Fukushima, 4 ans déjà

Emmanuelle Cosse

C’était il y a 4 ans. Déjà. Le 11 Mars 2011 fait partie de ces dates maudites dont chacune et chacun d’entre nous se souvient, avec douleur et effroi, comme tous ces instants -hors du temps- qui font basculer l’histoire.

1500 jours plus tard, des dizaines de milliers de japonais vivent toujours le chaos. Pas moins de 6000 personnes sur le site continuent de se relayer jour et nuit pour « limiter les dégâts » et organiser le démantèlement minutieux de la centrale, qui prendra encore plusieurs décennies. Les rejets d’eaux contaminées dans le Pacifique font courir des risques immenses pour la biodiversité. Les terres agricoles, elles, sont condamnées pour les prochaines centaines de milliers d’années qui viennent.

En France, sans avoir connu de catastrophe similaire, le nucléaire français vit des heures difficiles. En plus du danger qu’il fait courir, il apparaît pour ce qu’il est : un puit financier sans fond. Les comptes d’Areva, fleuron de l’atome, sont dans le rouge et affichent 4, 8 milliards de perte. Au même moment, la doyenne des centrales françaises Fessenheim -installée sur la plus grande nappe phréatique d’Europe ! – est mise à l’arrêt total pendant plus d’une semaine suite à un énième incident. Le chantier de l’EPR de Flamanville accumule quant à lui les retards et les surcoûts. Sans occulter le problème critique des déchets, dont le problème de gestion sera relégué aux générations futures.

La transition énergétique, en cette année de COP 21, présente l’occasion d’un coup d’envoi pour un nouveau modèle pour aller, à terme, vers une sortie totale du nucléaire. Le développement des énergies renouvelables et des filières de démantèlement de centrale sont une chance pour créer des emplois non délocalisables.

Comme tous les mythes, le nucléaire a la vie dure. Indépendance énergétique, énergie sûre et bon marché : la fin des 30 glorieuses a levé le voile sur ces fausses réalités. En sortir oblige à repenser le temps long et ré-interroger les choix stratégiques entrepris au XXème siècle. Il y urgence pour la planète, et pour ses habitants.

Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’EELV

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