Parlement européen : la marche des écologistes contre la finance sans foi ni loi
Peu nombreux mais néanmoins conscients de l’urgence de mener le combat contre la finance folle, nous avons décidé, dès notre élection en 2009 au Parlement européen, d’entamer une longue marche contre les paradis fiscaux et pour la régulation des marchés financiers. Ce combat est l’une des plus grandes batailles que nous ayons à mener. Elle est la condition de l’égalité de tous devant l’impôt et plus généralement de l’égalité devant la loi. Elle est l’alternative à cette course folle à l’abîme que nous menons à coup de plans d’austérité. Elle doit offrir les ressources, notamment au travers d’un budget européen ambitieux, d’une transition écologiste vers une société du bien-être.
Peu nombreux mais cohérents, nous avons décidé de mener la bataille à toutes les étapes d’un processus législatif long et opaque. À chaque occasion, lorsque le Parlement est amené à faire la loi ou simplement à donner son avis, nous avons et nous continuons à faire un travail de propositions alternatives.
Oui, face à l’ignorance ou à l’aveuglement complice de nombreux responsables politiques, nous avons tout simplement choisi, pour reprendre Jean Jaurès, de fatiguer le doute par la persévérance.
C’est ainsi que mardi 16 avril, le Parlement Européen, au travers du vote de la directive Fonds Propres IV, a voté deux amendements du groupe des Verts et de son représentant, Philippe Lamberts: le plafonnement des bonus des traders et la transparence des activités de toutes les banques européennes pays par pays.
En plafonnant les bonus à une fois le salaire annuel (contre jusqu’à parfois 5 ou 6 fois actuellement), nous imposons les limites de la décence et nous envoyons le message que non, l’argent n’est pas une valeur sur laquelle nous pouvons fonder notre société. L’argent, lorsqu’il ne sert par l’économie réelle, rend fou et met à mal notre solidarité.
En obligeant les banques européennes à faire la transparence sur leurs activités pays par pays, nous levons le voile opaque qui depuis trop longtemps masque leur présence dans les paradis fiscaux. À partir de 2015, plus personnes ne pourra dire « Circulez il n’y a rien à voir! ». Les banques participent avec les multinationales et certains riches personnages au plus grand hold-up de notre histoire qui chaque année coute 1000 milliards d’euros à l’ensemble des pays de l’Union Européenne, l’équivalent de sept fois son budget annuel. Nous ne pouvions pas attendre d’être majoritaires en Europe pour agir!
Alors oui la marche des écologistes contre les paradis fiscaux et la finance folle est très loin d’être terminée. En réalité, elle ne fait que commencer tant les réponses, de Paris à Bruxelles, ne sont pas encore à la hauteur. Et au sein du Parlement, les prochaines étapes ne vont pas manquer. Première étape, le vote d’un rapport sur les paradis fiscaux prévu en mai. Viendront ensuite la révision de la directive anti- blanchiment d’argent ou encore l’élaboration d’une directive sur la transparence des activités non-financières. Les champs de bataille vont être nombreux d’ici à la fin de notre mandat.
Vous trouverez ci-jointe une chronique politique, aussi pédagogique qu’humoristique, du combat des écologistes élaborée par notre collègue Philippe Lamberts sur la directive Fonds Propres IV.
Jean-Paul Besset
Membre de la Commission ECON du Parlement européen
Eva Joly
Présidente de la Commission DEVE du Parlement européen
Membre suppléante de la Commission ECON du Parlement européen