Pour un développement des sports de nature !
Véritable phénomène dans le champ sportif, le sport de nature est rarement pris en compte de manière globale par les collectivités territoriales. Elles le traitent la plupart du temps, de façon éclatée et/ou ponctuelle : manifestation, pratique sportive en club, aménagement, environnement, promotion/image, jeunesse/vie associative, seniors, tourisme… tout en ignorant l’impact engendré sur l’économie et sur l’emploi, que l’appareil statistique national ne permet pas de mesurer correctement.
La jeunesse relative du phénomène est une des raisons de cette situation, particulièrement préjudiciable à la mise en œuvre de politiques communales cohérentes et concertées.
De quoi parle-t-on ?
Pratiquant/es, sportif/ves de haut niveau, consommateur/trices, agents de développement ou chargé/es de mission tourisme, environnement…agents de l’Etat en charge de ces pratiques, élu/es du mouvement sportif, enseignant/es, élu/es en charge du sport, du tourisme…autant de rapports à ces pratiques qui font varier la façon de les appréhender.
Leur point commun : parler des pratiques sportives ou de loisirs, qui se déroulent en milieu naturel ou artificiel, dans un cadre très réglementé relatif à la sécurité des personnes, à la propriété privée et publique, aux zones de montagne et de littoral, à la protection de l’environnement, à la fiscalité des sportifs, à la vente de produits touristiques…
Savoir les repérer
Si elles naissent au début du XXème siècle, ces pratiques se développent véritablement dans les années 1960, avant de connaître une croissance exponentielle au début des années 1980. L’individualisation des pratiques ainsi que la sensibilité accrue des Français vis-à-vis de l’environnement, sont les deux moteurs de cette croissance, largement soutenue par l’Etat et les médias. Aujourd’hui, ces pratiques connaissent un engouement partout sur le territoire national : le sport, le tourisme, l’emploi et l’aménagement du territoire, en particulier, mais aussi l’éducation, la formation supérieure, l’insertion, la santé, la fabrication et la distribution d’articles et de matériels…sont concernés.
Dans les territoires ruraux ou de montagne, elles représentent parfois un vecteur essentiel de l’attractivité résidentielle et touristique. Les conflits d’usage, encore nombreux il y a 20 ans, tendent à diminuer sous les effets conjugués d’une démocratisation de ces pratiques et d’un encadrement législatif et réglementaire qui favorise la concertation.
Activités de plein air, activités sportives de nature, sports ou activités de pleine nature et enfin, les sports et loisirs de nature, sports de nature, tourisme et loisirs sportifs de nature, outdoor… Toutes ces terminologies historiquement datées, sont encore employées, ce qui ne facilite pas leur identification.
Publics et motivations
Les motivations sont très variables. Elles vont de la recherche de sensations pour les plus jeunes, à la recherche de bien-être, de santé ou simplement de convivialité ou de découverte du patrimoine, pour les familles et le troisième âge.
Les dernières tendances confirment une capacité à innover particulièrement remarquable du point de vue économique et social : ski hot-dog, kitesurf, buggy sur sable, snowkite…par exemple pour les sports de glisse qui rassemblent fabricants, pratiquant/es de haut niveau et population dans le cluster « Eurosima » en Aquitaine. Ce point permet notamment d’éclairer l’engouement des jeunes citadins pour des pratiques devenues parfois des marqueurs identitaires forts (la pratique de l’escalade ou les vêtements empruntés au surf par exemple).
Jeunes et seniors, groupes d’amis sportifs ou pas, enfants dans le cadre scolaire, et périscolaire, adolescents et jeunes adultes…tous les publics sont touchés par la vague des sports et loisirs de nature, qu’il s’agisse de ruraux, de néo-ruraux ou de citadins.
Quelques chiffres clés
Le triptyque des sports les plus pratiqués par les Français : natation, randonnée pédestre, VTT-VTC (Le football n’apparaît qu’à la 8ème place, derrière la musculation et la pétanque) ;
48 % des résidents de l’Union européenne déclarent pratiquer une activité dans la nature.
En France, les sports de nature représentent :
- 2 182 047 licences délivrées par les fédérations sportives et 45% des médailles françaises aux Jeux Olympiques.
- 60 718 éducateurs sportifs déclarés, soit 68 % du total des éducateurs déclarés.
