Élections allemandes : une déception pour les Verts
Le résultat des élections législatives allemandes est décevant. Depuis trois ans, aux élections régionales, la coalition au pouvoir depuis 2009, associant les conservateurs de la CDU/CSU et les libéraux du FDP, ne cessait de perdre du terrain au bénéfice des sociaux démocrates du SPD, et des Verts. Cette tendance ne s’est pas vérifiée au plan national.
Surfant sur la popularité de la chancelière Angela Merkel, la CDU/CSU a remporté une très large 41,5 % des voix, ratant de peu la majorité absolue. Cette victoire s’est produite au détriment de son allié libéral, qui pour la première fois depuis 1948 n’a pu atteindre le le seuil d’éligibilité de 5 %. Privée de son allié, Angela Merkel, déjà confrontée à une Chambre haute (le Bundesrat) dominée par l’opposition, doit donc trouver un partenaire de coalition qui ne peut être que le SPD ou Les Verts.
Les Verts espéraient beaucoup de cette élection qui devait couronner leur ascension continue — parfois fulgurante — depuis quatre ans et les positionner en grand parti de gouvernement. Les sondages leur donnaient plus de 20 % il y a deux ans, 15 % au printemps et 10 % encore il y a quelques jours. Ils n’obtiennent finalement que 8,4 %, en recul par rapport à leur meilleur score historique de 2009 (10,7 %), au même niveau que leu score de 2005 (8,3 %). Certes, la décision d’Angela Merkel, suite à Fukushima, de la sortie du nucléaire dès 2022, les a privés de leur thème de campagne principal depuis des décennies. Certes leur proposition d’un jour de cantine sans viande a pu être perçue comme une “écologie punitive”. Certes le resurgissement opportuniste et nauséabond, dans les dernières semaines de campagne, d’une influence des milieux pédophiles sur les Verts il y a trente ans, a terni leur fin de campagne. Il n’en demeure pas moins que les Verts, devancés de justesse par le parti de gauche radicale “Die Linke” (8,6 %) n’ont pu “transformer l’essai” de leur envolée électorale et sondagière récente, et s’apprêtent à en analyser les causes. Ils arrivent en quatrième position, derrière la CDU/CSU et le SPD (25,7 %), devancés de justesse par le parti de gauche radicale “Die Linke” (8,6 %), devant les libéraux du FDP (4,8 %), le nouveau parti de droite eurosceptique Alternativ Für Deutschland (AfD), créé en avril et qui rate de peu son entrée au Parlement (4,7 %), devant aussi le parti Pirate (2,2 %) dont les spectaculaires succès régionaux de 2011/2012 n’ont pas résisté à la relative vacuité de son programme et de son organisation.
Le scénario le plus probable est désormais celui d’une “grande coalition” associant, comme entre 2005 et 2009 les deux grands partis traditionnels, la CDU/CSU et le SPD. Cependant, le SPD qui n’a obtenu que 25,7 % des voix, à un niveau proche de son étiage historique de 2009 (23,0 %), n’est guère enclin à renouveler l’expérience d’une “grande coalition, fortement déséquilibrée de surcroît, à moins d’obtenir des avancées majeures dans les longues négociations qui s’annoncent pour aboutir à un programme de gouvernement. L’un des thèmes d’affrontement majeurs est l’introduction d’un salaire minimum national, auquel Angela Merkel est opposée sinon par branche et par région. Quant aux Verts, majoritairement ancrés à gauche, ils devraient refuser d’éventuelles offres pour lesquelles Angela Merkel a pourtant posé quelques jalons en adoptant la sortie du nucléaire, une promotion ambitieuse des énergies renouvelables et des économies d’énergie, l’égalité des couples de même sexe, bref en tâchant de rendre, parfois contre son propre camp, sa politique “écolo-compatible”.