Réponses écologistes au programme économique du FN

UN SOCLE : SE RÉARMER FACE A LA MONDIALISATION

 

La liberté monétaire face à l’échec de l’euro « à tout prix »

 

Leur Constat 

 

L’euro est un échec. La monnaie unique n’est pas adaptée à 17 pays si différents. D’ailleurs, de nombreux économistes, dont des prix Nobel sont très critique vis-à-vis de l’Euro.

La monnaie unique n’est pas le choix le plus pertinent dans une si grande zone sans unité forte. Sa création devait relancer la machine européenne, or il manque une politique budgétaire indispensable pour compenser les effets négatifs de la monnaie commune. Toutefois, l’euro a grandement facilité les échanges, et il a surtout mis fin à la compétition monétaire entre les pays membres. Enfin, il est totalement impossible d’affirmer que l’économie française aurait mieux réagi seule à la mondialisation, sans faire de la prospection de bas étage.

Il y a beaucoup d’économistes, notamment américains qui s’interrogent sur la pertinence de l’Euro. Il est intéressant de rappeler que la création du dollar ne s’est pas faite en un jour et que sa création à eu de très nombreux opposants. Il est normal que l’Euro interpelle. Dans l’argumentaire du FN, Alain Cotta, très critique vis-à-vis de la monnaie unique, est souvent cité. Toutefois, celui-ci est favorable au retour du Système Monétaire Européen, alors que la logique nationaliste du FN, c’est solution est également inenvisageable.

 

La dette France va exploser si l’on reste dans la zone euro, car il va falloir payer pour les grecs, puis les espagnols, les irlandais.

 C’est un risque. Néanmoins, nous sommes partisans d’une solidarité européenne. Il faut également rappeler que la politique de la BCE et de l’Union Européenne en général est extrêmement libérale. Ce sont ces décisions qui poussent aujourd’hui aux cures d’austérité. Pas l’Europe en elle-même.

La récession a été plus forte dans la zone euro. 

 Au sein de l’union européenne, tous les pays ont connu une récession équivalente. D’un point de vue international, la situation japonaise est pire que la notre. Enfin, le dynamisme de l’économie américaine se fait au prix d’un déficit abyssal, ce qui n’a rien d’enviable. En effet, la dette publique correspondait à 93.6% du PIB fin 2010 (OCDE). La Maison Blanche a indiqué en février qu’elle tablait sur un déficit record de 1.645 milliards de dollars pour l’ensemble de l’exercice en cours, soit 10,9% du PIB, niveau qui n’a plus été atteint depuis la fin de la seconde guerre mondiale

 

Leur solution : le retour au Franc

 

Quitter la zone euro nous permettra de récupérer l’arme monétaire.

 L’Union Européenne a fait le choix initial de supprimer la politique monétaire. Il est fondamentale de redonner ce pouvoir à la BCE si nous voulons approfondir la construction européenne.

 

Le risque d’inflation est quasiment nul.

 Totalement faux. L’inflation est plus que probable. Choisir le taux de change (1 nouveau Franc = 1 euro) est une bonne idée. Les agents économiques ne seront pas tenter d’arrondir à la virgule près leurs prix. Toutefois, la dévaluation créera de l’inflation. Prédire aujourd’hui de combien sera la hausse des prix est impossible. Néanmoins, celle-ci sera importante, pour la simple et bonne raison que le pétrole et la majorité des matières premières, continueront d’être achetés en dollars. De plus, en prévoyant la suppression de la loi du 3 Janvier 1973, qui interdit à l’Etat d’emprunter à la banque de France, le FN ouvre la boite de Pandore. L’autofinancement comporte des risques, qu’il ne faut pas sous évalués. Quand on voit la quantité de promesse électorale que le FN fait, on peut d’ores et déjà craindre que la planche à billet fonctionne à plein régime si elle est élue.

 

« L’effet positif des dévaluations compétitives sur le commerce extérieur et la santé économique de la Nation :

Pendant quelques mois après une dévaluation monétaire, le solde commercial se dégrade, sous l’effet de la hausse du prix des importations. C’est l’effet-prix.

-Au bout de 6 mois en moyenne, le solde commercial se redresse fortement, grâce à la nette augmentation des exportations permise par la dévaluation compétitive de la monnaie. C’est l’effet volume. » Sur leur site internet le 05/07/2011

 Quelle contradiction ! Le FN met en ligne sur son site internet un document qui vous dit que la dévaluation ne produira pas d’inflation, et dans un autre que si.

