Naufrages en Méditerranée : les chefs d’Etats européens ne sont pas au rendez-vous
Alors que 1700 personnes ont perdu la vie depuis le début de l’année dans le cimetière Méditerranée, EELV dénonce le manque d’engagement des 28 chefs d’Etats européens -incapables de dépasser le stade du constat- réunis hier lors d’un sommet européen extraordinaire.
Face à une véritable catastrophe humanitaire, un devoir urgent de responsabilité et de solidarité incombe à ces 28 chefs d’Etats qui impliquent la sortie d’une léthargie criante et d’agir de façon unie et coordonnée en garantissant au plus vite une voie légale sûre pour les réfugiés et les demandeurs d’asile, en harmonisant la politique migratoire à partir de règles européennes communes, tout en élargissant les conditions d’accès pour les personnes nécessitant une protection internationale.
Pour EELV, l’annonce du triplement du budget de l’opération «Triton» relève de la mauvaise farce : cette mission ayant pour objectif la surveillance des frontières et non de sauver des vies. Ce maigre budget de 9 millions d’euros (le budget de l’UE est de 162 milliards d’euros) est par ailleurs largement insuffisant et atteint à peine le niveau précédent du dispositif Mare Nostrum -au périmètre plus large -qui avaient permis de sauver 170000 vies.
EELV demande également à la France de se montrer à la hauteur des enjeux et de montrer l’exemple face au défi humanitaire actuel : en l’occurrence, la promesse de François Hollande d’accueillir entre 500 et 700 personnes, alors que le nombre de réfugiés syriens est de 4 millions, est une profonde atteinte à l’image de la France, pays des droits humains. Il est nécessaire au contraire d’organiser dans le réseau d’ambassades des guichets d’asile pour permettre de répondre à l’urgence.
La France doit s’engager sur la voie de la régularisation des sans-papiers, comme l’Espagne, le Royaume-Uni ou les Etats-Unis. C’est aussi la meilleure manière de permettre aux migrants de contribuer par leurs cotisations et impôts à la richesse et au développement de leur pays d’accueil comme de départ.
Alors que le désespoir, les conflits, les inégalités, la misère et la précarité poussent au départ des centaines de personne vers des lendemains meilleurs, l’Europe doit s’attaquer aux sources de ces déséquilibres économiques et géopolitiques au lieu d’instaurer de vaines tentatives d’affronter ses conséquences en renforçant d’inefficaces politiques de criminalisation.
Julien Bayou et Sandrine Rousseau, porte-parole nationaux