Lundi 7 septembre se tenait à Bruxelles un conseil extraordinaire des ministres européens de l’agriculture afin de trouver des solutions à la grave crise que connaît l’élevage.
En marge de cette réunion au sommet, deux manifestations sont organisées à Bruxelles :
– L’une à l’appel de l’association des syndicats agricoles européens (COPA-CEGECA) dont fait partie la FNSEA et les grosses coopératives agricoles.
– L’autre, bien distincte, à l’appel de l’European Milk Board et de la coordination européenne Via Campesina dont fait partie la Confération paysanne. J’étais présent à cette dernière manifestation (photo)
La présence de Joël Labbé reposait sur de fortes convictions qu’il a exprimé dans un communiqué.
Dans notre pays, le poids du syndicat majoritaire, la FNSEA, emmené par son président Xavier Beulin, a permis le déblocage de financements supplémentaires conséquents pour répondre à la crise.
Si les mesures d’urgence pour répondre à la réelle détresse d’une partie des paysans étaient nécessaires, l’orientation des aides engagées par le gouvernement pour trois ans sont extrêmement contestées et contestables : aider à la modernisation par l’investissement (ce qui entrainera une augmentation de l’endettement) pour assurer la poursuite d’un système de production de plus en plus industriel et concentré, qui a déjà dépassé ses limites ne peut être acceptable, ni par les agriculteurs, ni par les citoyens, ni par nous-mêmes, les politiques, qui avons à jouer notre rôle et à prendre nos responsabilités.
Cet argent public, qui peut donc être mobilisé, même en cette période de grande difficulté pour les finances publiques, doit servir au contraire à assurer le soutien aux agricultures alternatives, à accélérer l’accompagnement à la nécessaire transition des pratiques agricoles vers une véritable agro-écologie, placée au cœur de la loi d’avenir agricole que nous avons votée. Une loi dont l’application doit permettre la relocalisation d’une alimentation de qualité, rémunératrice des producteurs, créatrice d’emploi, respectueuse des équilibres environnementaux, dynamisante pour les territoires ruraux…
Quant à l’Europe, c’est à ce niveau que l’essentiel se joue : la crise agricole actuelle démontre la faillite de l’Europe ultra-libérale. Il est aujourd’hui urgent de soutenir une agriculture familiale et paysanne en renouant avec l’esprit d’une Politique Agricole Commune protectrice et régulatrice, qui permette d’accompagner une maîtrise de la production afin d’éviter la saturation du marché.
Nous sommes à une période charnière entre la fuite en avant vers une agriculture toujours plus productiviste aux effets dévastateurs, et une agriculture familiale et paysanne qui renoue avec une alimentation de qualité et de proximité, plébiscitée par les consommateurs. Il est absolument nécessaire de se mobiliser afin d’organiser avec les agriculteurs, les citoyens et les politiques une forme de résistance pour faire face au rouleau compresseur du productivisme.
C’est dans cet esprit que j’ai fait ce déplacement à Bruxelles lundi, répondant à l’appel à la mobilisation lancé par la Via Campésina et les syndicats alternatifs, afin que la voix des autres agricultures puisse se faire entendre et être relayée.