 

Si la France sortait de la zone euro, la dette augmenterait de 11 à 14 pts du PIB au pire.

Si la France abandonner l’euro et dévaluait le nouveau « Franc », alors la hausse mécanique qui en résulterait devrait être de cette ampleur. Néanmoins, une telle augmentation de la dette publique est considérable et aura des répercutions durables sur notre économie.

 

La France serait, je cite « position de force pour négocier avec ses créanciers la conversion de la part extérieure de notre dette en nouveaux francs ».

 La renégociation de la dette peut et doit être effectuée au niveau européen. L’exemple grec montre que l’Europe est capable d’évoluer

 

« Le Franc pourrait être adossé ultérieurement à un étalon monétaire polymétallique constitué d’un panier de monnaies et de métaux précieux » Sur leur site internet le 05/07/2011

 Totalement délirant. On se croirait au début du XXeme siècle. C’est irréaliste et a pour unique fonction de faire plaisir à une partie de son électorat.


Le Front National, en proposant de quitter la zone Euro, ne s’oppose pas aux choix délirants de la BCE et du FMI, il remet en cause une construction qui a apporté paix et prospérité à des millions d’individus. La monnaie unique est un symbole fort de l’UE, en ne montrant aucune volonté de le défendre, Marine Le Pen prouve son rejet pour toute entité supranationale. Des solutions coordonnées au niveau européen sont possibles, mais le FN refuse d’en entendre parler.

Nous, écologistes, proposons :

-de changer de politique monétaire, en cessant de se focaliser sur une inflation modéré

-d’autoriser la BCE à prêter de l’argent aux états membres

-d’augmenter le budget de l’UE et de lui permettre de s’endetter

Des protections raisonnées aux frontières

 

La zone euro est la seule région du monde à ne pas avoir mis en place de mesures protectionnistes.

 Airbus n’aurait jamais vu le jour sans les subventions et les soutiens de l’Union Européenne. De plus, et bien qu’EELV s’oppose à sa logique productiviste, la PAC a le mérite de prouver que l’UE est capable de mener une « Politique Commune ». Rien n’empêche donc l’UE de mettre en place une politique protectionniste, elle l’a déjà, c’est un choix politique auquel EELV n’a jamais adhéré.

Autres exemples : le bœuf aux hormones en 2009 ; dans les années 1960, des taxes ou des subventions sont instaurées au niveau européen pour faire converger les prix nationaux ; en France, des décrets limitent les investissements étrangers dans onze secteurs touchant à l’« intérêt national »: défense, produits chimiques, etc.

Nous défendons l’établissement de mesures protectionnistes au niveau européen sur des critères environnementaux et sociaux depuis longtemps. Dans un sondage IFOP du 16 juin dernier, 80% des français seraient favorable à des mesures protectionnistes au niveau européen. Ils étaient 54% en 2004.

 

Les hausses de taxe toucheront essentiellement des produits chinois ou indiens vendus en grande surface. Il n’y aura pas à l’inverse de protectionnisme vis-à-vis de l’Allemagne.

 Le FN joue pleinement avec la peur de l’autre. Sinon, pourquoi insister sur les Indiens ? Le déficit commercial de la France avec l’Inde était de 500 millions d’euro en 2009.

Ensuite, les mesures protectionnistes n’ont d’intérêt que si nous soutenons un pan de notre économie. Or notre pays est incapable, demain, de produire les téléphones, fabriqués en Chine, que nous utilisons. Leur taxe aura pour principale effet de renchérir le prix de produits et donc faire baisser le pouvoir d’achat des français.

 

L’essentiel du commerce extérieur français est réalisé avec l’Union européenne.

Comme la plus grande part de notre déficit commercial se fait avec les autres pays de l’UE, une politique protectionniste vis-à-vis de la Chine aura un impact limité sur notre industrie :

-Déficit avec la Chine en 2008 : 22,6 milliards d’euros

-Déficit avec l’ensemble de l’Europe (Russie incluse) : 38 milliards d’euros

 

De plus, c’est notre consommation de pétrole qui plombe notre balance commerciale (58 milliards en 2008). Un baril qui évoluerait structurellement autour de 150 dollars, signifie une ponction sur notre économie au bénéfice des pays producteurs d’environ 2 points de PIB. Réduire notre dépendance au pétrole n’est donc pas seulement indispensable d’un point de vue écologique mais c’est également un choix économique pertinent.

