« Charly, ils ne l’emporteront pas au paradis… » Par Christophe Dumont

Charly, ils ne l'emporteront pas au paradis

 

Le journal local distingue ces jours-ci l’Ardennais de l’année ; pour moi, l’Ardennais de cette année, de l’année dernière et de celles qui ont précédé est sans conteste Charles Rey, mort d’un cancer de l’amiante après avoir été victime d’un  patron-voyou, tant sa vie cristallise l’histoire récente de notre département.

L’histoire de Charly  montre aussi que l’écologie n’est pas un passe-temps pour gens aisés, mais que luttes sociales et  combat pour l’environnement ne font qu’un dans ce monde ou   les riches  détruisent la planète,

Novembre 2006, les Thomé-Génot occupent leur usine, leur patron, après avoir vendu le patrimoine immobilier de la société, s’est enfui à l’étranger avec l’argent du comité d’entreprise, Charles Rey dit Charly n’est pas à leur tête, mais jamais très loin…Un mois plus tard, Nicolas Sarkozy prononce à Charleville son discours à la France qui souffre, réduisant cyniquement notre département à un slogan électoral. Cinq ans après, le 2 septembre 2011, Charly meurt d’un cancer de la plèvre lié à l’exposition aux poussières d’amiante, à 56 ans, après de terribles souffrances.

De 1973 à 1994, Charly a travaillé à Foseco à Donchery où, comme les autres, il charriait l’amiante à la pelle, à ciel ouvert. L’association ardennaise des victimes de l’amiante, a récemment déposé une plainte contre la société Foseco et contre X avec constitution de partie civile « pour homicides involontaires, blessures involontaires, mise en danger de la vie d’autrui et non assistance à personne en danger » ; c’est la deuxième plainte au pénal déposée par l’association dans les Ardennes après celle concernant Deville mais les procédures judiciaires liées à l’amiante sont nombreuses dans les Ardennes, tant devant les prud’hommes qu’auprès du tribunal des affaires de sécurité sociale. L’ADDEVA compte dans les Ardennes 630 adhérents.

En novembre de cette année, Benoit Huré, président du conseil général des Ardennes, mécontent de la réglementation relative à l’amiante qui impose un plan de désamiantage retardant, selon lui, le chantier de réhabilitation d’une boulangerie communale, entreprend, en compagnie de Miguel Leroy, son gendre, président de la communauté de communes de Signy le Petit et du maire d’Auvillers Les Forges, d’en démonter lui-même la toiture.

D’après l’Ardennais, Miguel Leroy se dit irrité par la lourdeur des procédures et met en cause les fonctionnaires qui tardent à délivrer les autorisations : « A l’heure où tout doit avancer rapidement, où la crise ne nous permet plus d’être patients, une partie de l’administration fonctionne encore avec des méthodes et une organisation des années soixante […].Il faut enfin faire preuve d’un peu de bon sens, une partie de la croissance de la France est cachée dans les parapheurs de son administration. »

Le 20 novembre, Fabien Rey, le fils de Charly, stupéfait devant ce qu’il considère comme une provocation, plante sa tente devant l’entrée de l’ancienne usine de plaques d’isolation Foseco où son père a  inhalé de l’amiante pendant 21 ans pour exiger que sa mère perçoive enfin la rente qui lui est due.

5 ans après, la condescendance élyséenne a cédé la place à la provocation du président du conseil général,  le mépris est le même. En un quinquennat « la France qui souffre » souffre plus encore ; et, comme l’écrivit récemment Thomas Lemahieu dans l’humanité, «souvent dans ces vieilles Ardennes industrielles, les proches de ceux qui meurent ont le sentiment que les institutions crachent sur les tombes des pères ou des maris »

Un commentaire pour “« Charly, ils ne l’emporteront pas au paradis… » Par Christophe Dumont”

  1. Merci énormément pour cet article, contrairement à certaines personnes mon père se battait pour l’intérêt général et non pour son intérêt personnel. C’est ce qui lui valait et encore d’être très apprécié.

    Il n’était pas une personne qui se médiatisait, il y était bien souvent parce qu’il était disponible pour le faire, et également parce qu’il était sollicité.

    Être l’ardennais de l’année, supposerait-il tout simplement que les fautes des années précédentes soient effacées, comme avec une baguette magique, je ne le pense pas… c’est dommage de constater tout simplement que certain portrait lors de cette élection ne soit pas fait avec un minimum de recherches…

    Cordialement,

    REY Fabien,
    fils de REY Charles

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