Sûreté nucléaire : « Dormez braves gens… »
La Commission s’apprête à annoncer les résultats des tests « de résistance » effectués sur les centrales nucléaires européennes suite à la catastrophe de Fukushima. Malheureusement, ces contrôles, tels qu’ils ont été acceptés par les Etats-membres, sont très incomplets et ne permettront pas d’évaluer les risques réels qui entourent le fonctionnement des 144 réacteurs européens. Découvrez l’étude indépendante commandée par le groupe des eurodéputés écologistes qui le démontre !
A la suite du séisme qui a eu lieu au Japon le 11 mars 2011, les Etats-membres s’étaient résignés à entreprendre des « tests de résistance » sur les 144 réacteurs européens afin d’évaluer leur capacité à encaisser les impacts d’un tremblement de terre ou d’une inondation. Six mois plus tard, les autorités de sûreté nucléaire européennes ont rendu leur copie. Un bilan transnational que la Commission européenne rendra public le mercredi 23 novembre.
L’efficacité de ces tests et la rigueur avec laquelle ils ont été réalisés sont aujourd’hui largement remis en cause par les écologistes. Pour Yannick Jadot et Michèle Rivasi, eurodéputés Europe Ecologie – Les Verts, « ils n’abordent pas les vrais risques pour les centrales nucléaires en Europe et ne tirent pas les leçons de Fukushima ». Pour étayer leur propos, les eurodéputés Verts/ALE au Parlement européen ont commandé une étude qui décline les faiblesses méthodologiques de ces tests réalisés dans la précipitation (voir pièce jointe). D’une part, ils ne prennent pas en compte les risques posés par des facteurs « internes » comme les incendies, les défaillances humaines, la dégradation ou le dysfonctionnement des infrastructures (ou la combinaison de ces facteurs)… D’autre part, dans la définition des risques « externes », ils n’incluent pas certains scénarios comme, par exemple, le crash d’un avion.
Pour l’Allemand Wolfgang Renneberg, l’auteur de cette étude (intitulée en anglais « European Stress tests on nuclear power plants »), « ces tests ne correspondent pas à ce qui avait été annoncé en mai 2011 » : « Si on veut vraiment parler de ’sûreté nucléaire’ et définir précisément ce qu’est une centrale ’robuste’, nous devons mettre en place des tests beaucoup plus globaux, qui se basent sur des critères modernes et objectifs. Cela n’effacera jamais le risque résiduel qui est celui du choix de l’énergie nucléaire… mais si on ne fait pas les choses en profondeur, alors autant ne rien faire. »
Cet exercice de relations publiques mis en place au niveau européen permet en tout cas à l’industrie nucléaire « de continuer à travailler comme à son habitude et favoriser le moins-disant sécuritaire », dénoncent les eurodéputés EELV. « La réalité de la sûreté et de la sécurité de notre parc nucléaire est très éloignée des discours lénifiants d’une industrie nucléaire aux abois et de ses représentants au sommet de l’Etat », poursuit Yannick Jadot. Pourtant si, dans son rapport publié le jeudi 17 novembre, l’Institut français de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) estime que les « installations nucléaires peuvent être légitimement considérées comme sûres », il relativise son propos, en préconisant lui aussi de revoir les normes françaises de sûreté en vigueur afin de renforcer la prévention…
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