Bâtir un Etat fort et stratège

 

L’Etat stratège aura vocation à redevenir actionnaire majoritaire ou exclusif des grandes entreprises stratégiques de service public.

 Le ralliement du FN à la critique du libéralisme que le mouvement écologiste porte depuis ses origines, qui est un des fondements même de son idéologie, est une nouveauté. Dans le livre Pour La France, publié en 1986, et qui fait figure de programme pour les législatives, Jean-Marie Le Pen prône une « révolution libérale ». Le discours de l’époque du Front National n’a donc strictement rien à voir avec celui d’aujourd’hui :

-« L’abrogation des « monopoles légaux qui protègent certaines grande entreprises ou services publics » (telles EDF ou La Poste) ».

-Valorisation de « l’initiative individuelle, l’entreprise et le profit.»          

-« Une politique progressive de diminution du nombre de fonctionnaires »

 De plus, lors de son passage dans l’émission, des Paroles et des Actes, sur France 2, Marine Le Pen dit que le programme économique de 2007 était plus libéral que celui qu’elle voulait pour 2012. Elle reconnait que le FN évolue, et qu’il prend des idées qui sont soutenus par des partis de gauche depuis bien plus longtemps. De plus, le Front National affirme dans son programme qu’il est  toujours « favorable à la concurrence, qu’il juge saine en économie de marché et favorable au consommateur ».

 

La décentralisation et l’Union Européenne diminue le pouvoir de l’état. Aujourd’hui, beaucoup reconnaissent que nous sommes allés trop loin.

EELV considère qu’un certain nombre de décisions doivent être prises à l’échelon régional. L’institut de recherche indépendant BAK Basel Economics a publié une étude pour l’Agence des régions d’Europe, intitulée « De la subsidiarité au succès : l’impact de la décentralisation sur la croissance économique ». Elle démontre qu’en Europe, les économies des pays décentralisés sont bien plus performantes que celles des pays centralisés. La performance économique peut être accrue en accordant aux régions plus d’influence et d’indépendance au niveau national, et plus de compétences dans des secteurs comme la culture, les infrastructures, l’éducation, la recherche et la santé.

 Nous défendons également une Europe fédérale parce que l’échelon national n’est plus aujourd’hui pertinent pour résoudre des domaines tels que la lute contre les paradis fiscaux, la politique internationale et le réchauffement climatique. Par exemple, comment peut-on imaginer la France seule apporter une réponse concrète à la libéralisation mondiale des capitaux et des biens ?

De plus, l’opinion publique reproche souvent à juste titre aux institutions européennes leur caractère technocratique. La création d’un gouvernement responsable devant le parlement européen fournirait instantanément une légitimité aux décisions prises au niveau européen. La tentation d’un repli sur soi est une erreur, il faut aller vers plus d’Europe.

 

 

DEUX PRIORITES : L’EMPLOI ET LE POUVOIR D’ACHAT

 

Les PME doivent profiter principalement, à l’instar des classes moyennes, de la révolution fiscale du FN, via un taux d’IS progressif, et la valorisation du réinvestissement des bénéfices.

 Il s’agit d’une proposition faite par le Parti Socialiste dans son programme, tout comme la fusion de la CSG et de l’impôt sur le revenu (défendu par Thomas Piketty), que le FN défend. Marine Le Pen montre son penchant populiste, n’hésitant pas à s’approprier les thèmes des autres partis, tout en continuant de les critiquer. Dans un communiqué de presse du 5 avril 2011, elle critique l’éventail de « mesurettes » du PS  sans pour autant se rendre compte que certaines sont dans son programme.

 

Ainsi, pour lutter contre l’optimisation fiscale des grands groupes et les tentations de délocalisation, il faut enfin éradiquer les paradis fiscaux.

Comment affirmer que la France, seule, est en mesure de les « éradiquer » ? Le Front National essaie de canaliser le rejet légitime de l’évasion fiscale, sans pour autant proposer de mesures concrètes. La disparition des paradis fiscaux est indispensable, mais c’est un problème qui ne pourra être résolu qu’au niveau global.

EELV  lutte  dans les conseils régionaux, dans lesquels  ils participent à la majorité, contre l’évasion fiscale. Dans le Nord-Pas-de-Calais, les banques doivent prouver leur non-implication dans les paradis fiscaux.

