Soyons francs, parlons d’euro avec Pascal Durand

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Le journaliste Guillaume Duval, l’économiste Liem Hoang Ngoc et Pascal Durand se sont intéressés à la question de l’euro mardi 29 avril 2014, à l’occasion du deuxième mardi de l’écologie.

 

« Soyons francs : parlons d’euro », tel était le thème de cette deuxième édition des Mardis de l’Ecologie. Alors que la campagne pour les Européennes bat son plein, la question de la sortie de l’euro est régulièrement posée. Dans ce contexte, les écologistes ont choisi de la poser sérieusement et sereinement, car le débat est important pour tous, euro-sceptiques comme euro-convaincus. Quand certains prétendent qu’il faut sortir de la zone euro, d’autres défendent l’idée d’une réforme en profondeur.

Nos invités Guillaume Duval, rédacteur en chef d’Alternatives Economiques et Liem Hoang Ngoc, eurodéputé socialiste sortant et économiste, ont discuté des scénarios possibles.

 

Trois solutions à la crise de l’euro

« Oui, l’euro est mal, mais il ne faut pas en sortir ». Guillaume Duval reconnaît que l’Europe et sa monnaie ne fonctionnent pas correctement. Il existe des déséquilibres macro-économiques, des Etats sont en déficit quand d’autres sont en excédent.

Pour le rédacteur en chef d’Alternatives Economiques, trois solutions à cette question de l’euro existent. La première, défendue par les opposants à l’euro, est la dévaluation externe, et par conséquent, la ré-évaluation des autres monnaies. Cette solution est également soutenue par les partisans de la monnaie commune et non plus unique (on aurait alors des Euro-francs par exemple). La mise en place de cette proposition compliquerait considérablement nos relations avec les pays hors de la zone euro, puisqu’il faudrait convertir notre monnaie nationale en monnaie commune avant de la convertir de nouveau dans la monnaie du pays marchant (en dollar par exemple, en cas d’affaires avec les Etats-Unis).

La deuxième solution est la dévaluation interne. « Dévaluer, c’est jouer la baisse du coût du travail encore plus fort que la politique menée actuellement » explique Guillaume Duval. C’est également établir une logique plus compétitive et hostile par rapport à la concurrence. Le pouvoir d’achat baissera considérablement. De plus, la technique est inefficace car si tous les pays quittent l’euro pour dévaluer, personne n’y gagne, on ne se rééquilibre pas par rapport aux autres, on baisse tous ensemble.

La troisième voie est de faire de l’Europe une véritable union de transfert, avec un budget fédéral. Les Etats conservent un pouvoir encore trop important. L’austérité n’est pas due à la Commission, ce sont les Etats qui ont donné un mandat au FMI, à la BCE et à la Commission pour la mettre en place.

 

Changer de politique économique et fiscale européenne

«  Ce débat prend l’apparence d’un débat technique mais c’est en réalité un débat politique, assure Liem Hoang Ngoc. Je vous mets au défi de tenir un discours fédéraliste aujourd’hui ! »

« Si nous voulons une Union de transfert, il nous faut un budget européen d’au moins 3% du PIB » continue-t-il. Aujourd’hui, les contributions des Etats représentent 80% des ressources du budget européen. « Nous sommes entrés dans une logique de marchandage, Cameron l’a très bien compris en orchestrant un chantage sur le rabais du Royaume-Uni et en menaçant de faire un référendum sur une sortie de l’Europe ».

Pour une Europe plus juste, le budget européen ne doit pas baisser. Il doit, de plus, être cohérent et doté de ressources propres.

Par ailleurs, il faut instaurer des critères de convergence sociaux et fiscaux comme outils d’une nouvelle politique économique européenne, définie conjointement par la Commission, les parlementaires européens et nationaux, et les Etats membres. Un débat sur une réforme de la gouvernance et des objectifs de la BCE est ainsi nécessaire, afin de l’inciter à inclure les partenaires sociaux dans ses prises de décision.

« La gestion d’une monnaie commune exige en effet une politique économique, sociale et fiscale européenne coopérative et plus juste. » a conclu Pascal Durand.

 

Après quelques questions et interventions des participants, le débat a continué dans la convivialité autour d’un buffet.

 

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