Le méthane pour lutter contre les algues vertes, ça n’a aucun sens !
Communiqué de presse du 18 juillet 2011
Le 7 juillet dernier, lors de son déplacement dans le Finistère, le Président de la République a lié la lutte contre les algues vertes qui envahissent de plus en plus les plages bretonnes au développement de la méthanisation des effluents agricoles.
Présenter la méthanisation comme un moyen de lutte contre les algues vertes (dues à la contamination nitrique des eaux) est pourtant totalement infondé ! En effet, ce traitement n’élimine en rien l’azote ni le phosphore contenu dans les déjections, ces éléments subsistant dans le résidu qu’il faudra toujours épandre.
Or, les marées vertes, mais aussi, au large, les proliférations de micro-algues toxiques, sont la conséquence directe d’un apport massif par les cours d’eau de l’azote issu du lessivage des sols agricoles surfertilisés.
En Bretagne cette surfertilisation provient notamment d’un déséquilibre entre le nombre d’animaux d’élevage et la surface des terres agricoles susceptibles de recevoir leurs déjections: aux engrais azotés de synthèse utilisés massivement sur les cultures qui en grande partie alimentent les élevages, vient s’ajouter l’azote présent dans les déjections animales, dont un bon tiers provient de la ration de soja importé du Brésil.
Dans certains contextes et à petite échelle, transformer en méthane le lisier issu des élevages peut être une pratique intelligente sur le plan énergétique, mais le soutien public à l’implantation de gros dispositifs de méthanisation des effluents d’élevage risque fort de favoriser les grosses unités de production animale, en leur donnant un alibi environnemental… Le problème des algues s’en trouverait alors encore accru !
Parallèlement, un projet de décret en matière d’épandage d’azote prévoit de remplacer le mot surface épandable par surface agricole, faisant ainsi subtilement passer la limite tolérée d’épandage de 170 à 215 kg d’azote par hectare alors que les sols bretons n’en peuvent plus !
Au lieu de résoudre le problème en limitant la taille des usines à viande, l’Etat cède une fois de plus au lobby des éleveurs industriels et aggrave le problème. Au total, le citoyen paye plusieurs fois : il soutient une agriculture polluante, il finance des équipements couteux qui ne résolvent pas le problème, il subit une forte dégradation de l’environnement, il perd localement du chiffre d’affaires avec la baisse du tourisme, il génère en dépenses de santé le coût sanitaire de ce modèle absurde….
Il est pourtant possible et nécessaire de concevoir pour la Bretagne, comme pour les autres régions de France, un système agricole moins spécialisé, plus respectueux de la qualité de l’eau et de la biodiversité, en lien avec la consommation locale, respectueux des revenus et des conditions d’existence des agriculteurs. L’élevage, en Bretagne comme ailleurs, doit retrouver sa place, équilibrée, au cœur des systèmes agricoles. Les légumineuses fourragères cultivées localement sont préférables aux importations massives de soja latino-américain. La viande doit retrouver une place plus mesurée dans la consommation alimentaire humaine, être produite sur tout le territoire et d’abord dans les zones herbagères pour les ruminants.
Europe Ecologie – les Verts
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