Lettre ouverte d’Eva Joly aux syndicats de l’énergie

Lettre ouverte d’Eva Joly aux syndicats de l’énergie

Paris, le 9 novembre 2011

 

Chers amis,
L’élection présidentielle de 2012 est l’occasion d’un grand débat sur l’avenir énergétique de la France. Un débat crucial à l’heure où la France doit choisir entre deux chemins : persister dans le choix du nucléaire ou investir dans la transition énergétique que j’appelle de mes vœux.
 

En tant que travailleurs, professionnels du secteur de l’énergie, vous êtes au coeur de ce nécessaire grand débat. C’est vous qu’il concerne en premier lieu. La transition énergétique dont la France a besoin ne pourra se faire qu’avec vous. Pourtant depuis plusieurs jours, les partisans du renouvellement du parc nucléaire s’évertuent à montrer cette transition comme une impasse, voire comme une menace pour vos emplois et votre activité. Ils induisent pourtant les Français en erreur.
 
C’est dans ce sens que vont les dernières déclarations de M. Proglio dans Le Parisien. Il n’hésite pas à menacer les salariés : « sortir du nucléaire, ce serait mettre des centaines de milliers d’emplois en péril et tourner le dos à l’excellence industrielle française ». Loin de ces caricatures, de ces manipulations, je souhaite rétablir des faits et engager avec vous l’avenir énergétique de notre pays.
 
M. Proglio est d’une mauvaise foi terrible en affirmant que 400 000 emplois dans le nucléaire sont voués à disparaître. Les emplois directs sont de l’ordre de 125.000, et les salariés du nucléaire peuvent être les premiers à bénéficier des créations d’emplois de la transition énergétique. Cette transition permettra de garantir le nombre d’emplois actuels et d’en créer au moins 600 000 supplémentaires, dont une grande partie dans les énergies renouvelables. L’Allemagne nous a déjà ouvert la voie : pour 40 000 emplois dans l’industrie nucléaire, elle en a crée 370 000 dans les énergies renouvelables.
 
M. Proglio spécule en nous promettant 100 000 emplois issus du développement du nucléaire à l’étranger, alors que les erreurs industrielles se multiplient et qu’après Fukushima l’exportation du nucléaire apparaît comme une aberration: ces emplois n’existent pas.
 
M. Proglio trompe les salariés en estimant à 500 000 le nombre d’emplois menacés dans l’industrie à cause de la supposée augmentation du prix de l’électricité. Lui qui aime dire que le prix de l’électricité en Allemagne est très élevé ne sait-il pas que l’industrie allemande est bien plus florissante que la nôtre ? C’est en misant sur l’innovation verte, à commencer par des procédés de fabrication plus économes en énergie, que l’industrie française trouvera sa place sur les marchés mondiaux.
 
La sortie progressive du nucléaire offre un avenir à notre excellence industrielle. Ces dernières années, les énergies renouvelables ont représenté la grande majorité des investissements énergétiques. Quand certains rêvent d’une renaissance de l’industrie nucléaire, nous assistons dans le monde entier au développement généralisé de l’industrie des énergies renouvelables. Les exemples de sites industriels sauvés par ces marchés porteurs se multiplient. Et c’est sans compter sur l’héritage nucléaire qui nous impose de former et d’embaucher des personnels compétents pour améliorer la sécurité des centrales en fin de vie, pour développer une filière de démantèlement capable de satisfaire les besoins mondiaux en la matière. La voie que nous proposons, c’est en définitive une voie d’excellence industrielle pour la France : l’excellence écologique.
 
Je souhaite aussi garantir la qualité des emplois dans le secteur énergétique. Alors que l’industrie nucléaire s’est fourvoyée depuis trop longtemps dans la sous-traitance et la précarité, je veux travailler avec vous pour garantir la qualité des conditions de travail dans les secteurs de la transition énergétique. Permettez moi, à ce sujet, de vous faire part de mon inquiétude quant aux conditions d’emplois et de travail sur le site du chantier EPR de Flamanville : les différents niveaux de sous-traitance et l’absence de garantie de sureté sur le site exposent les travailleurs à des risques innaceptables. Une politique de transition énergétique, qui intégrera le travail nécessaire au démantèlement des centrales, exigera de mon point de vue le retour au principe de l’employeur unique pour en finir avec cette mise en danger des travailleurs et des travailleuses. De la même manière, cette transition permettra de pérenniser les emplois en étudiant les conditions de la conversion des salariés vers l’avenir énergétique, garantissant à chacune et à chacun un revenu et une formation.

 

Mesdames, messieurs, c’est pour ces raisons que je souhaite vous rencontrer dans les meilleurs délais, pour que nous travaillons ensemble à ce chemin d’avenir. C’est avec les citoyens et les travailleurs que nous inventerons un futur énergétique soutenable pour la France.

