Tunnel, réchauffement : de la base au sommet, le Mont-Blanc en danger
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Claude Comet
Elue EELV Rhône-Alpes, en charge de la Montagne et du Tourisme dans l’exécutif régional
Alors qu’on n’a parlé ces dernières semaines que des conditions climatiques et des risques que prennent tous ceux qui se lancent à l’assaut du toit de l’Europe, une menace encore plus importante se profile sous le massif : on évoque à nouveau, depuis quelques jours, l’ouverture d’un deuxième tube au tunnel du Mont-Blanc.
Une annonce en forme de coup de tonnerre et de partie de poker menteur, qui équivaudrait à se moquer tout à la fois de la santé publique et des injonctions de la Cour européenne de justice qui a pointé, à plusieurs reprises, les taux de pollution atteints dans les vallées de l’Arve et de Chamonix.
C’est curieux la une des journaux : les infos s’y succèdent en ordre accéléré, sans jamais que quiconque ne songe à mettre les sujets en lien les uns avec les autres.
Prenez le cas des accidents, cet été, dans le massif du Mont-Blanc. Comme chaque été, on a eu droit aux gros titres « La montagne qui tue » « La montagne homicide » (au fait, personne ne fait jamais le rapport accidents de montagne vs noyades en piscines privées). Avec, cet été, des pleines pages sur le « couloir de la mort »… Le couloir du Goûter que la mairie de Saint-Gervais et la préfecture de Haute-Savoie ont jugé prudent de déconseiller aux touristes.
Le problème, avec ce couloir du Goûter, c’est qu’il est situé sur la voie normale d’accès au toit de l’Europe, et que près de 17 000 alpinistes l’empruntent chaque année. Dont bon nombre arrivent du bout du monde et ont programmé de « faire » le Mont-Blanc entre telle et telle date, quelles que soient les conditions météo…
C’est une partie du sujet. Certains alpinistes veillent jalousement – et je le crois justement – sur ce « dernier espace de liberté » qu’il s’agit de ne pas trop réglementer.
Mais ce n’est qu’une partie du sujet. Si le couloir du Goûter se délite, que tombent de gros blocs de pierre, dans cette partie très exposée qu’il faut traverser presque en courant en s’accrochant à une main courante en acier… c’est que le changement climatique est en marche, là-haut au mont Blanc.
Le réchauffement est sous nos pieds
Ce changement climatique, les alpinistes aguerris le vivent chaque jour « sous leurs pieds », comme me le confirmait il y a quelques jours Eric Favret, président du Bureau des guides de Chamonix.
La montagne change. Et sous les grandes constantes que sont les variations météo saisonnières, se révèlent maintenant des épisodes climatiques de plus en plus marqués. Cette année un hiver neigeux et rigoureux, un printemps pourri, des pluies incessantes. Et, sans transition, un été brûlant et une sécheresse qui s’installe, qui ouvre les crevasses, fragilise les glaces et déstabilise les parois quand l’eau dégèle et s’écoule.
Mais c’est quoi le changement climatique ? La conséquence toute simple de nos excès, de nos modes de vie qui contribuent à loisir – sans jamais être remis en question – à l’émission de gaz à effet de serre (GES), et donc au réchauffement global de notre planète.
La succession d’éboulements aux Drus en 1997, 2003, 2005 (le plus important avec 250 000 m3) et 2011 participent du même réchauffement.
Les humains le savent. Et pourtant en bas, tout en bas, la folie et les ambitions financières restent les mêmes. Et c’est par-dessous, à sa base même, que le massif – que nous serions nombreux à vouloir classer – est menacé : creusé par un tunnel que certains veulent élargir encore…
Toujours à la une des journaux et du Dauphiné Libéré du 22 août dernier, on apprend le retour du « spectre » d’un deuxième tunnel au Mont-Blanc. Sur une page entière, le journaliste relate la prise de position du président de la Société italienne du tunnel du Mont-Blanc (SITMB), lors d’une rencontre récente avec ses homologues français des Autoroutes et tunnel du Mont-Blanc (ATMB) : l’homme se déclarait « clairement favorable au percement d’une seconde galerie pour dédoubler l’ouvrage transfrontalier ». A voir dans l’extrait dujournal de TV8 Mont-Blanc ci-dessous, la réaction d’Eric Fournier, le maire de Chamonix.
Si l’on s’oppose au TUNNEL FERROVIAIRE de base du MONT CENIS (comme c’est le cas des écologistes de la vallée de SUZE,ITALIE), ouvert aux TGV et aux TRAINS FRET ,le projet de doublement des tunnels routiers des ALPES moins chers auront beaucoup plus de chance d’aboutir