Turquie : l’urgence d’agir pour sortir de la spirale de la violence
Depuis quelques jours, des actes de violence extrêmement inquiétants ne cessent de se multiplier en Turquie : des manifestations nationalistes hostiles à la minorité kurde et soutenant le régime du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan se développent dans tout le pays, et d’après les médias turcs, plusieurs bâtiments du Parti démocratique des peuples (HDP) ont été endommagés, dont son principal siège à Ankara. Le siège du journal Hürriyet a également été visé mardi soir par des partisans du Parti de la justice et du développement (AKP), l’accusant d’être hostile au président Erdogan. Plusieurs zones du Sud-Est, à majorité kurde, sont de plus plongées dans des situations de guerre, comme la ville de Cizré, placée sous couvre-feu. Ces violences surviennent après l’embuscade attribuée aux rebelles kurdes du PKK qui a entraîné la mort de 16 soldats turcs dans la province d’Hakkari, près de la frontière irakienne, dimanche dernier.
Pour les écologistes européens et leurs homologues du parti vert türk Yeşiller ve Sol Gelecek Partisi, toutes ces violences sont absolument inacceptables, tant les attentats meurtriers perpétrés par le PKK que les violences nationalistes turques, tolérées voire encouragées par le régime islamo-conservateur actuellement au pouvoir en Turquie. Nous condamnons à cet égard l’attitude provocatrice du gouvernement et du président Erdoğan depuis les élections générales du 7 juin dernier (au cours desquelles l’AKP avait perdu sa majorité) dont l’unique objectif est la victoire aux élections du 1er Novembre prochain. Nous appelons à un cessez-le-feu immédiat. Les attaques à l’encontre de la presse et de la liberté d’expression sont également injustifiables et les auteurs de ces actes doivent être poursuivis et condamnés par la justice. Enfin il faut que le couvre-feu décrété à Cizré soit levé.
L’orchestration de tensions permanentes du Président Erdogan, qui sous couvert de lutter contre l’Etat islamique s’en prend aux Kurdes de Turquie, alimente l’escalade de la violence et constitue une fuite en avant extrêmement mortifère, non seulement pour la minorité kurde, mais bien au-delà pour l’ensemble des Turcs et pour l’image du pays à l’international. La vocation turque à faire partie de la famille européenne s’éloigne avec les pratiques autocratiques de plus en plus flagrantes de Recep Tayyip Erdogan.
Le futur politique de la Turquie est des plus incertains tant les conditions deviennent impossibles pour la tenue d’élections législatives le 1er novembre. Les écologistes condamnent ces manœuvres politiques dangereuses qui semblent vouloir punir le HDP, la nouvelle et principale force d’opposition au pouvoir d’Erdogan. Les écologistes appellent les autorités turques à œuvrer pour mettre immédiatement un terme à ces violences. Il est de la responsabilité des dirigeants français et européens, qui doivent se rendre au G20 en Turquie mi-novembre, de faire entendre raison au Président turc afin de sortir de cette spirale de la violence plutôt que de l’entretenir sciemment.
Il s’agit de mettre un terme à un conflit sanglant, qui a fait quelque 40 000 morts depuis 1984, et montrer au reste du monde que la Turquie fait partie du camp des démocraties qui joue un rôle fondamental de maintien de la paix dans une région gangrénée par la violence.
Michèle Rivasi, pour l’ensemble de la délégation Europe Ecologie au Parlement européen
Emmanuelle Cosse, pour Europe Ecologie Les Verts
Sevil Turan et Naci Sönmez, pour le Yeşiller ve Sol Gelecek Partisi (parti Vert turc)