Expérimentation et principe de précaution doivent guider notre approche pour la transformation de la plaine de Pierrelaye

Pour un projet agro-forestier innovant, environnemental, social et économique.
La gestion de l’espace pollué de la Plaine de Pierrelaye n’est pas simple. La plaine ne doit pas oublier son histoire productive tout en prenant en compte la gestion de la pollution et les demandes sociales émergentes. Un scénario global pour son avenir est nécessaire et les études en cours pourront permettre de contribuer à son élaboration. Toutefois, la démarche de son élaboration doit se réorganiser. Plutôt que de décréter une vocation principale forestière des sols, puis de réaliser des études pour valider et mettre en oeuvre cette option, il serait préférable d’élaborer un projet bien plus diversifié, qui concilie agriculture, boisement, paysage, accueil du public, urbanisation périphérique avec une maîtrise ou réduction des pollutions, afin d’ aboutir à une plaine vivante, animée, productive et équilibrée.

La plaine doit rester un élément de la ceinture verte de l’agglomération parisienne
Elle est un espace clef des continuités écologiques terrestres entre la vallée de la Seine, la vallée de l’Oise et la forêt de Montmorency, comme l’indique le Schéma Régional de Cohérence Écologique (SRCE). Le maintien de sa vocation d’espace ouvert est primordial même si une urbanisation restreinte et équilibrée, en périphérie, peut être compatible avec cette vocation. Mais attention, la trame verte qui traverse la plaine ne doit pas être que forestière. La biodiversité en zone périurbaine a également besoin d’espaces naturels ou agricoles plus ouverts. Une expertise biodiversité devrait enrichir les études actuelles.

Sur les parcelles non polluées une agriculture alimentaire de proximité peut se développer.
La demande sociale de productions agricoles de qualité et de commercialisations de proximité se développe fortement et les projets se multiplient, en France et en Ile-de-France. Elle est prise en compte par l’ Etat et la Région dans le Plan Régional d’Agriculture Durable. En abandonner ici la perspective serait un paradoxe sinon un contre-sens historique. Le maintien du maraîchage demande, certes, un maintien de l’irrigation. Est-ce irréaliste ? Au contraire, elle va dans le sens de l’histoire: l’usage, en irrigation, des eaux propres en sortie de station d’épuration se développe. A une agriculture professionnelle pourrait s’ajouter des formes sociales et collectives de production.

Sur les parcelles polluées il faut diversifier les approches
La plantation forestière sur des sols pollués en ETM est une technique testée sur quelques sites français. Elle semble intéressante mais le sentiment général est qu’elle ne peut pas, au stade actuel des connaissances, être conseillée sur une large superficie. Remplacer un usage agricole par un usage forestier acidifie les sols. Cette acidification porte le risque de libération des métaux lourds qui pourraient migrer vers la nappe phréatique. Pour répondre aux incertitudes concernant les solutions de long terme il serait plus judicieux de mettre en oeuvre des solutions diverses qui permettent de tester des stratégies de stabilisation des polluants et des stratégies de dépollution, avec des plantations à base de plantes ligneuses et non ligneuses, ainsi que des stratégies économiques.

Une part de forêt « classique » contrôlée et surveillée
Les premières parcelles forestières plantées permettront d’observer les évolutions du sol et des ETM. Après le temps nécessaire à la validation de ce choix de phytostabilisation, des plantations à plus large échelle pourraient alors être engagées. Toutefois, la nécessité d’apporter régulièrement des amendements calcaires, afin d’éviter l’acidification des sols, d’une part pèsera financièrement sur cette « forêt », et d’autre part pourrait bien aboutir à des alignements d’arbres pour permettre le passage des engins de chaulage, plutôt qu’à une forêt. Par ailleurs, la plantation rapide d’une vaste superficie forestière pourrait devenir un gouffre financier s’il s’avère nécessaire, après des années, de revenir en arrière.

De la dépollution (phytoextraction) avec des taillis à courtes rotations (TCR) à vocation énergétique
Il y a sur la plaine une expérimentation de TCR à des fins d’extraction d’ETM et de production de bois à vocation énergétique. Ce type de solution est celle qui se dégage majoritairement des politiques de phytomanagement. Comme pour la forêt, il est encore trop tôt pour conclure sur ses répercussions environnementales mais elle offre l’avantage d’apporter des ressources immédiates, par la vente de bois, et d’être réversible.

De la phytoextraction avec des plantes non ligneuses
La phytoextraction à base de plantes sélectionnées pour leur capacité à transférer et stocker les polluants dans leurs parties aériennes (tiges et feuilles) se développe également. Le traitement de cette biomasse enrichie en ETM fait l’objet de nombreuses recherches pour la valorisation de ces ETM en métallurgie ou en biosynthèse (de polluants, les ETM deviennent ressources !). Des parcelles, interdites au public, pourraient être ainsi traitées et redonneraient à la plaine un paysage de landes qui a été aussi le sien.

De la production d’agromatériaux.
En Ile-de-France et ailleurs des expérimentations de production d’agromatériaux ( matériaux de construction, bio-plastique, etc.) se font dans le cadre d’un vaste programme de recherche-développement (Biomasse pour le Futur) qui a pour objectif de faire émerger de nouvelles filières d’agromatériaux en lien avec les acteurs agricoles, industriels, scientifiques et les collectivités. Les élus de la Boucle de Chanteloup, espace agricole proche qui a les mêmes problématiques que Pierrelaye, ont choisi, eux, de s’inscrire dans cette dynamique économique et environnementale.

Devenir un site de référence pour la recherche-développement du phytomanagement
La France, malgré la qualité de sa recherche, est un peu à la traîne, notamment parce que les équipes de scientifiques qui travaillent peinent à trouver des sites pilotes en nombre suffisant ! Par sa superficie, la diversité des pollutions selon les parcelles, la Plaine de Pierrelaye pourrait être un site de référence dans la recherche appliquée sur les phytotechnologies avec une grande diversité des techniques mises en oeuvre.

L’étude complète se trouve ici : Plaine de Pierrelaye, pour un avenir agroforestier

   
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Communiqué du 24 mars

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