Communiqué du 2 juin 2011
Soutien d’urgence aux petits élevages et réponse durable
La sécheresse qui frappe la France affecte en première ligne les petits éleveurs, déjà défavorisés par la PAC et qui subissent donc d’autant plus violemment cet accident climatique. Pour les écologistes, il faut dans cette situation réagir face à l’urgence mais aussi anticiper la reproduction probable de tels événements, avec le changement climatique en cours. Dans l’immédiat, il s’agit de soutenir les petits éleveurs à l’herbe, tant financièrement que sur le plan organisationnel, notamment en organisant un réseau fourrager et en plafonnant le prix du fourrage et de la paille ; mais aussi si besoin en intervenant sur les excédents de production dus à la décapitalisation des cheptels avec un risque d’effondrement des cours. Il faut aussi prendre des mesures pour interdire la spéculation sur les produits agricoles, dont les céréales, en partie destinés au bétail. Le libéralisme montre une fois de plus ses limites en agriculture et les prêts de trésorerie envisagés par le Ministre n’aideront encore une fois pas les éleveurs les plus en difficulté.
A moyen et long termes, comme l’a très bien souligné Anny Poursinoff à l’Assemblée nationale le 18 mai dernier, il faut soutenir une agriculture résiliente, c’est-à-dire adaptée aux conditions locales. Repenser le système agricole actuel, c’est aussi produire des cultures et élever des races d’animaux adaptées au climat, régénérer les sols au lieu de les appauvrir voire de les tuer à coups de pesticides et de tassement mécanique comme c’est le cas depuis des décennies. Il faut aussi, après l’urgence du moment, repenser l’avenir de nos élevages, engagés dans les impasses du productivisme, et engager avec les éleveurs les restructurations nécessaires pour maintenir un élevage durable dans les zones herbagères.
L’agriculture doit avoir le droit de sélectionner ses semences localement et de manière participative pour avoir des variétés mieux adaptées, tout en ayant recours à des techniques réputées efficaces face à la sécheresse comme l’amendement en bois raméal fragmenté et l’agroforesterie. Il lui faut aussi produire ses propres protéines végétales au lieu de les importer et de produire massivement un maïs irrigué à destination du bétail, qui n’est en rien adapté à notre climat et à nos ressources en eau.
Enfin, la nécessité de consacrer les ressources en eau et en terres à la production alimentaire doit amener à interdire les cultures destinées à produire des agro-carburants et à repenser nos modes d’alimentation. Ces mesures de moyen et long terme permettraient de mettre en place l’agriculture que nous appelons de nos voeux, diversifiée, locale, agro-écologique à l’image de l’agriculture biologique. L’agriculture de demain doit être beaucoup plus autonome, moins consommatrice d’énergie et de gaz à effets de serre, plus résiliente.
C’est, pour les écologistes, outre des mesures d’urgence cohérentes, une réponse durable qu’il faut apporter au changement climatique.
Europe Ecologie / Les Verts