Stress tests européens : sureté insuffisante et mauvaise volonté des Etats membres
La Commission Européenne a publié ce jour son rapport sur les stress tests réalisés sur les centrales nucléaires d’Europe. Ce rapport confirme l’insuffisant niveau de sureté. Par ailleurs, EELV s’étonne de la disparition d’une annexe et de l’évolution de la notation des centrales.
Le texte rendu public ce jeudi 4 octobre confirme ce qui avait été révélé par la presse : la sureté nucléaire est largement perfectible et la France est particulièrement concernée. Dans la version publique, pas moins de 192 recommandations sont faites pour les 58 réacteurs français. Parmi ces recommandations, seules 82 sont déjà planifiées dans le cadre des demandes de l’ASN. Les recommandations pour le parc nucléaire britannique (détenu à plus de 80% par EDF) sont également très importantes.
EELV s’étonne également de la disparition de l’annexe présente dans une version antérieure du rapport. Cette annexe présentait la notation des centrales selon 11 critères. EELV constate également que cette notation a évolué (l’annexe en question se retrouvant dans un document technique subsidiaire) : certaines centrales sont désormais mieux notées. Pour quelles raisons l’analyse d’il y a quelques jours ne serait-elle plus la même que celle d’aujourd’hui ? EELV demande à la Commission d’expliquer les raisons détaillées de ces évolutions, centrale par centrale.
D’une manière générale, la communication de la Commission a été affaiblie. Certains Etats membres ont visiblement réussi à faire inscrire leur opposition à toute intervention de l’Union Européenne dans les questions de sureté nucléaire. Le Commissaire Oettinger l’a explicitement admis en indiquant que ce rapport était un « compromis » entre pro et anti-nucléaires. L’attitude véhémente de certains eurodeputés français, contestant la légitimité de la Commission à intervenir sur ce terrain, est une autre preuve. Si la volonté de sureté et de transparence était réelle, ce « domaine réservé » n’aurait aucune raison d’être et aucun compromis ne serait acceptable. Mais une telle volonté n’existe pas.
Elise LOWY, Jean-Philippe MAGNEN, Porte-parole