Luc Chatel : La mauvaise éducation
Suppression annuelle de 16 000 postes d’enseignants, réforme du lycée bâclée et non concertée, sentiment d’abandon et de mépris des personnels : voilà le résultat, hélas provisoire, des mauvais traitements infligés par la droite à l’Education Nationale. Passées les bornes, il n’y a plus de limites, puisqu’à cette situation calamiteuse le ministre de l’Education Nationale vient ajouter deux mesures aussi dangereuses qu’inefficaces.
La prime de résultats, certes limitée à € 6 000, tous les 3 ans, sous prétexte de valoriser les projets pédagogiques, la réussite scolaire ou la « capacité d’intégrer les élèves en grande difficulté », contraindra les chefs d’établissements à se faire complices de la politique de suppression de postes et d’asphyxie de l’institution éducative que mène le gouvernement, les encourageant à mettre sur leurs équipes pédagogiques une pression permanente afin de « faire plus et mieux avec moins », selon la rengaine comptable que nous servent Luc-Marie Chatel et ses copains de droite.Quant à la suspension des allocations familiales pour cause d’absentéisme scolaire, non seulement elle est déjà inscrite dans une loi, heureusement jamais appliquée, de mars 2006, mais c’est aussi le pire service qu’on puisse rendre aux familles visées, dont elle ne fera qu’aggraver la situation. La droite résume le décrochage scolaire, la démobilisation des élèves et les difficultés sociales des familles à une prétendue démission des parents et, dans sa logique simpliste, préfère sanctionner les personnes que les causes de leurs difficultés. Les Etats généraux de la violence scolaire, en avril 2010, ont pourtant montré qu’il était possible de lutter contre l’absentéisme sans se vautrer dans l’obsession sécuritaire mais, au contraire, en responsabilisant les élèves, en faisant travailler les personnels en équipe, en densifiant la présence humaine. Il s’agit « de prévenir le problème, de discuter avec les parents le plus tôt possible. Souvent, ils croient à l’importance de l’école », comme l’a déclaré la secrétaire d’Etat finlandaise à l’Education, issue du centre-droit.
Il s’agit surtout de se doter d’une réelle stratégie éducative, d’investir massivement dans l’éducation, en termes humains et matériels, d’avoir une réflexion collective sur l’institution éducative, qui doit demeurer notre meilleur outil de préparation de l’avenir et d’élévation des consciences.
Communiqué de presse du 26 janvier 2011
Djamila Sonzogni, Porte-parole