Communiqué de René Louail et Yannick Jadot.
Synutra Carhaix (29) : la métamorphose du modèle agricole breton passe t-elle par l’octroi de « pognon » aux fonds de pension américains ?
La fin des quotas approchant, certaines entreprises laitières présentent les vertus du marché mondial comme un véritable Eldorado, dans une région qui prévoit d’augmenter sa production de lait de 20% dans des fermes usines d’ici 2020. A Carhaix (29), le projet d’usine laitière géante pouvant transformer 300 millions de litres de lait est un leurre si nous regardons de près la réalité.
L’accord signé en 2012 entre Sodiaal et Synutra international – dont le siège est domicilié dans l’État du Delaware, aux États Unis, Etat considéré comme un paradis fiscal pour les entreprises -, nous interpelle fortement, à plus d’un titre :
- Le marché mondial du lait sera soumis aux spéculations financières mondiales et s’inscrit en totale opposition au droit à la souveraineté alimentaire des peuples, seul moyen pour garantir à moyen et long terme la sécurité alimentaire.
- Ce choix met en concurrence les producteurs bretons de lait avec les producteurs néozélandais et australiens qui bénéficient d’un accord de libre-échange, avec baisse des droits de douanes de 20%, à partir d’étables laitières de plusieurs milliers de vaches. Ce système va augmenter la volatilité des prix et tirer la rémunération des producteurs vers le bas en provoquant la disparition de milliers d’entre eux.
- Ce marché risque d’être de courte-durée. La Chine devient le premier importateur mondial de soja, et de là, assure son autonomie alimentaire dans le domaine des produits laitiers dans les cinq prochaines années…
Derrière cette illusion d’or blanc, il s’agit d’une mainmise de fonds pensions sur la production alimentaire mondiale.
Selon EÉLV, voici la réalité : en participant au financement de ce projet, la Région Bretagne soutient indirectement deux fonds d’investissements, majoritaires dans Synutra international et détenus par Liang Zhiang et Xiuquing Meng, domiciliés aux Iles Vierges Britanniques, autre paradis fiscal.
Les 150 emplois créés ne peuvent, en aucun cas, compenser les milliers d’emplois qui sont et seront perdus dans l’agriculture paysanne bretonne.