de l’absence de continuité dans le temps des Etats-Unis pour développer une véritable politique mondiale concernant les changements climatiques. Les différents déplacements et discours du Président Obama ces dernières semaines sont trop circonstanciels. L’administration américaine a une attitude pragmatique et réagit en fonction du contexte, sur la Cop21 comme sur d’autres dossiers.
Pour moi un engagement américain résolu et dans le long terme avec une attitude multilatéraliste (et non seulement un accord bilatéral avec la Chine) serait une condition nécessaire d’un succès durable.
Comment imaginez-vous l’après Cop21 ?
Il y a deux scénarios. L’un est pessimiste : des engagements trop limités et surtout reportés à plus tard. Au Québec nous avons une expression pour cela : on dit « pelleter la neige devant soi ».
L’autre plus optimiste serait que la Cop21 donne des outils de politique aux Etats (décarbonisation de l’économie) et une conscience et une volonté politique d’agir. Je n’ai pas renoncé à une démarche où le multilatéralisme ait toute sa place afin de créer une dynamique mondiale pour déclencher de véritables changements à l’échelle de la planète. Il faut créer une forme de conscience étendue, globale.
Quelles seraient selon vous les mesures prioritaires pour la transition écologique ?
La priorité pour moi est de réformer l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Il faut changer les valeurs et principes sur lesquelles repose sa jurisprudence. Nous devons introduire une mise en cohérence des règles de l’OMC et des objectifs de décarbonisation de l’économie.
Propos recueillis par Lucile Schmid