Intervention de Jérôme Gleizes
Chers amis,
Au nom d’Europe Écologie Les Verts, je suis heureux de parler et d’être là pour apporter notre soutien à la révolution tunisienne qui a initié le large mouvement actuel d’intifada dans le monde arabe. Mohamed Bouazizi n’aurait pas pu avoir un tel meilleur hommage que celui que le peuple arabe est en train de lui rendre.
Avant d’aller plus loin, je tiens à préciser que Tunisie Verte, notre parti associé tunisien au sein de la fédération internationale écologiste Global Green n’est pas membre du front du 14 janvier mais uniquement du Conseil pour la sauvegarde de la révolution.
Mais je ne suis pas là pour discuter des divergences stratégiques entre tunisiens. Cette révolution reste encore inachevée tant que les points principaux des plate-formes ne sont pas mis en œuvre, tant que le symbole de l’ancien régime Ghannouchi est encore en place. Mais elle est un formidable espoir. La Tunisie a été pour nous toujours emblématique des erreurs de la politique étrangère occidentale et française. Nous n’avons jamais mis au second plan les questions démocratiques, les questions de liberté, de défense des minorités. Cécile Duflot, Dany Cohn-Bendit, Hélène Flautre, Noël Mamère, Eva Joly, et d’autres n’ont pas attendu la chute de Ben Ali pour apporter leur soutien au peuple tunisien, par leur visite, notamment lors du procès des mineurs du bassin de Gafsa-Redeyef ou par leurs discours. Pendant longtemps, nous avons été traités de naïfs parce que nous n’acceptions pas les vertus de la réalpolitik et de la défense des intérêts occidentaux, ou inversement parce que nous n’acceptions pas les vertus des régimes autoritaires, au nom d’un certain anticapitalisme.
Résultat, lorsque mes peuples se révoltent pour imposer la démocratie, le pouvoir du peuple, nos diplomaties se retrouvent nues, peinent à réagir. Et là, la France, terre des des droits de l’Homme, est particulièrement coupable de son impuissance. Alors que nous aurions pu être support de ces révolutions, nous avons été soutien jusqu’au dernier moment de ces dictatures.
Merci au peuple tunisien d’avoir rappelé les fondements de la révolution, comme en 1789 quand le peuple a renversé le régime monarchique, Chaâb yourid esqat ennidham.
Jérôme Gleizes, responsable de la commission transnationale EELV, le 23 février 2011