 

Afin de soutenir les emplois français protéger notre industrie de la concurrence des pays sans protection sociale, il faut instaurer la préférence nationale et des mesures protectionnistes.

Les écologistes sont farouchement opposés à l’instauration de toute forme de préférence nationale, proposition raciste, et incompatible avec les valeurs que la France souhaite défendre. De plus, l’économiste Jacques Sapir s’inquiète des répercussions économiques et sociétales de l’application d’une telle mesure. La préférence nationale ne profiterait pas nécessairement aux français car, les emplois occupés par les travailleurs étrangers légaux ne pourraient pas être occupés immédiatement pas des chômeurs de nationalité française. La tentation pour les entreprises de faire passer une partie importante de leur main-d’œuvre en situation de clandestinité serait grande ;  la préférence nationale entrainerait une concurrence des salaires entre clandestins et travailleurs légaux, qui ne profiteraient évidemment pas aux deux. [1]

Il est indispensable de repenser l’économie dans sa globalité afin de créer des emplois pour tous. On peut faire basculer progressivement les cotisations sociales vers une taxe sur l’ensemble de la valeur ajoutée, déductible à l’exportation, comme au Danemark, afin de défendre notre industrie, mais la meilleure des protections est le développement des emplois « indélocalisables » (Agriculture biologique, tourisme, métier de la santé, etc). Enfin, la diminution du temps de travail a permis de créer des emplois. La continuation d’un telle politique est possible.

 

 

UNE ARDENTE OBLIGATION : ÉRADIQUER LA DETTE ET LES DÉFICITS PUBLICS


La réduction drastique de l’immigration rapportera environ 40 milliards d’euros par an selon les estimations de différents experts (voir l’étude de Jean-Paul Gourévitch, expert international en ressources humaines).

 L’immigration, d’après les calculs de monsieur Gourévitch, coûte 27 milliards d’euros de déficit annuel sans compter les quelques 10 milliards d’euros recensés par l’auteur au titre d’investissements pour réduire la facture « immigration » : l’Aide publique au développement et la politique d’intégration qui comprend le budget de la politique de la ville, celui de l’Education pour les ZUS et autre dépenses de santé (AME).

 Tout d’abord, il est particulièrement choquant de considérer que l’APD et les dépenses liées aux politiques d’intégration puissent avoir pour objectifs de diminuer la facture « immigration ». Le soutien des pays en développement est indispensable, pour améliorer les conditions de vie de millions d’hommes et de femmes et ne saurait être réduit, de même que les dépenses liées au ZUS. Une diminution drastique des titres de séjours ne peut donc pas avoir d’impact sur les dépenses de l’état, à ce niveau.

De plus, le résultat de cette étude est critiquable. La majorité des rapports publiés à ce jour montre que l’immigration à un effet positif sur les comptes publics. L’audit des parlementaires sur la politique d’immigration, d’intégration et de codéveloppement est arrivé à un résultat différent. Si la France optait pour une immigration zéro ce n’est pas 3% du PIB supplémentaire qu’il faudrait trouver d’ici 2050 pour financer la protection sociale mais 5%.

Enfin, dans l’hypothèse où les chiffres de Mr Gourevitch étaient exacts. Comment pourriez-vous économiser 40 milliards d’euro alors que de nombreux immigrés sont Français parfois depuis des décennies ? Allez-vous les déchoir de leur nationalité ?

 

La contribution financière française à l’Union européenne n’est plus supportable : chaque année la France verse (pour quel résultat ?), 20 milliards d’euros au budget européen, et n’en reçoit que 13 milliards en contrepartie, aides agricoles de la PAC comprises. Ce différentiel net de 7 milliards d’euros par an ne cesse de se creuser (1 milliard en 2000 seulement), et n’est plus supportable lorsqu’on voit la situation sociale française.

 La contribution financière de la France au budget de l’UE s’élevait à 5,2 milliards d’euros en 2008. La France est donc devenue le troisième contributeur net au budget communautaire en volume et le huitième contributeur net en pourcentage du RNB.[2]

La France étant la deuxième économie de l’Union Européenne, il n’y a rien de particulièrement choquant à ce qu’elle soit le troisième contributeur net. En termes de RNB par habitant, la France se trouve au 9eme rang (selon la Banque Mondiale). La situation sociale en France est globalement meilleure qu’en Grèce.

 


[2] Site du sénat

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