Hollande – Netanyahou : rendez-vous manqué pour l’un, réussi pour l’autre
Commission transnationale d’EELV
Continuité de la politique française vis à vis du conflit israélo-palestinien. Mais où est donc passé le 59è engagement de François Hollande ?
Est-il légitime de continuer à conforter le gouvernement israélien dans sa politique de colonisation et de force qu’il impose au peuple palestinien ?
Lors de la première rencontre du Président français avec le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou qui s’est tenu à Paris , le 31 octobre dernier, leur convergence de vues qui s’en est suivie va au delà de ce que ce dernier pouvait espérer . D’ailleurs, dès le début de son intervention à la conférence de presse conjointe , le premier ministre israélien l’a noté « Aujourd’hui j’ai appris que finalement nous parlions, sur de nombreux sujets, une seule et même langue ».
Pour EELV, l’appui que le président français a manifesté aux désidératas israéliennes est dans la continuité du président précédent et nous attendions que François Hollande tienne à cette occasion un langage de vérité et son ferme engagement vis-à-vis du respect du droit international comme il a eu l’occasion de l’affirmer sur d’autres conflits. Il faut que la France et l’Union Européenne mettent fin à la l’impunité qu’ils accordent à la politique israélienne depuis trop longtemps.
Il ne suffit pas de déclarer que l’objectif est la cohabitation de deux états dans des frontières sûres et reconnues et ne pas s’interroger sur le facteur qui empêche, retarde voir rend caduc cet objectif. La politique du gouvernement israélien par la colonisation au delà des frontières de 1967, la judaïcisation de Jérusalem-Est, la poursuite du blocus de Gaza vont à encontre de la solution de deux états. Cette politique est contraire au droit, elle est dangereuse pour la paix mondiale, elle avive les tensions entre l’occident et le monde arabe, elle crée dans la région et ailleurs un terroir pour tous les fanatismes et extrémismes, elle ne garantit pas la sécurité d’Israël.
F.Hollande s’est prononcé fermement pour une reprise « de la négociation sans conditions », sans avancer aucune initiative pouvant donner une crédibilité à cette formule bien connue et qui par l’état d’avancement de la colonisation est vide de sens.
Pour mémoire, le Président Obama savait bien que la politique de colonisation israélienne rend impossible « une reprise des négociations » et durant les deux premières années de son mandat a demandé instamment au gouvernement israélien « le gel des colonies » afin de reprendre les négociations.
De plus, la « reconnaissance internationale de la Palestine », promesse du candidat François Hollande, ne figure plus dans l’agenda du Président français. Alors que les Palestiniens viennent de demander à l’Assemblée générale des Nations unies la reconnaissance d’un « Etat non membre des Nations Unies » et que le vote doit intervenir dans quelques semaines, François Hollande en présence de B. Netanyahou s’est ainsi exprimé ainsi : « Il y a aussi la tentation pour l’Autorité palestinienne d’aller chercher, à l’Assemblée générale des Nations Unies, ce qu’elle n’obtient pas dans la négociation.»
Pour mémoire encore, le président N.Sarkozy avait préconisé lors de la demande palestinienne d’un « Etat membre » auprès du Conseil de Sécurité en 2011 de diminuer les prétentions et demander le statut « d’Etat non membre », ce que les palestiniens demandent aujourd’hui.
Pour mémoire enfin, après maintes tergiversations jusqu’à quelques jours avant le vote, la France s’est prononcé en octobre 2011 favorablement quant à l’entrée de la Palestine comme membre à part entière à l’Unesco et a résisté à toutes les pressions américaines et israéliennes exercées auprès des gouvernements européens.
Pour EELV, la politique française sur le conflit israélo-palestinien ne peut pas se contenter de condamner par la voix du Ministères des affaires étrangères la colonisation à chaque nouveau projet et par ailleurs, se donner comme seule feuille de route sur ce conflit la « négociation sans condition » et le refus de la reconnaissance de l’Etat Palestinien à l’Assemblée générale des Nations Unies. Cette reconnaissance, nous le savons bien, ne résoudra pas tous les problèmes mais son acceptation marque un acte politique fort de la part d’un pays membre du Conseil de sécurité comme la France. Cette reconnaissance sera aussi une nouvelle donne pour renforcer l’Autorité palestinienne auprès de son propre peuple et faciliter le rapprochement avec le Hamas grâce à la médiation des autorités égyptiennes.
Nombreux sont les pays qui ont déjà reconnu l’Etat palestinien et se préparent à le faire à nouveau au sein de l’Assemblée générale. La France ne peut pas rester en dehors de ce mouvement qui tourne le dos à une politique « du deux poids deux mesures » quand il s’agit du conflit israélo-palestinien. A l’heure où les peuples arabes réclament justice et liberté, le peuple palestinien aussi les réclame.
Le Premier ministre israélien en campagne électorale sort conforté du soutien que le Président français lui a apporté, soutien encore plus affirmé que celui du Président précédent. Il pourra continuer à renforcer sa coalition électorale avec le nouveau parti d’extrême droite de Avigador Lieberman pour assurer de sa victoire.