Tac au tac sur le programme FN de 2012 – L’Euro
Leur constat
L’euro est l’un des principaux maux de la France !
Dans ce monde, est-on plus fort seul ou ensemble ?
Le problème est moins l’euro que la politique de l’euro menée par une BCE hors de tout contrôle démocratique et indifférente à l’emploi.
Le Front National, en proposant de quitter la zone Euro, ne s’oppose pas aux choix de la BCE et du FMI. Le FN propose de nous en extraire et de s’isoler. La monnaie unique est un symbole fort de l’UE, en ne montrant aucune volonté de le défendre, Marine Le Pen prouve son rejet pour toute entité supranationale. Des solutions coordonnées au niveau européen sont possibles, mais le FN refuse d’en entendre parler. C’est donc véritable une posture idéologique, qui biaise la réalité et l’amène à prôner des solutions négatives extrêmes (sortie de l’euro) alors que des solutions positives existent (coopération, gouvernance, mutualisation de la dette).
La récession a été plus forte dans la zone euro (comparée aux Etats-Unis).
Faux. Au sein de l’Union européenne, tous les pays ont connu une récession équivalente (zone euro ou non). D’un point de vue international, la situation japonaise est pire que la nôtre. Enfin, le dynamisme de l’économie américaine se fait au prix d’un déficit abyssal, ce qui n’a rien d’enviable.
La monnaie unique n’est pas adaptée à 17 pays si différents.
La monnaie unique n’est pas le choix le plus pertinent dans une si grande zone sans unité forte. Sa création devait relancer la machine européenne, hors il manque une politique budgétaire indispensable pour compenser les effets négatifs de la monnaie commune.
L’hétérogénéité des États-Unis n’est pas moindre que celle de l’UE. Cela ne les empêche pas d’avoir le dollar comme monnaie unique car existent des mécanismes de solidarité entre les États et un budget fédéral conséquent – 20 % du PIB, à comparer au 1 % du budget de l’UE.
La question n’est pas « avec ou sans euro », mais plutôt de créer la gouvernance économique européenne qui permettra d’achever la construction de l’euro.
La dette France va exploser si l’on reste dans la zone euro, car il va falloir payer pour les grecs, puis les espagnols, etc.
C’est un risque. Néanmoins, nous sommes partisans d’une solidarité européenne. Il faut également rappeler que la politique de la BCE et de l’Union Européenne en général est extrêmement libérale. Ce sont ces décisions qui poussent aujourd’hui aux cures d’austérité. Pas l’Europe en elle-même.
L’euro n’a eu que des effets négatifs sur notre économie et a favorisé les délocalisations.
L’euro a grandement facilité les échanges, mais il a surtout mis fin à la compétition monétaire entre les pays membres. Enfin, il est impossible de dire que l’économie française aurait mieux réagi seule à la mondialisation et à la crise des subprimes.
Nous subissons la politique économique non coopérative de l’Allemagne
C’est en partie vrai, mais il ne faut pas confondre cause et conséquence : la politique économique non coopérative de l’Allemagne est la conséquence de l’absence de coopération budgétaire à l’échelle européenne, et notamment de convergence fiscale, mais pas du fait de l’euro !
Au lieu d’être un espace de coopération, l’UE a fait de la concurrence entre les États membres l’axe central de sa construction. L’euro est pris dans une contradiction fondamentale : il est la monnaie unique d’États qui sont en guerre économique, c’est cela qu’il faut changer, car le retour aux monnaies nationales ne résoudra pas ce problème fondamental !
La solution du FN : la sortie de l’euro et la dévaluation
Si la France sortait de la zone euro, la dette augmenterait de 11 à 14 points du PIB au pire. Mais nous serions en position de force pour négocier avec ses créanciers.
Nous serions seuls, et absolument pas dans une position de force.
La hausse de la dette serait en effet de cette ampleur. De manière générale, le FN affiche un volontarisme politique au service d’un repli nationaliste que nous récusons. La renégociation de la dette doit être effectuée au niveau européen, par la création d’eurobonds.
Le risque d’inflation est quasiment nul.
Totalement faux. L’inflation est plus que probable. Choisir le taux de change (1 nouveau Franc = 1 euro) est certes une bonne idée, les agents économiques n’étant pas tentés d’arrondir à la virgule près leurs prix. Toutefois, la dévaluation créera de l’inflation. Prédire aujourd’hui de combien sera la hausse des prix est impossible. Néanmoins, celle-ci sera importante, pour la simple et bonne raison que le pétrole et la majorité des matières premières, continueront d’être achetés en dollars.
La réintroduction du franc ira de pair avec le rétablissement des prérogatives de la Banque de France en matière monétaire, y compris la capacité de consentir des avances au Trésor.
En prévoyant la suppression de la loi du 3 Janvier 1973, qui interdit à l’Etat d’emprunter à la banque de France, le FN ouvre la boite de Pandore. L’autofinancement comporte des risques, qu’il ne faut pas sous évalués. Quand on voit la quantité de promesse électorale que le FN fait, on peut d’ores et déjà craindre que la planche à billets fonctionne à plein régime s’il accède au pouvoir.
L’Etat ferait marcher la planche billets entrainant dévaluation et donc une inflation terrible qui ruinerait l’épargne des Français, avec le risque de dévaluation successive de la monnaie à la manière de l’Argentine des années 2000 ou de l’Allemagne des années 1920.
Quitter la zone euro nous permettra de récupérer l’arme monétaire.
Oui, mais tout seul. L’Union Européenne a fait le choix initial de supprimer la politique monétaire. Il est fondamentale de redonner ce pouvoir à la BCE si nous voulons approfondir la construction européenne.
« Le Franc pourrait être adossé ultérieurement à un étalon monétaire polymétallique constitué d’un panier de monnaies et de métaux précieux » Sur leur site internet le 05/07/2011
Totalement délirant. On se croirait au début du XXe siècle. C’est une mesure démagogique, irréaliste et a pour unique fonction de faire plaisir à une partie de son électorat.
Il faut quitter l’euro et procéder à une dévaluation compétitive.
L’éclatement de la zone euro conduirait à une série de dévaluations compétitives, chaque pays essayant de prendre des parts de marché à ses voisins, une telle orientation se traduisant d’ailleurs par un jeu à somme nulle, dans une Europe dont les économies sont intégrées.
Loin d’induire plus de solidarité entre les peuples, il se traduirait par encore plus de concurrence, de dumping social et fiscal, avec pour conséquence une aggravation des tensions xénophobes et nationalistes.