Élevage : réactions diverses aux propos de François Hollande sur l’élevage
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L’association végétarienne de France (AVF) s’inquiète dans le communiqué ci-dessous des propos tenus au Parlement européen par François hollande sur la crise de l’élevage.

Le président Hollande s’est déclaré le 5 février devant le Parlement européen à Strasbourg : « conscient que, aujourd’hui, ce sont les productions animales qu’il convient de favoriser par rapport aux productions végétales », car « il y a une vraie crise de l’élevage en Europe » .

L’AVF note cependant que :

  • l’élevage pratiqué en France et en Europe est la première source de pollution. L’élevage recouvre déjà 2/3 des terres agricoles en France, consomme 10 fois plus d’eau que pour produire des protéines végétales, pollue nos rivières et nos plages, nécessite encore et encore des déforestations, est responsable de 18 % des gaz à effet de serre (autant que les transports ou l’énergie). La réduction de la part carnée de l’alimentation devient ainsi le levier majeur pour chaque habitant, de réduire le réchauffement climatique.
  • la consommation actuelle de produits animaux est une catastrophe sanitaire. Les recommandations du PNNS, qui conseille aux Français(e)s de manger 1 à 2 fois de la viande par jour et 3 à 4 fois des produits laitiers par jour, influent notablement sur les cancers (colorectal, de la prostate et du sein en particulier), les maladies cardiovasculaires, l’obésité, l’hypertension, l’ostéoporose, le diabète de type 2, l’altération des fonctions cognitives, ainsi que nombre de pathologies auto-immunes comme la polyarthrite rhumatoïde. Si nous végétalisons notre alimentation, nous pouvons réduire de façon drastique les facteurs de risque pour toutes ces maladies et arriver ainsi à un monde où les humains seront en meilleure santé et, par conséquent, à réduire le déficit de l’assurance-maladie.
  •  les conditions de l’élevage industriel sont indignes d’un grand pays comme le nôtre :
    • 82 % des 700 millions de poulets de chair sont élevés sans accès à l’extérieur,
    • 81 % des 47 millions de poules pondeuses
    • 99 % des 40 millions de lapins sont élevés en batterie de cages.
    • 90 % des 25 millions de cochons sont élevés sur caillebotis en bâtiments.
    • Si les bovins ont encore souvent un accès à l’extérieur, certains d’entre eux passent aussi leur vie en stabulation.

L’AVF s’élève avec force contre cette vision passéiste exprimée par le président Hollande alors que tous les organismes internationaux (la FAO en particulier) montrent que l’humanité ne pourra être nourrie qu’en diminuant très fortement la part des produits animaux au profit des produits végétaux. À ce titre, nous demandons au président qu’un nouveau PNNS soit élaboré indépendamment des lobbys agro-alimentaires, dans lequel le rôle des protéines végétales, aujourd’hui très largement sous-estimé contre toute évidence scientifique, soit mis en valeur, et de soutenir la campagne « un jour sans viande » : http://un-jour-vegetarien.fr/

Plus d’infos sur : http://vegetarisme.fr/ et http://www.viande.info/

* Article Ouest France qui relate les propos du président

Commentaire à ce communiqué

Agricultrice depuis 26 ans, elle élève, en bio, des moutons et des porcs dans le Boischaut,  région bocagère du sud du Cher, et par ailleurs Vice présidente EÉLV chargée des Projets de Développement Rural de la Région Centre, Michelle Rivet apporte UN commentaire personnel à ce point de vue de l’AVF.
Je suis toujours très mal à l’aise par rapport à ce genre de communiqué très « hors sol » qui ne tient pas compte de la situation de l’agriculture et des agriculteurs tant du point de vue social qu’économique et même environnemental. Je rappelle qu’en moyenne le revenu horaire d’un céréalier est 10 fois celui d’un éleveur. Et oui il y a une crise de l’élevage en tant qu’activité économique mais aussi en tant que métier (de moins en moins d’installation).

Si on va au bout de cette réaction il faut soutenir des productions qui n’ont pas besoin de l’être, et il faut continuer à mettre en culture les  zones herbagères au dépend des écosystèmes que la céréalisation croissante fait déjà reculer inexorablement…
On peut probablement imaginer à terme un système vertueux environnementalement qui concentre la population dans les villes, entourées de zones cultivées , et de zones sauvages boisées sans plus personne dans les campagnes.


Dans cette logique je fais remarquer la production industrielle de viande dénoncée ci dessous est la plus efficace ; « il suffit » de la verdir un peu: poulets et cochons sont les meilleurs transformateurs des matières premières végétales en protéines animales, ils tiennent peu de place, la production (viande, fumier) est peu aléatoire et facile à contrôler.

Cependant  les affirmations du premier alinéa sont elles vraies? Dans ma région très céréalière (centre) c’est le protoxyde d’azote (N mis sur les cultures)  qui est la principale source de GES et les engrais et pesticides lessivés sont les  polluants principaux de la nappe de Beauce … même si aujourd’hui la pollution du bassin versant concerne aussi les élevages d’amont .
On peut être d’accord sur moins de viande dans l’alimentation et imaginer en limiter la consommation en stabilisant sa production (elle est de toute façon en chute libre pour les ruminants) sans oukase et en connaissance de cause par rapport aux cultures: si les céréales consomment (relativement) peu d’eau ce n’est pas le cas des légumes qu’il est impossible de cultiver (professionnellement, j’entends) sans irrigation.


Les paysans les plus proches des écologistes sont plutôt éleveurs que céréaliers et ce n’est pas un hasard : ils ont une pratique des équilibres écologiques qui les sensibilisent. Si nous voulons conserver un monde ouvert et des campagnes à la fois productives et vivantes il faut à la fois puiser dans les savoir faire et inventer. Or la présence d’ animaux sur une ferme permet de conserver le potentiel agronomique des terres cultivées sans utilisation d’engrais chimique (fumier) ni désherbant (rotation avec les prairies): ainsi c’est bien plus simple de passer en bio quand on a une production animale …