Quelle est la situation actuelle ? Faut-il soutenir ce secteur, repenser la PAC ? Quelles sont les mesures à prendre pour sortir les agriculteurs de la crise qui les touche ?
L’agriculture industrialisée issue de la seconde guerre a fait son temps. Ce modèle dégrade les ressources, affecte la biodiversité, désertifie les campagnes, pose des problèmes sanitaires. Il est coûteux en aides publiques et dépendant du pétrole, des pesticides, des engrais, de l’importation de soja. Il n’est plus en lien avec les attentes sociétales, produit des aliments standardisés, casse son propre outil de production et appauvrit les pays en développement.
Il faut aider l’agriculture à effectuer sa transition écologique, en consacrant les aides publiques et toutes les forces d’accompagnement à produire un changement de même ampleur que celui des années 60, dans un autre sens. Pour cela il faut une PAC forte mais totalement renouvelée en termes d’objectifs. Les aides doivent favoriser une agriculture durable créatrice d’emploi, via des conditions d’attributions sérieuses sur le plan environnemental, via un plafonnement par actif, et des aides aux petites fermes, aujourd’hui délaissées.
Au-delà de cette réorientation des aides, il est nécessaire de protéger dans une certaine mesure la production agricole des fluctuations du marché et de la spéculation, et cela vaut pour chaque région du monde. Au niveau national, il s’agit de démocratiser l’ensemble des instances de gouvernance, favoriser l’installation de nouveaux agriculteurs et non l’agrandissement des exploitations, réorienter la recherche et l’enseignement vers l’agroécologie, instaurer un plan protéine pour cesser d’importer du soja, respecter réellement le bien-être animal et viser une diminution des protéines carnées dans l’alimentation, diminuer de moitié l’usage des pesticides en visant à terme une sortie des pesticides, permettre une sélection participative des semences, soutenir le bio et les circuits courts.