Fonder une nouvelle relation avec le Rwanda pour contribuer à une économie de paix dans les Grands Lacs
par Karim Al Rifaï*
avec le groupe Afrique EELV
Réputé entretenir aux Kivus (RD Congo) une économie de guerre particulièrement meurtrière qui rémunère toute une chaîne d’intermédiaires militaro-mafieux et contribue à une bonne part de son PIB, le Rwanda est à d’autres égards un exemple de développement écologique et social en Afrique : 92 % de la population y dispose d’une assurance maladie publique, et sa politique forestière vient d’être récompensée par l’ONU pour sa gestion locale, autonome et durable. En renouant un nouveau partenariat avec le Rwanda, l’Union européenne et la France peuvent prendre l’initiative d’une politique de développement durable dans les Grands Lacs. Cette nouvelle relation doit être conditionnée au retrait progressif de l’influence rwandaise dans les Kivus. Elle a pour préalable une exigence de transparence sur le rôle qu’a joué la France au milieu des années 1990 dans la région.
Le Rwanda, « pays des mille collines », est coincé par une géographie exigeante qui limite les projets de développement rural : des montagnes au Nord (qui s’élèvent de 3 500 à 4 500 m), des marais à l’Est dans la région de l’Akagéra et, ceinturant le Sud-Ouest, le massif forestier de Nyungwe (ultime berceau naturel qui alimente l’une des sources géologiques du Nil1).
Au-delà de ces contraintes géographiques, le Rwanda pourrait bénéficier d’une réelle intégration régionale en prolongeant les anciennes voies commerciales de la traite orientale sillonnées par les Arabes2 et en profitant des anciens relais swahilis construits aux siècles derniers sur les côtes de l’océan Indien3. De par sa position centrale, le Rwanda pourrait être cette courroie de transmission entre l’ouest et l’est de l’Afrique orientale. C’est certainement un des desseins internationaux du Président Paul Kagamé élu depuis 2000, même si les voies utilisées posent question.
Avec ce Rwanda martyr du génocide des Tutsis de 1994, EELV, parti de gouvernement, pourrait proposer une politique de co-développement écologique fondée sur une conditionnalité réciproque, en tout cas sur de nouveaux principes bilatéraux.
Je comprend que peu de gens osent prendre partie sur un tel sujet.Mais il faudrait faire quelque chose.