La catastrophe de Fukushima au Japon pose quatre graves problèmes de santé
Les fortes doses
Les effets de la radioactivité sur les êtres vivants dépendent des doses reçues, mesuré en Sv (Sievert)
– à partir de 1 Sievert, SV, ( ou 1OOO milliSv), les personnes sont malades
dans les heures et les jours qui suivent. Elles souffrent de vomissements, maux de tête, diarrhées, puis diarrhées sanglantes, puis elles perdent leur capacité de défense, en particulier contre les microbes.
– à partir de 5 Sv, une personne sur deux va mourir rapidement
– à partir de 10 Sv, 100 % des personnes vont mourir
Les informations concernant les travailleurs de la centrale de Fukushima sont extrêmement inquiétantes : pour certains, ils reçoivent ces fortes doses en une ou deux heures. C’est pourquoi l’attitude de ces travailleurs a été qualifiée et d’héroïque par le président de l’Autorité de Sûreté Nucléaire française (ASN). Beaucoup ont déjà reçu des doses mortelles. Il faudra envoyer de très nombreuses personnes successivement sur le site car elles ne peuvent rester que très peu de temps sur les parties les plus exposés.
Les faibles doses
Le problème des faibles doses est très différent. Les faibles doses augmentent le nombre de cancers dans la population dans les dizaines d’années qui suivent une irradiation et peuvent se manifester pendant au moins 40 ans. Par ailleurs elles déclenchent des anomalies génétiques, qui pourront n’apparaître qu’après plusieurs
générations.
La dose admise dans des conditions normales de fonctionnement de l’industrie nucléaire est de 1 miliSv par an pour l’ensemble de la population, et on accepte 20 fois
plus pour les travailleurs du nucléaire. Une part significative de la population japonaise est aujourd’hui concernée par le dépassement de ces doses.
Mais il faut savoir que les connaissances scientifiques internationales admettent aujourd’hui qu’il n’y a pas de seuil de toxicité au-dessous duquel le risque serait nul. Toute dose de radioactivité augmente le taux de cancers dans la population. Il existe une radioactivité naturelle comme il existe des cancers « naturels ». Toute dose de radioactivité augmente le nombre de cancers.
La contamination
On peut se protéger d’une irradiation en s’éloignant de la source. Mais la situation est
différente en cas de contamination par des particules radioactives qui sont alors présentes sur la peau, absorbées dans l’air que l’on respire ou dans l’eau et les aliments que l’on mange. Dans ce cas les particules radioactives peuvent s’intégrer dans le fonctionnement du corps humain. L’iode 131 se fixe dans la thyroïde, le césium137 dans les muscles, le strontium 90 dans les os. Ils peuvent y entraîner des dégâts sur les cellules voisines même si la dose délivrée à l’ensemble du corps est infime.
De plus, dans le cas où des personnes sont contaminées, lorsqu’elles s’éloignent de la source de pollution, elles restent porteuses de la petite source fixée dans leur corps, dans certains cas pour des dizaines d’années. On comprend alors que la toxicité puisse être importante pour des doses très faibles en termes d’irradiation. De ce point de vue, la population concernée est énorme.
L’Iode 131 perd la moitié de son activité en 8 jours et 99% en un peu moins de 3
mois. C’est pourquoi on peut se protéger avant une contamination annoncée en saturant la glande thyroïde par de l’iode non radioactif. Le Césium 137 perd la moitié de son activité en 30 ans et 99% en 300 ans. La durée de vie du strontium 90 est à peu près identique à celle du césium 137.
Le MOX
S’ajoute aux difficultés énoncées ci-dessus le fait que le réacteur numéro trois fonctionne au MOX, combustible préparé à l’usine de La Hague, qui consiste à mélanger à l’uranium une part de plutonium 239. Ce plutonium n’existait pas dans la nature il y a un siècle et a été produit par l’activité des humains. Il présente un danger particulier par sa toxicité très forte en cas de contamination aérienne. La dose toxique est de l’ordre du millionième de gramme et peut provoquer un cancer du poumon s’il est inhalé. De plus, il perdra la moitié de son activité en 24 000 ans et 99 % de son activité en 240 000 ans ! Autrement dit, cette pollution est définitive.
De ce point de vue, la France a une responsabilité particulière en tant que producteur
du MOX, dont une livraison devait être effectuée en mars au Japon…
En conclusion, Les japonais sont très loin de maîtriser la catastrophe de Fukushima, ses conséquences portent sur de nombreuses générations et concernent au moins la population de tout l’hémisphère nord.
Rendons hommage à tous les morts passés, présents et futurs du nucléaire.
Mais rendons aussi hommage aux électeurs allemands du Bade-Würtemberg qui ont placé les Verts en position de prendre la présidence de la région dans le but de sortir du nucléaire.
Jean-Luc VERET
Président de la Commission Nationale Santé d’Europe Ecologie – Les Verts
Médecin de Santé Publique, Conseiller Municipal de Caen
Ancien président de l’Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l’Ouest
Jean-Luc.veret@wanadoo.fr Portable : 06 07 68 04 89