Congo Brazzaville : La France ne peut cautionner le coup d’Etat institutionnel en cours

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Depuis plusieurs semaines, la République du Congo est en proie à d’importantes tensions liées à la décision de l’actuel président, M. Denis Sassou Nguesso, d’organiser un référendum afin de valider une nouvelle constitution congolaise élaborée en catimini, hors de tout consensus de la classe politique. Ce projet de nouvelle constitution est qualifié tant par l’opposition que par la société civile congolaise de tentative de coup d’Etat constitutionnel. En effet, l’actuelle constitution interdit à M. Sassou Nguesso de se présenter aux élections présidentielles qui doivent se tenir l’année prochaine à la fois parce qu’il a dépassé la limite d’âge fixée à 70 ans et parce qu’il arrive au terme de son second mandat présidentiel : le projet de nouvelle constitution vise précisément à mettre fin à ces deux conditions d’éligibilité à l’élection présidentielle.

Depuis l’annonce du référendum, prévu le 25 octobre 2015, le pouvoir congolais s’est livré à de nombreuses exactions : arrestations, interdictions arbitraires de réunion et de manifestations, afin d’empêcher les opposants à ce projet de s’exprimer. Les réseaux de communication, y compris Internet, et les signaux radio, notamment ceux de RFI (Radio France Internationale), ont été également coupés.

Cette répression a pris une tournure dramatique ce mardi 20 octobre 2015, journée durant laquelle les principales forces de l’opposition et de la société civile ont prévu d’importantes manifestations de protestation : ces manifestations pacifiques ont été brutalement réprimées par les forces de l’ordre, provoquant au moins cinq morts par balles, selon Amnesty International, ainsi que des dizaines de blessés.

Europe Écologie – Les Verts déplore l’obstination de M. Denis Sassou Nguesso, après 32 ans au pouvoir, à vouloir modifier les règles électorales dans des conditions violant la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance, d’autant plus que tout indique depuis des mois qu’une éventuelle candidature de l’actuel président comporte un risque élevé de provoquer de graves troubles et violences.

EELV condamne aussi bien les exactions à l’encontre des populations que les atteintes aux libertés publiques et exprime sa solidarité à l’ensemble du peuple congolais.

EELV appelle au respect à la lettre et à l’esprit de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance et, en conséquence, à ne procéder à aucune modification des règles électorales à quelques mois des prochaines échéances présidentielles.

EELV dénonce également le soutien exprimé par François Hollande, le président français, à son homologue congolais lors de son point de presse du 21 octobre 2015. En reconnaissant la légitimité du projet de changement de constitution de M. Sassou Nguesso, non seulement le président français renie sa propre parole mais surtout il répète les erreurs du passé en ignorant les aspirations profondes du peuple congolais ainsi que ses souffrances, souffrances dont une grande partie trouve leur origine dans la mauvaise gouvernance et la gestion autoritaire du pouvoir de M. Sassou Nguesso.

EELV demande au gouvernement français de suspendre immédiatement sa coopération militaire et policière avec le régime de M. Sassou Nguesso.

EELV appelle le gouvernement français, l’Union européenne, l’Union africaine et l’ensemble de la communauté internationale à faire pression sur le pouvoir congolais en vue d’obtenir l’annulation du projet de nouvelle constitution et à accompagner la République du Congo lors des prochaines élections présidentielles afin que celles-ci puissent répondre aux standards internationaux de transparence et afin qu’elles contribuent à la mise en place et à la consolidation d’une démocratie véritable dans ce pays.

Enfin, EELV appelle la France et l’Union européenne à contribuer au développement durable de la République du Congo. Cela passe par la mise en place d’une gouvernance qui profite à l’ensemble de la population et non plus à une minorité. Cela passe aussi par une gestion responsable et durable des ressources naturelles du pays, aujourd’hui destructrice de l’environnement et des populations locales, y compris de la part des entreprises étrangères, notamment françaises et européennes. L’exploitation du pétrole en est un mauvais exemple.
Cela passe donc par l’adoption, à l’occasion de la COP 21, de mesures en vue d’aider ce pays à s’adapter à une économie sans pétrole non seulement pour répondre aux enjeux climatiques mais également pour réduire la dépendance à cette énergie.

Cela passe également par une révision significative des accords de partenariat économique UE-ACP qui fragilisent particulièrement le tissu économique local. Cela passe enfin par la mise en place rapide d’une taxe sur les transactions financières et l’augmentation de l’Aide Publique au Développement.

Julien Bayou, Sandrine Rousseau, porte-parole nationaux

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