Farines animales : notre positionnement
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Quel positionnement d’EELV sur les farines animales et l’élevage ?

par Anne VONESCH, 19 janvier 2012

Les farines animales reviennent dans l’alimentation animale après une interdiction d’usage de nombreuses années, justifiée par les pratiques inadmissibles des fabricants et utilisateurs de ces farines révélées par la crise de la vache folle. Elles reviennent avec des précautions et des conditions validées par l’Europe et par le Conseil National de l’Alimentation.

Cependant, tout en considérant ces précautions théoriquement acceptables si elles sont rigoureusement appliquées, Eelv dénonce l’insuffisance, en France, des moyens nécessaires pour cela (notamment en termes de contrôle).

Pour autant, l’alimentation des animaux d’élevage pose des problèmes fondamentaux qui doivent être approchés de manière cohérente. L’enjeu est celui d’une agriculture durable qui puisse nourrir les hommes tout en respectant leur santé et les grands équilibres planétaires, ainsi que le vivant en général.

C’est pourquoi EELV défend une politique agricole qui tend à rétablir la liaison au sol, c’est-à-dire que le nombre d’animaux présents ne doit pas dépasser ce que les terres disponibles peuvent nourrir et supporter comme déjections à épandre sans excès. C’est l’objectif primordial de l’autonomie des exploitations, des régions, des pays. Ainsi il n’y aurait plus besoin des importations massives de soja actuellement de mise, qui entraînent entre autres la destruction des forêts tropicales ailleurs et les excès de nitrates en France. Les cultures de protéagineux doivent être favorisées, ainsi que l’élevage herbager.

Quant aux porcs et volailles, granivores en élevage moderne, omnivores de nature et recycleurs de vocation, leur alimentation moderne entre tout particulièrement en concurrence avec celle des hommes, et le développement de leur élevage concentré doit être limité et là encore lié au sol. 50% environ des céréales commercialisées de la terre sont destinées aux animaux d’élevage – surtout ceux des pays riches, et c’est une des causes de la faim dans le monde (deux autres causes majeures étant d’une part l’invasion des marchés du sud par des produits occidentaux subventionnés, et l’accaparement des sols par les biocarburants ainsi que leur effet sur les prix des céréales en étant une autre). Face à ces réalités, le recyclage en alimentation animale des farines animales sanitairement correctes, plutôt que de les brûler ou de les composter, est un moyen de limiter le gaspillage alimentaire ; or la lutte contre le gaspillage est une vraie priorité. Plutôt qu’un refus net des farines animales nous prônons donc d’envisager cette possibilité si et seulement si les conditions de contrôle le permettent, ce qui ne paraît pas le cas actuellement, tout en sortant progressivement de l’élevage industriel et productiviste, de plus en plus automatisé, qui nuit à l’environnement, à la santé et à l’emploi.

EELV souhaite que la santé retrouve une place centrale dans l’alimentation animale et humaine. Quant à l’élevage, l’hyper-productivité, la concentration à outrance et les aliments industriels à prix compressé rendent les animaux malades et entrainent leur surmédication. Il faut globalement revenir à une alimentation d’origine locale et à des performances plus naturelles et saines ; c’est la grande leçon à tirer des crises sanitaires récentes, de la vache folle aux grippes aviaires et porcines.

Quant à l’alimentation humaine, il convient de développer des alternatives savoureuses aux excès de protéines animales consommées dans les pays riches depuis moins d’un siècle. Et c’est finalement en consommant moins de protéines animales, en élevant moins d’animaux mais dans de meilleures conditions – moins, mieux, et localement -, en moindre densité, avec moins de stress et une bonne immunité, et sans les transporter loin, en les payant au juste prix et pas à des prix de dumping, en étant fermes contre la pollution et la maltraitance, en se donnant les moyens de contrôler réellement les filières et d’être vigilant envers toutes sortes de contaminations, que nous aurons la plus forte probabilité de prévenir les scandales alimentaires et sanitaires susceptibles d’émerger, mais aussi de mettre les productions d’élevage à leur juste place en France et en Europe.

(Anne Vonesch après échanges sur la liste, validation bureau de la commission agriculture).