Europe : le verdissement de la PAC vaut-il 77 milliards ?
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Article paru dans la quotidien Ouest France sous la signature de François Lemarchand en rubrique Agriculture le 15 décembre 2012

Les organisations françaises du collectif, « Pour une autre PAC » réagissent aux dernières discussions européennes sur l’avenir de la PAC. Les organisations du collectif « Pour une autre PAC » (1) ont analysé les propositions du conseil des ministres de l’agriculture de l’Europe. À cette étape des discussions, ils se montrent pessimistes sur les chances de « verdissement sérieux » de la politique agricole commune.

Leurs critiques portent essentiellement sur la notion des « équivalences au verdissement » notion introduite par les États membres et sur leur manque de volonté de renforcer le développement rural. « Les États éloignent un peu plus la réforme de la PAC de son objectif initial de rendre légitime la politique agricole communautaire auprès des contribuables, » estime le collectif.

Tour de passe-passe

Initialement, la commission européenne avait proposé de soumettre 30 % des aides directes soit 77 milliards d’euros, à trois conditions pourtant peu contraignantes : mettre en place 7 % de surfaces d’intérêt écologique dans les exploitations, (y compris, les haies, les bosquets, les talus, les mares, etc.), diversifier les cultures pour favoriser les rotations et enfin maintenir les prairies permanentes. Les ministres, au prétexte d’introduire plus de flexibilité, ont introduit la notion d’équivalences, sans en préciser le contenu : « nous craignons qu’elles servent à faire fiancer par la PAC future des actions déjà à l’œuvre dans les exploitations. » Et le collectif de demander à Stéphane Le Foll de rester ferme sur l’objectif d’une règle commune « verte » pour tous les agriculteurs européens.

Quel développement rural ?

Le collectif pour une autre PAC est en revanche beaucoup plus sévère pour le Gouvernement dans la négociation sur le second pilier de la PAC, qui pourrait, pourtant, selon son analyse, « faire l’objet d’un consensus plus facile entre les États Européens ». Et de s’interroger sur les 8 milliards gagnés par la France sur les aides du premier pilier par la France. « Au détriment des sommes attribuées pour le développement rural ? », s’interrogent-ils. Ils regrettent en particulier que la France, sur le dossier des aides au développement rural, qui ne représente qu’un quart du budget de la PAC, n’ait pas changé de position. « Nous regrettons que Stéphane Le Foll ne soit pas revenu sur sa position de s’opposer à une allocation minimale de 30 % des fonds de du second pilier, en faveur d’actions spécifiques sur les mesures agro-environnementales et climatiques, pourtant soutenues par de nombreux États. »

Le collectif entend bien peser de tout son poids sur les discussions au Parlement Européen, pour que les fonds du second pilier aillent dans le soutien aux actions liées à l’environnement et aux actions qui freinent le réchauffement climatique. Ils ne comprendraient pas que « tous ces fonds soient mobilisés pour la constitution de gestions des risques, qui sont en véritable gouffre financier. »

(1) Les Amis de La Terre, Agir Pour l’Environnement, Cohérence, Confédération Paysanne, EFNCP, E3D, FNAB, FNCIVAM, Fédération Nationale des Parcs Naturels Régionaux, Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme, Générations Futures, Ligue de protection des oiseaux, 4D, Solidarité, Réseau Action Climat, Réseau agriculture durable et WWF.