- 22 syndicats de professionnels soit 20 000 professionnels.
- 4,9 milliards d’euros dans le tourisme en 2009.
- La pratique du vélo peut être estimé à 4,5 M€ pour un effectif de 35 000 emplois.
- Plus de 6 000 km de véloroutes et voies vertes.
- Cluster Eurosima : 1,6 Mds € de chiffre d’affaires cumulé, 3 500 emplois.
- Cluster Montagne : 1,5 Mds € de chiffre d’affaires cumulé, 5 000 emplois.
- Cluster Outoorsportvalley : 1,2 Mds € de chiffre d’affaires cumulé, 3 200 emplois.
Sports de nature et intercommunalité
Les sports de nature représentent une opportunité pour conditionner des formes d’attractivité territoriale nouvelles, particulièrement favorables aux zones rurales et de montagne qui rencontrent des difficultés en termes de démographie, d’économie et d’emploi.
La mise en œuvre de politiques concertées capables d’embrasser les enjeux environnementaux, économiques et sociaux, en est la condition. Le chaînon manquant (la connaissance des sports de nature dans leur globalité, et souvent, la capacité à en mesurer l’impact à l’échelle d’un territoire) est un préalable à la coopération des différents acteurs et des collectivités concernées.
Comment accompagner le développement des sports de nature sur votre territoire ?
- Personnes ressources : le référent départemental des sports de nature au sein des services de l’état de la DDCSPP (anciennement Direction Départementale de la Jeunesse et des Sports), le référent sports de nature du conseil général qui a la compétence pour « favoriser le développement maîtrisé des sports de nature »
Voici un lien vers une cartographie de vos correspondants en région : http://www.sportsdenature.gouv.fr/fr/page.cfm?id=144&cat=10)
- Un site portail où trouver toutes les informations nécessaires et notamment les textes juridiques à jour : www.sportsdenature.gouv.fr
Quelles actions mener sur les territoires ?
- Intégrer les sports de nature, outil privilégié d’éducation et de sensibilisation à l’environnement, au fait de sortir dans la nature, dans les projets éducatifs territoriaux (PEDT) dans le cadre des nouveaux rythmes scolaires. Inciter chaque collectivité locale à s’inscrire dans la dynamique éducative « Sports de nature, tous dehors ! ». Chaque enfant doit pouvoir vivre dans sa scolarité un séjour sports de nature.
- Pérenniser les lieux de pratique de chaque territoire en les faisant inscrire par le conseil général au Plan Départemental des Espaces Sites et Itinéraires (PDESI) relatifs aux sports de nature et généraliser sur tout le territoire les PDESI. Intégrer ces Espaces, Sites et Itinéraires dans les documents d’urbanisme (PLU, SCOT notamment).
- Si votre territoire est support d’une zone Natura 2000, il est intéressant de veiller à ce que les associations et les professionnels des sports de nature soient intégrés dans le comité de pilotage du DOCOB. Inscrire les sports de nature dans la charte Natura 2000 représente un levier à une gestion durable de ces activités dans ces zones à enjeu environnemental fort.
- Soutien aux associations sportives et favoriser sur chaque territoire la mise en place d’école multisports de nature, pour former les jeunes citoyens à la connaissance de leur territoire par les sports de nature.
- Soutien aux manifestations sportives de nature déclarées en préfecture et véritables leviers de développement social et économique des territoires.
- Favoriser l’installation de professionnels diplômés pour dynamiser l’économie de vos territoires.
- Favoriser la création d’équipements légers, de proximité et réversibles pour répondre aux besoins des citoyen/nes avec peu de frais et sans obérer la qualité environnementale des sites, en prenant appui sur les cadres techniques de l’Etat placés auprès des fédérations sportives.
- Mettre en place sur chaque territoire un schéma de déplacement altermodal basé sur les moyens de déplacements non motorisés (pédestres et cyclistes essentiellement) mais à sécuriser.
- Préserver l’accès à la nature pour toutes et tous en favorisant la professionnalisation de l’entretien et l’aménagement de sites de pratiques, notamment les sentiers par la création d’emplois d’avenir dédiés.
- Evaluer les retombées sociales, éducatives et économiques des sports de nature sur les territoires et inscrire les actions dans des projets d’aménagements du territoire financés au niveau départemental, régional, national et européen.