Le méthane contre les algues vertes, ça n’a pas de sens !
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Communiqué de presse du 13 juillet 2011

Le méthane contre les algues vertes, ça n’a pas de sens !

Le 7 juillet dernier, lors de son déplacement dans le Finistère, le Président de la République a lié la lutte contre les algues vertes qui envahissent de plus en plus les plages bretonnes au développement de la méthanisation des effluents agricoles.

Les marées vertes, comme aussi, plus au large, les proliférations de micro-algues toxiques, sont la conséquence d’un apport massif par les cours d’eau de l’azote issus du lessivage des sols agricoles sur-fertilisés. En Bretagne cette sur-fertilisation provient notamment d’un déséquilibre entre la taille du cheptel animal et la surface des terres agricoles susceptibles de recevoir ses déjections. Aux engrais azotés de synthèse utilisés massivement sur les cultures et les prairies vient s’ajouter l’azote présent dans les déjections animales, dont un bon tiers provient de la ration de soya importé du Brésil. La Bretagne souffre du surdimensionnement, et du manque de lien au sol, de son élevage.

Dans certains contextes et à petite échelle, la valorisation énergétique des effluents d’élevage peut être une pratique intelligente. Mais il est faux et malhonnête de la présenter comme un moyen de lutte contre la contamination nitrique des eaux car le traitement par méthanisation n’élimine en rien l’azote ni le phosphore contenu dans les déjections : ces éléments subsistent dans le résidu qu’il faudra tout aussi bien épandre.

Le soutien public à l’implantation de gros dispositifs de méthanisation des effluents d’élevage risque de favoriser au contraire les grosses unités de production animale, et, en surfant sur la vague des énergies renouvelables, leur donnera un alibi environnemental. Parallèlement, dans un décret en préparation en matière d’épandage d’azote, le mot surface épandable serait remplacé par surface agricole, faisant passer la limite tolérée de 170 à 215 kg d’azote par hectare. Plutôt que de limiter la taille des usines à viande, l’Etat aide à leur maintien et à leur légitimation. Au total, le citoyen paye plusieurs fois : il soutient une agriculture polluante (y compris via le soutien au maïs fourrage), il paye des équipements qui ne résolvent pas le problème, il subit une dégradation de l’environnement, il perd du chiffre d’affaires localement avec la baisse du tourisme, il paye en dépenses de santé le coût sanitaire de ce modèle absurde….

Il est pourtant possible de concevoir pour la Bretagne, comme pour les autres régions de France, un système agricole moins spécialisé, plus respectueux de la qualité de l’eau et de la biodiversité, plus en lien avec la consommation locale, plus respectueux des revenus et des conditions d’existence des agriculteurs. L’élevage, en Bretagne comme ailleurs, doit retrouver sa place, équilibrée, au cœur des systèmes agricoles. Les légumineuses fourragères cultivées localement sont préférables aux importations massives de soya latino-américain. La viande doit retrouver une place plus mesurée dans la consommation alimentaire humaine.

GB – Partenariat commissions Agriculture et Environnement d’EELV – 13 Juillet 2011