 

Eva Joly

6 commentaires pour “Lettre ouverte d’Eva Joly aux syndicats de l’énergie”

  1. à l’écoute des commentaires de ce soir, je comprends mieux pourquoi certains socialos disaient que l’accord aurait de la gueule.
    C’est de la gueule de bois…
    Hollande a gagné, tout comme AREVA, EDF et consorts.
    Pourvu que le conseil national d’EELV refuse cet accord !!!
    EELV va se couper de nombre de ses partenaires potentiels qui croient en l’écologie politique (réseau sortir du nucléaire, Greenpeace, …)
    C’est môche !

  2. Bravo pour enfin sortir du nucléaire, progressivement.
    Tout en ayant la même consommation d’énergie, grâce aux énergies vertes (solaire, éolienne, barrages de fleuves, carburant propres à l’eau, & s’allier avec les nouvelles découvertes, et avec les lois de la nature entre autres ; algues vertes transformées en énergie…. j’en passe) et inciter les citoyens à économiser l’énergie- qui se fera aussi par la crise économique-
    L’ EPR est trop près de l’Océan, et qui maîtrise les forces de l’océan ?
    L’essentiel est d’agir en accord avec les lois de la nature ce qui donne l’espérance d’un monde avec moins de problèmes.
    Celà a-t-il été le cas dans ce siècle ?

  3. Pour bien choisir, il faut être correctement informé.

    Le pouvoir actuel tente de nous endormir avec des propos mensongers, outranciers, contre les écologistes presentés comme rétrogrades ou irresponsables, alors qu’il y a urgence à stoper toutes les nuisances d’un soit disant progrés nous empoisonnant chaque jour un peu plus !…

    Que nos politiques arrêtent de nous faire peur en nous aveuglant des seuls choix possibles selon leur étroite vue : le co2 ou le nucléaire car …

    Car le bon air éxiste encore … et c’est la meilleure énergie pour une auto… UNE AUTO A AIR COMPRIMÈ …

    Avec suffisamment d’autonomie quoiqu’en disent les détracteurs et lobiistes qui vont jusqu’à effacer ce genre d’infos sur certains blog prétenduement « verts », elle rivalise déjà avec les futures AUTO-LIB.
    Elle roule au LUXEMBOURG, sur certains tarmaks, à NICE, projet vendu en INDE …

    Ateliers de fabrication de proximité, assurant travail décentralisé dans tout le pays et livraison en circuit super court … ECONOMIES sur tous les plans …

    VOIR LE SITE DE LA PREMIERE ENTREPRISE : M.D.I. CARROS

    Et qu’on arrête de perdre du temps à tenter de créer des autos électriques tant que l’électricite est encore nucléaire, l’usage et le recyclage des batteries encore source de pollutions et d’exploitations humaines à travers l’extraction des métaux rares.

  4. Et pour éviter de consommer encore plus d’énergie nucléaire avec des voitures électriques, et en attendant le développement des energies vertes, penser aux moteurs à AIR COMPRIMÈ …

    Sans co2, d’une autonomie suffisante pour la plupart de nos trajets, déjà utilisés dans certaines villes, ce procédé propre et économique reste encore trop confidentiel.

    Le CITOYEN RESPONSABLE est un être CORRECTEMENT INFORMÈ s’il veut bien choisir …

    Et concernant nos déplacements routiers, cette oportunité de circulation propre, mal connue, occasionne trop souvent étonnement ou appréciations erronées.

    INFORMATION … INFORMATIONS COMPLETES … Ca reste un impératif corollaire au choix de nos énergie, à l’heure et à l’aune de la crise et d’UNE GRANDE NOUVELLE SOCIETE …

  5. Oui, bravo. J’ajoute un aspect très important, c’est le type de société que les choix énergétiques induisent: le nucléaire, c’est une société centralisée et policière, antidémocratique et répressive, cf. http://www.yvesmichel.org/admin/tous-les-livres/nucleaire-la-democratie-bafouee
    Alors que les énergies renouvelables sont plus décentralisées (selon leur application, bien sûr, en évitant les « centrales » éoliennes !) et nous rend donc moins vulnérables et minimise les coûts de transports de l’électricité.
    Yves MICHEL veille citoyenne sur http://www.yvesmichel.org

  6. Messieurs les ecolos…

    On remplace par quoi?
    1. L’eolien: Tout le monde est pour… tant que c’est chez le voisin, et les ecolos pensent que ca denature le paysage.
    2. Le photovoltaique: En recouvrant la france de panneaux solaire on doit pouvoir y arriver! Mais bon au nord de Valence y a plus beaucoup de soleil donc ca limite la surface!
    3. Les barrages de fleuve, possible mais ca remplacera pas les centrales
    4. Geothermique et maree-motrice n’est pas applicable partout.
    5. Comme les Allemands qui creent 26 centrales au charbon? Pas tres ecolo ca!

    Alors quand on maitrisera la fusion, on pourra se passer completement du nucleaire actuel, en attendant, c’est de la pure utopie!
    On est d’accord sur un point il faut stopper le rechauffement et sortir a terme du nucleaire, mais jusqu’a ce qu’on passe a la fusion c’est la meilleure solution pour repondre aux besoins actuels, le reste c’est du vent.

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